Voici un des derniers jeux d’aventure de la grande époque du genre (1989-1995). Ici, point de FMV, point de cadrage cinématographiques, point d’acteurs connus pour le doublage ou de stars digitalisées. Non, rien qu’un jeu d’un classicisme absolu dans la droite continuité des fleurons de chez Lucasarts, avec des énigmes, de l’aventure et de l’humour.
Se déroulant à la fin des années 40, ce sympathique petit soft vous propose d’incarner Joe King, propriétaire d’un bimoteur amoureusement surnommé « l’Amazon Queen ». Notre homme loue ses services aux passagers qui peuvent se le permettre et les transporte à l’autre bout du monde si tel est leur souhait. Aujourd’hui est un grand jour pour King : il vient de décrocher un contrat avec Faye Russel, la plus célèbre actrice hollywoodienne du moment, afin de la transporter sur le tournage de son prochain film en pleine jungle amazonienne. Malheureusement, King est malencontreusement enfermé dans une chambre d’hôtel par un rival peu scrupuleux. Après quelques péripéties qui donnent le ton à cette aventure exotique et humoristique, King parvient à s’évader et embarque avec sa passagère à bord de l’Amazon Queen. Un malheur n’arrivant jamais seul, l’avion s’écrase au beau milieu de la jungle. Voilà King bloqué dans la cambrousse avec son avion en morceaux, un mécanicien plus préoccupé par ses comic-books que par la situation désespérée de l’équipe, une passagère capricieuse au possible et, pour ne rien arranger, un savant fou à fort accent germanique qui transforme les tribus locales d’Amazonie en une armée de sauriens prêts à conquérir le monde.
Obligé tout à la fois de ramener sa passagère à bon port, d’aider les tribus amazones à recouvrer leur liberté et d’empêcher qu’un psychopathe ne domine le monde, on ne reprendra pas Joe King de sitôt à convoyer les clones de Veronika Lake à l’autre bout de la planète !
Réalisation graphique
Flight of the Amazon Queen présente de sympathiques paysages exotiques et des personnages attachants, à défaut d’être particulièrement détaillés. L’ensemble est mignon, coloré et souvent amusant, et cela dote Flight of the Amazon Queen d’un fort capital sympathie. Si on considère les choses sous un angle plus pragmatique, le jeu ne fait pas tellement mieux que Monkey Island II ou Fate of Atlantis… sortis respectivement quatre et deux ans plus tôt. S’il semble curieux qu’un jeu de 1995 soit aussi désuet graphiquement, n’oublions pas que l’ambition avouée de Flight of the Amazon Queen était de retrouver la saveur des point & click classiques de Lucasarts. Renegade a donc poussé le vice jusqu’à nous proposer des graphismes tels qu’on en trouvait à l’époque, avec des personnages aux traits un peu indistincts (sauf en cas de scène non-jouable en gros plan), des plans visuels hyper-classiques et des animations très limitées. Une fois qu’on en a accepté le principe, Flight of the Amazon Queen s’avère tout à fait plaisant graphiquement.
Jouabilité / difficulté
Du point & click dans la tradition du genre, sauf que les verbes sont ici symbolisés par des icônes. Aucun problème de compréhension du truc d’ailleurs. L’aventure n’est pas bien difficile, les énigmes sont plutôt logiques dans l’ensemble et un habitué des gameplays de ce genre ne devrait pas tarder à boucler l’aventure.
Son
Les petite mélodies insipides finissent par prendre la tête mais correspondent plus ou moins à l’esprit du jeu. Les acteurs responsables des voix (en anglais, en tout cas) ont fait du boulot correct, mais les personnages ne s’expriment pas de la manière la plus expressive qui soit.
En bref : 14,5/20
Voici un bon petit jeu d’aventure, sans prétention aucune, mais qui possède toutes les qualités pour séduire les nostalgiques des hauts faits d’armes de Lucasarts. Le scénario est classique mais efficace, les énigmes sont dans l’ensemble plutôt logiques et la progression ne s’avère jamais frustrante ni fastidieuse. Si on ne se bidonne pas perpétuellement, les petites touches d’humour, le côté surréaliste ou caricatural de nombreuses situations et les nombreuses références et clins d’œil qui parsèment l’aventure sont suffisamment intéressants pour donner au joueur l’envie de s’accrocher jusqu’au terme de l’aventure. Voilà donc un soft qui a toutes les apparences d’une référence du jeu d’aventure… mais pas toute la saveur. Il manque peut-être à Amazon Queen un scénario réellement extraordinaire, ou la folie furieuse des jeux Lucasarts, pour qu’il parvienne à s’imposer comme un incontournable.