Développé par Symbiosis Interactive, édité par Telstar.
Bien loin de la grandiloquence d’un Peter Molyneux toujours prêt à débiter connerie sur connerie devant les médias amusés par son complexe de supériorité, ce Fable paru bien avant celui de Lionhead Studios a été développé par le petit studio Symbiosis Interactive (dont il semblerait que ce soit le seul jeu), et publié par Telstar, surtout connu pour ses packs « deux pour le prix d’un » sur Mega Drive.
TOUT VIENT À POINT À QUI SAIT ATTENDRE
Fable nous conte l’histoire du jeune Quickthorpe, chargé par l’ancien de son village de retrouver quatre pierres mystiques de grand pouvoir qui, seules, pourront sauver les siens. Bon, je vous avoue que je n’ai pas bien compris la nature de la menace qui pesait sur eux, mais on va faire comme si tout était parfaitement logique. En gros, il y avait les Mecubarz, des sortes de dieux bénéfiques, et puis des gars leur ont volé leurs pierres ; alors les dieux se sont mis en colère, ils ont cassé le monde en quatre et ils ont transformé les voleurs en demi-dieux et leur ont confié les pierres. Super logique, je vous disais. Toujours est-il que cette quête épique va conduire l’adolescent aventureux à travers les quatre régions de son monde.
TANT VA LA CRUCHE À L’EAU QU’UN BEAU JOUR, ELLE SE CASSE
Fable est un jeu d’aventure en deux dimensions, de type point ‘n click. Cela signifie que vous vous déplacez d’écran fixe en écran fixe, effectuant de nombreux retours en arrière et déplacements fastidieux mais nécessaires, et progressez dans votre quête en résolvant nombre d’énigmes qui consistent principalement à utiliser le bon objet au bon endroit et au bon moment.
Mais cela signifie surtout que vous ne jouez qu’à la souris, uniquement à la souris et rien qu’à la souris, parce qu’un point ‘n click, bordel, ça se joue pas au clavier ou à la manette. De fait, l’interface de Fable est des plus intuitives, et peut rappeler par exemple celle des deux premiers Discworld. Ainsi, les actions se définissent au moyen du clic droit puis s’exécutent au moyen du clic gauche. Vous réaliserez ainsi les principales actions du jeu, telles que marcher, observer, parler, utiliser et prendre un objet. Lorsque vous parlez à quelqu’un, sa tête apparaît dans un cadre spécifique. Il en va de même lorsque vous observez un élément du décor, et vous pouvez fouiller dans ce cadre pour trouver parfois des objets intéressants.
L’inventaire s’appelle en utilisant l’icône d’observation sur Quickthorpe (bon, à vrai dire vous pouvez aussi utiliser la barre d’espace, mais un point ‘n click ça se joue à la souris, bordel). La fenêtre est réglable en taille (en utilisant les poignées de redimensionnement) et déplaçable sur l’écran (par drag ‘n drop). Lorsque vous prenez un objet dans votre inventaire, vous avez la possibilité de l’utiliser en combinaison avec un élément du décor, ou de le donner à quelqu’un.
Attention : Fable fait partie de ces point ‘n click, façon Sierra, où il est tout à fait possible et régulier de mourir dans d’atroces souffrances parce que l’on n’a pas utilisé le bon objet au bon endroit ou parce que l’on n’a pas réagi de la bonne manière devant le bon personnage. Pensez donc régulièrement à appeler la fenêtre d’options, en utilisant l’icône de manipulation sur Quickthorpe (ou en appuyant sur Entrée, mais vous savez ce qu’on dit sur ceux qui pratiquent le point ‘n click autrement qu’à la souris…), afin de sauvegarder votre progression.
Progression qui se fera - applaudissez l’enchaînement fluide - au moyen d’une carte, sur laquelle il vous suffira de pointer l’endroit où vous voulez aller pour vous y rendre. À vrai dire, ce sera même sur plusieurs cartes, puisqu’il existe plusieurs mondes : la montagne, le marais, les fonds marins et le royaume des ténèbres.
LA RAISON DU PLUS FORT EST TOUJOURS LA MEILLEURE
Regardez-moi ça ! Non mais sans déconner, admirez-moi ces superbes écrans fixes, ces couleurs chamarrées, ce sens du détail et ce design digne d’un dessin animé ! Fable est beau, et c’est sa principale force. Les graphistes n’ont pas lésiné, et chaque écran est plus chaud et plus riche en détails que le précédent. Et même lorsque l’ambiance est censée être à l’« horreur » (sur la plate-forme des araignées ou dans la forteresse du mal par exemple), l’œil est immédiatement attiré par cette débauche de talent.
En contrepartie, Fable est mou. Mais genre, super mou, quoi. Rien ne bouge en dehors du héros et d’un ou deux PNJ par-ci par-là, et si ce n’est pas forcément surprenant en matière de point ‘n click, cela rend une curieuse impression de tristesse. Impression confirmée par une bande-son à la fois champêtre et nostalgique, qui file le blues.
En outre, il faut bien le dire, Fable n’est pas spécialement original non plus. Ni par son système de jeu bien proche de celui des Discworld, ni par ses énigmes d’une logique à toute épreuve. Enfin, bien plus logique que dans une production LucasArts, mettons. Bon OK, mauvais exemple…
Alors, disons que Fable est scolaire. Une réalisation de bon aloi, une aventure très académique, et finalement rien qui permette au jeu de se démarquer de la masse de ses concurrents. Ajoutons à cela un développeur inconnu, un éditeur peu ambitieux et une sortie tardive, à l’heure où le genre commence à passer de mode, et vous comprendrez sans trop de problèmes pourquoi Fable n’a pas connu un énorme succès. Réhabilitons-le ! Il n’y a rien qui vous en rendra accro, mais il n’y a rien non plus qui vous en dégoûtera.