Far Cry est un jeu vidéo PC publié par Ubi Soften 2004 .

  • 2004
  • First Person Shooter (FPS)

Test du jeu vidéo Far Cry

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Il est des jeux dont on ne sait pas trop comment commencer leur test.

Je vais donc résumer la situation. Année 2004. Cela fait deux ans que Far Cry est annoncé. Ce FPS, qui n’a pas l’air très original dans la forme, était foutrement attendu car il serait le premier jeu de la nouvelle vague de FPS censée démontrer la puissance des nouvelles cartes 3D du marché et de leur DirectX 9. Les autres jeux de cette vague étaient, pour les plus connus, Doom 3 et Half Life 2.

Alone in paradise

Le scénario est basique mais prenant. Vous êtes un dur, un vrai, un tatoué. Mais vous étiez à la retraite dans les mers du sud, avec votre beau bateau, quand une jolie blonde vous demande de l’aide, ayant besoin d’une embarcation pour aller enquêter sur les agissements d’un savant fou sur une île. Pas spécialement corruptible mais sans doute assez frustré, notre type accepte. Mais hélas, dès que vous arrivez près de l’île, vous vous prenez une roquette (pas cools les pêcheurs du coin). Vous vous réveillez seul sur une île inconnue, a pu la copine. Par contre, y’a un cadavre, un flingue et un téléphone portable avec, au bout, un type qui vous donne quelques instructions.

Vous faites quelques pas dans cette grotte, vous testez les commandes quoi. Ça semble réagir au poil. Je n’ose pas tirer (s’il faut y’a un gros truc méchant pas loin) mais… de la lumière ! Là-bas ! Vite, je sors de la grotte et… OUCH !

Ce « OUCH », ce n’est pas un ennemi qui m’a mis une balle en plein visage, mais la claque retentissante que j’ai prise à l’époque en voyant ça sur mon PC.

Je n’ai guère de comparaison à faire avec les jeux récents (mon PC portable n’est à la base pas conçu pour le jeu, et les FPS sur PC les plus récents auxquels j’ai joués sont Half Life 2, Battlefield Vietnam et… ce Far Cry).

Enfin franchement, à une époque où, à mes yeux, Unreal 2003 était d’une beauté effarante, Far Cry a su mettre tout le monde d’accord.

Après seulement quelques pas dehors, on est convaincu que ce FPS est plus beau que toute la concurrence de l’époque. Les effets de lumière sont aveuglants, l’océan donnerait envie de vacances aux plus endurcis des no-life, les torrents donnent soif ! Les arbres sont extraordinairement réalistes, de même que les quelques habitations que je vois au loin. Il y a même de l’herbe, qui donne envie de courir dessus tout nu en hurlant son amour de la nature à tue-tête. L’île est tout en relief, je vois des montagnes, des cascades au loin. Du côté de l’océan, on aperçoit de petites îles au loin ; est-il possible de les visiter ?

De même, l’animation est rapide, fluide (si on a une bonne config). Pas du Quake III non plus, mais c’est véloce et nerveux.

La jouabilité est du même acabit. Il faut dire que ça se joue comme un FPS assez classique, pas de touches superflues. Donc on avance, on strafe, on tire, on explose tout ce qui bouge. C’est rapide, nerveux, très simple à manœuvrer.

Faussement non linéaire…

Far Cry semble immense. Et il l’est. On peut sauter dans l’eau et longer la côte pendant un sacré moment, visiter quelques îlots sympas et faire un sacré bout de chemin pour contourner nos ennemis.

En vérité, le jeu se veut assez linéaire, même si les développeurs ont fait beaucoup d’efforts pour le dissimuler. Essayez de faire tout le tour de l’île à la nage ou de trop vous éloigner de la côte, et vous serez vite remis dans le droit chemin par un hélico crachant généreusement de nombreux missiles. Essayez de couper à travers la jungle et vous serez bloqué par des obstacles artificiels ou naturels.

Les développeurs ont eu le tact de ne pas mettre un gros mur invisible (ou même visible), mais d’essayer de rendre la chose logique. Genre « la falaise empêche d’avancer » ou autre. Ce n’est pas toujours le cas, et parfois c’est notre pote au téléphone qui nous dit carrément de ne pas suivre cette direction pour cause de grand danger (et on fait demi-tour automatiquement).

On a donc une grande impression de liberté, assez faussée on s’en rend compte, quand on recommence le jeu. Plusieurs chemins sont plus ou moins possibles (possibilité de prendre plusieurs types de véhicules parmi jeep, camion, deltaplane voire hors-bord), et l’on peut jouer de différentes manières, mais au final on passera par les mêmes étapes de jeu, dans un ordre toujours défini, et ça ne modifiera en rien le déroulement de l’histoire.

Cela dit, pas de niveaux à proprement parler. Pas de gros boss, juste une progression finalement linéaire et progressive, parsemée de temps en temps de quelques temps de chargements (20 secondes toutes les demi-heures, pas la mer à boire).

J’ai énoncé juste au-dessus « jouer de différentes manières »… Car Far Cry, bien qu’il soit a priori assez bourrin, peut se la jouer infiltration.

Faussement subtil…

Plusieurs choses nous aident à vouloir nous la jouer subtil.

Déjà, on dispose d’un radar avec détecteur de son. Les ennemis ou trucs importants sont représentés dessus par des points, et les bruits sont des « vagues » concentriques partant du point d’émission.

Ensuite, on dispose d’une jauge de furtivité. En gros, si elle est vide, c’est que vous êtes silencieux et que personne ne vous voit. Si elle est pleine, vous avez intérêt à courir vite…

Tertio : le téléphone portable, via lequel votre pote vous assignera des objectifs qui, a priori, ne nécessitent pas forcément une tuerie sauvage pour être remplis (récupérer une valise ou un plan dans une cabane par exemple).

Mais dans les faits, c’est très rarement subtil. Dès qu’un ennemi vous repère, tous vous tombent dessus en général. Dans 98% du jeu, il est impossible de progresser sans tuer, voire sans nettoyer toute la zone.

Du coup, s’il faut bourriner, dispose-t-on d’un arsenal digne de ce nom ? Bah… oui. Grenades, lance-roquette, sniper, armes de poing, grosse mitraillette voire fusil d’assaut. Pour les psychopathes en herbe, couteau et machette sont disponibles également. Et bien sûr, les véhicules peuvent aussi faire office d’armes pour certains (la tête du soldat qui vient de laisser une trace rouge sur le pneu de votre jeep ne dira pas le contraire).

Note amusante, vous disposez d’une touche pour retenir votre respiration, vous permettant de gagner un niveau de zoom sur toutes vos armes.

On peut aussi se servir de la physique pour tuer. Un container est suspendu par une chaîne. Tirez sur la chaîne, le container finit par terre. Si vous attendez qu’un ennemi passe dessous, c’est encore plus marrant.

Je vais en profiter pour parler de l’IA des ennemis. Concernant les ennemis humains, c’est assez moyen. A l’extérieur, ils se débrouillent bien, prennent la peine de vous contourner, tendent des pièges, appellent du renfort… On notera tout de même qu’ils manquent un peu de mobilité quand on les surprend, et courent souvent en ligne droite (ils zigzaguent très peu). En intérieur, c’est plutôt raté. Ils ne tendent presque pas d’embuscades, se servent peu de grenades… En gros, ils viennent seuls ou en petits groupes de deux ou trois se jeter sous vos balles.

Concernant les monstres, c’est du grand art. Ces saloperies sont hyper agiles et sont des prédateurs redoutables. Ils prennent à revers, voire rampent parfois au plafond, s’arrêtent lorsque vous les avez entendus, réagissent très vivement au moindre mouvement offensif de votre part.

Faussement réaliste…

Mais heu… Des monstres qu’il a dit, lui ? Que, quoi, comment ?

Bah oui, les ennemis évoluent un peu avec le scénario.

Donc au début, des mercenaires et soldats sans attaches (entendez par là que je ne sais PAS à quel pays ils appartiennent). Ils offrent une bonne résistance, même si ils se ressemblent un peu. Et ensuite, le scénario part un peu en couilles sur fond de manipulation génétique à la con (relisez le début du scénario, vous verrez qu’au début, c’est un savant fou qu’on vient contrer), et on se retrouve face à des bestioles pas très catholiques.

On n’est pas dans Resistance sur PS3 ou bien dans un House of the Dead non plus. Mais on se retrouve face à des saloperies bien flippantes quand même. On trouve des espèces de singes, a priori d’un mètre cinquante, capables de marcher au plafond, de faire des bonds pas croyables, avec vision nocturne et des dents à faire pâlir d’envie Laeticia Casta.

Et ensuite, on trouve les mêmes, en plus grands, et armés… Là ça rigole plus ; enfin, vous n’en verrez pas avant la fin du jeu.

Les ennemis humains et monstrueux ne sont pas forcément alliés… au contraire. Les vilaines bêtes ne pensent qu’à bouffer, à l’instar de Jurassic Park, vous ou un autre. Les ennemis humains veulent vous tuer et survivre aux monstres, donc ils se défendront.

Mais une ambiance du tonnerre !

Le design du jeu y est pour beaucoup. Que ce soit au début, avec l’ambiance paradisiaque du jeu et vos ennemis baroudeurs tatoués en marcel, où l’on prend un pied monstre à shooter partout dans des décors de carte postale.

Ou plus tard, dans les bunkers ou la jungle sombre, où vous entendez des griffes racler les murs…

De manière générale, malgré la beauté du titre, l’ambiance tourne vite à l’oppression, voire à la parano. Dès qu’on pense en avoir fini avec les ennemis, on se prend une nouvelle salve venant de n’importe où. Même après avoir fini de nettoyer une zone, on longe les murs quand il y en a. Sinon, on avance à la vitesse d’une tortue unijambiste, se retournant dans tout les sens pour couvrir tous les angles possibles, et ne pas être surpris (ce qui rate souvent).

Classique mais efficace en solo, et en multi ?

Far Cry est long, très long en solo. Et ma foi, il reste prenant et intéressant.

On regrettera notre première impression de gigantisme et de non linéarité, le jeu se résumant le plus souvent à avancer et shooter tout ce qui vit. Donc malgré quelques bonnes idées (un peu, mais vraiment peu d’infiltration, les cartes gigantesques), ce FPS est au final très classique. Classique ne voulant pas dire mauvais, on pourra dire qu’il a su reprendre énormément des meilleurs aspects de ses plus grands prédécesseurs. Associez cela à sa réalisation monstrueuse, et on obtient un FPS grandiose.

Et franchement, à mes yeux, beaucoup plus beau qu’Half Life 2 et Doom 3. Peut-être pas objectivement (niveau technique, les 3 sont assez proches je pense), mais dans le design général, largement supérieur à ces deux concurrents.

Par contre, petit bémol pour le multijoueur, qui présente deux défauts majeurs.

Le premier, c’est son manque d’originalité. 3 pauvres modes de jeu disponibles : Free for All, Deathmatch en équipe, et le mode Assault, façon BattleField.

Le second défaut, c’est la taille des maps, gigantesque. Et donc pas vraiment adaptée aux deux premiers modes cités plus haut, car on passe plus de temps à se chercher qu’à s’affronter. Les deux premiers modes disposent de 6 maps en tout. Pas terrible.

Le mode Assault sort du lot. On trouve 6 autres maps, tout aussi gigantesques. Ce mode, inspiré de BattleField, consiste à conquérir la carte. Chaque équipe dispose d’une base, et plusieurs autres bases sont prenables par l’un ou l’autre camp. Le camp qui capturera toutes les bases gagnera, ou bien le camp qui aura le plus de bases au bout de 30 minutes. Des véhicules sont disponibles, mais ils ne servent qu’à se déplacer ou à écraser. Rien à voir avec BattleField.

Petite note : avant d’essayer le mode multijoueur de Far Cry, j’avais hâte de pouvoir sniper au milieu de la végétation et des multiples cachettes que devait offrir le jeu. Sauf qu’utiliser un fusil à lunette sous un soleil tropical revient le plus souvent à se faire repérer à 400 mètres.

En bref, un mode multijoueur qui n’est pas mauvais, loin de là. Mais qui manque un peu de nervosité en Free for All ou en Deathmatch, et de contenu en général. Disons qu’il y a des FPS qui sont bien meilleurs que Far Cry en multijoueur, qui ne garde pour lui que sa réalisation dantesque.

Un jeu très gourmand

A l’époque, le jeu nécessitait une configuration énorme pour pouvoir à la fois profiter de sa toute puissante beauté et être fluide.

5 ans ont passé, donc on se dit que ça doit plus trop poser de problèmes ? Bah pas forcément…

Les mecs ayant des PC performants, ayant l’habitude de suivre l’évolution des jeux, n’auront probablement pas trop de soucis.

Ceux ayant un PC, disons, normal, ou un portable non conçu pour le jeu, lequel ne sera donc qu’une utilité comme une autre parmi celles que vous en ferez, auront des surprises.

Sur mon Compaq vieux de 1 an, avec processeur 2 GHZ, 3 GO de mémoire vive, directX 9 et une carte vidéo intégrée 256 Mo, hors de question de jouer avec toutes les options à fond. Je me limite en 1024*768 et détails élevés (mais pas maximum), et le framerate baisse un peu quand je prends trop de coups dans la tronche.

A l’époque, un pote geek avec Pentium 4 cadencé à 3,2 GHZ, 2 GO de mémoire vive et une carte 3D de kikitoudur (Radeon 9800 pro je crois) associé à son écran 22 pouces était parvenu à le mettre en qualité quasi maximale.

Un très bon FPS : 18/20

Far Cry, en solo, est un titre exceptionnel. Pas très original, mais foutrement efficace, et surtout d’une beauté effarante. Prenant, jouable, d’une ambiance extraordinaire… il est grandiose. Le mode multijoueur est moins réussi, surtout comparé à des titres comme BattleField ou Call of Duty.

Far Cry