Forgotten Realms : Demon Stone est un jeu vidéo PC publié par Atarien 2004 .

  • 2004
  • Beat them all

Test du jeu vidéo Forgotten Realms : Demon Stone

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Rannek, guerrier solitaire de son état, rôde à travers les terres sauvages de Damarie, en quête de veuves à sauver et de torts à redresser. Le destin lui sourit puisqu’il tombe un beau jour sur une grande bataille opposant deux clans orques et un dragon rouge facétieux qui semble trouver fort spirituel de réduire en cendres de petites parties des deux clans. N’écoutant que son courage, Rannek plonge dans la mêlée pour sauver quelques elfes séquestrés par les affreuses créatures. Parmi ces elfes se trouve Zhai, une voleuse demi-drow arrogante. Alors que Rannek et Zhai se frayent un chemin hors de la mêlée, un mage du nom d’Illius surgit par un portail et se jette dans la bataille. Finalement, les trois alliés de circonstance, poursuivis par le dragon rouge, se réfugient dans une caverne voisine. Après quelques péripéties, nos trois amis, croyant suivre un signe du destin, anéantissent une glyphe de protection qui retenait captives depuis un siècle deux créatures issues des plans extérieurs : Ygorl, commandeur suprême des Slaads et Cireka, seigneur d’une armée de Gythiankis. Les deux démons, avides de s’emparer du plan matériel primaire, reprennent leur duel séculaire là où il l’avaient interrompu et commencent à répandre le chaos et la désolation dans leur sillage. Rannek, Zhai et Illius n’ont plus qu’à partir à la recherche de ces deux redoutables adversaires, de l’Epine dorsale du monde jusqu’à la plus profonde des jungles de Chult, afin de les vaincre et d’empêcher que le monde ne tombe sous leur domination.

Après le Retour du Roi, c’est à un autre beat them all de grande envergure que nous convie Atari. Si le genre est aujourd’hui peu représenté sur PC, il faut dire que quand les éditeurs se décident à en sortir un, on n’est jamais déçu du voyage. La principale caractéristique de celui-ci est son univers, fidèlement inspiré de Donjons & Dragons, ainsi que son gameplay qui permet de contrôler trois personnages en même temps. Rannek constitue la force brute : le seul langage qu’il connaisse est celui du double moulinet d’épée longue à 360°, suivi d’un coup d’épaule pour faire perdre l’équilibre au malfaisant qui sera alors promptement empalé au sol comme un vulgaire papillon. Bien moins robuste, Zhaï compense sa faiblesse par une plus grande rapidité et par sa capacité à se fondre dans les ombres (indiquées dans le jeu par des points bleus lumineux). Une fois en mode furtif, Zhai peut agresser ses adversaires par l’arrière et les liquider d’un bon vieux coup en traître de derrière les fagots. Enfin, Illius est lent, faible et peu adroit au corps-à-corps, mais il dispose de pouvoirs magiques qui lui permettent d’attaquer à distance à volonté, ainsi que de la faculté de se protéger derrière une sphère de protection magique. Les deux autres personnages peuvent également utiliser des attaques à distance : dagues pour Zhai et hachettes pour Rannek (en nombre limité dans les deux cas) qui évolueront au fil des niveaux selon les pouvoirs qu’on décidera d’attribuer au mage avec les points d’XP (points d’expérience). Cette XP, gagnée en tuant des ennemis, permet de doter les personnages de nouveaux coups, techniques martiales et pouvoirs magiques. L’or, récolté sur certains ennemis abattus et dans des coffres ou des caisses, permet d’améliorer les armes et armures. Enfin, une fois son compteur de puissance rempli, chaque personnage peut déclencher une attaque spéciale qui élimine tous les adversaires situés dans leur périmètre immédiat. A condition que l’on prenne la peine d’attendre que les trois compteurs de puissance soient remplis, il est également possible de lancer une attaque combinée des trois héros qui fera encore davantage de dégâts.

Le principal point fort de Demon Stone est donc qu’on peut passer à volonté d’un personnage à l’autre. Les diverses situations qui se présenteront aux trois héros nécessiteront une bonne utilisation de leurs capacités. Un bataillon d’orques cuirassés déboule en rang serré ? C’est Rannek qui sera chargé de déblayer le chemin. Les yuan-ti qui gardent l’accès au temple risquent de déclencher l’alarme à la moindre vue d’un gros barbare en armure ? Zhai avancera dans les ombres et les liquidera un par un. Les archers planqués sur la falaise d’en face deviennent un peu énervants ? Les projectiles magiques d’Illius leur remettront les idées en place. Généralement, les deux personnages que vous ne dirigez pas ont suffisamment de jugeote pour gérer eux mêmes ce genre de contrariété mais on gagne du temps et on économise son énergie si on utilise le bon personnage au bon moment. Ce système de gameplay plutôt original facilite également grandement le jeu. Si le personnage que vous dirigez voit sa barre d’énergie tomber à un niveau très bas, il suffit de passer immédiatement à un autre personnage : le blessé se débrouillera alors tout seul pour ne pas mourir et se recharger en énergie.

Réalisation graphique :

Demon Stone propose une réalisation graphique de très haute volée : les sprites sont grands, détaillés, les décors offrent la même impression de grandeur et de territoires oubliés que l’oeuvre de Tolkien. Le monde de Féérune, jusqu’ici connu uniquement à travers les RPG, est ici représenté avec un véritable talent cinématographique. Comme dans le Retour du Roi, on pourrait néanmoins regretter que les adversaires soient si peu variés : les trois quarts d’entre eux restent en effet coincés entre l’orque brunâtre et le gobelin verdâtre. Ceci dit, on taillera quand même à grands moulinets d’épée dans un panel non négligeable du bestiaire AD&D puisqu’on croisera araignées géantes, trolls, yuan-ti, slaads et gythiankis au grand menu de la découpe féérunienne. Une fois occupé à massacrer ces humanoïdes à plein régime, on ne fait guère attention à cet aspect un peu répétitif et puis, les boss compensent largement cette légère monotonie. Ce n’est pas tous les jours que l’on pourra affronter un dragon rouge ou l’avatar du dieu Yuan-Ti.

Jouabilité / difficulté

Les coups et les possibilités sont nombreux, et le principe des trois héros à diriger apporte un plus indéniable au gameplay. Evidemment, comme bien souvent avec ce type de gameplay, on en arrive souvent à jouer à la brute et à tailler dans les légions d’ennemis sans trop se soucier de la précision. La grande facilité du jeu concourt également à ce qu’il ne soit pas obligatoire de faire preuve de finesse ou de précision pour progresser.

Son

Musiques absolument superbes, avec choeurs guerriers, chants mystiques, sections de cuivres et de cordes, et bruitages percutants. Parfait !

En bref : 17/20

Un très grand beat them all, tout aussi réussi techniquement que Le Retour du Roi, mais dont l’ambiance me paraît personnellement un poil supérieure. Le scénario, bien que classique, ne manque ni de panache, ni de rebondissements. A sa décharge, il faut dire qu’il a été élaboré par R.H. Salvatore, grand maître de la littérature inspirée de Donjons & Dragons. Pour les fondus de l’univers AD&D, le personnage fétiche de Salvatore, le fantastique Drizzt D’o Urden, fera d’ailleurs une apparition remarquée (il sera même possible de le contrôler brièvement !) de même que le puissant mage Khelben « Bâton noir » Arunsun. Le fait de jouer avec trois personnages en même temps apporte également un plus indéniable. Quel dommage que Demon Stone soit aussi simple : quelques niveaux de plus et une difficulté accrue et on aurait tenu là le beat them all ultime de ces dernières années.

Forgotten Realms : Demon Stone