Dragon Age II est un jeu vidéo PC publié par Electronic Artsen 2011 .

  • 2011
  • Role Playing Game (RPG)

Test du jeu vidéo Dragon Age II

2/5 — Presque bien par

Je ne vais pas vous le cacher, je suis un grand fan de Dragon Age : Origins ; c’est donc avec une légère peur que j’ai installé Dragon Age II sur mon PC.

Les développeurs parlaient de ‘jouabilité simplifiée’ et d’un titre ‘plus orienté action’ pour le deuxième opus. Mais Dragon Age premier du nom possédait déjà un gameplay ultra simple et donnait une part très importante aux combats.

Mais bon, il faut savoir faire preuve de confiance dans la vie. C’est quand même Bioware qui a créé ce jeu. Même s’il y a des défauts, c’est impossible qu’ils aient développé une bouse infâme, non ?

Il était une fois

L’histoire est présentée sous forme d’un flash-back raconté par Varric, un nain ayant été le compagnon du héros (ou de l’héroïne suivant votre préférence) nommé Hawke qui, parti de rien, est devenu le champion de la cité de Kirkwall, avant de devenir le présumé responsable d’un terrible événement (dont vous découvrirez la teneur plus tard). L’interlocutrice de Varric, Cassandra, une religieuse, souhaite écouter le récit afin de démêler le vrai du faux et, peut-être, retrouver la trace de Hawke.

Le début est prometteur ; une fois choisis le sexe et la classe du héros (guerrier, mage ou voleur), vous êtes jeté dans le bain directement : des hordes d’engeances vous agressent vous et votre frère (si vous êtes mage) ou votre sœur (si vous avez plutôt opté pour guerrier ou voleur). Votre héros est bardé de compétences et cette scène fait office de tutoriel. Vous ne pouvez pas mourir, tandis que vos ennemis trépassent au moindre petit coup reçu. Bientôt, un ogre monstrueux arrive et se fait humilier comme les autres, puis c’est le tour d’un dragon qui se… rien du tout en fait. Le jeu s’interrompt et Cassandra demande à Varric une version s’en tenant aux faits réels.

L’effet de coupure est excellent et fait un peu penser au film « L’as des as » avec Belmondo, lorsque la réalité et le récit se mélangent. Hélas, cet effet est sous-exploité et ne reviendra qu’à un seul autre moment dans le jeu… et beaucoup trop tard pour que vous y preniez du plaisir.

Bref, le récit recommence : Hawke, son frère Carver, sa sœur Bethany ainsi que leur mère fuient la cité de Lothering peu après le début du quatrième enclin. Si cette phrase n’a pour vous aucun sens, je vous invite à lire le test de Dragon Age : Origins ou, encore mieux, à y jouer.

La fuite ne se fait pas sans soucis. Les engeances entourent la cité et le seul moyen de fuir est de combattre et de combattre et de combattre encore… Et c’est là que l’on touche le premier gros problème de Dragon Age II. Lors du premier combat, on est attaqué par une petite dizaine d’ennemis. Lorsqu’il n’en reste plus que deux ou trois, une nouvelle série d’ennemis surgit de nulle part et prend part au combat. C’est aussi le cas pour le deuxième combat, puis le troisième… Après une heure de jeu (et une bonne vingtaine de combats) on comprend enfin que cette grosse ficelle éculée va être utilisée à CHAQUE combat. Bilan : l’aspect tactique si important et si bien fait du premier opus, ici vous pouvez en faire un petit rouleau et l’enfoncer dans un endroit de votre anatomie non prévu à cet effet. Impossible de gérer vos efforts et vos capacités en fonction des ennemis puisque même s’il n’en reste plus que cinq à l’écran, il y en a peut-être cinquante qui attendent pour apparaître sans aucune putain de raison.

J’ai tenu… j’ai voulu aimer ce jeu et ses combats de merde… j’ai résisté afin de ne pas me crever les yeux ou m’ouvrir les veines à chaque nouveau combat… mais aux trois-quarts du jeu, j’ai craqué ; j’ai mis le jeu en mode ‘joueur occasionnel’. Non pas que la difficulté du mode normal soit insurmontable, mais parce que les combats sont longs, chiants et représentent 90% de ce putain de jeu. Au moins, au niveau de difficulté le plus bas, les combats restent chiants mais ils sont plus rapides. Et en plus, en terme de défi à relever, on ne perd rien. Il n’y a PAS de défi à relever dans ces combats !

Déjà vu

Bon, on va arrêter de parler des combats, sinon je vais devenir vulgaire… Non, non, je ne peux pas passer cela, je suis obligé d’en parler… On peut aussi augmenter la difficulté du jeu pour rendre les combats plus… tactiques… Pitié ! cela vous force à faire du micro-management : au lieu de laisser les autres membres de votre équipe agir comme ils veulent, vous devez vérifier ce qu’ils font et, accessoirement, leur donner de meilleurs ordres.

Vous avez déjà pleuré devant un jeu en hurlant ‘POURQUOI ? MAIS POURQUOI TU ME FAIS ÇA ? ARRÊTE DE ME TORTURER, ACHÈVE-MOI, MAIS ACHÈVE-MOI, PUTAIN !’ ? Avant de jouer à Dragon Age II, cela ne m’était jamais arrivé. Impossible de donner des ordres ; une fois sur deux, après que vous ayez assigné une action à un personnage, la SA (Stupidité Artificielle) modifie votre ordre. Bien sûr, il est possible de désactiver totalement la SA… et dans ce cas, votre ordre sera tout de même annulé, et le personnage se mettra à courir en rond…

Mais bon, pour le moment nous ne sommes qu’au début du jeu, on ne sait pas encore que tous les combats seront comme cela.

Bref, au bout d’un moment, on parvient enfin à fuir Lothering et à arriver à Kirkwall… Ce qui donne l’occasion de nouveaux combats pour pouvoir rentrer à l’intérieur de la ville.

Il vous faudra gagner votre vie, et pour cela accomplir des quêtes. La plupart se dérouleront dans la ville même, d’autres vous mèneront à l’extérieur. Comme de bien entendu, au cours de vos pérégrinations, vous rencontrerez de nouveaux alliés (dont le fameux Varric qui raconte vos exploits).

Et là, le second gros problème de Dragon Age II saute aux yeux.

Lors d’une mission, vous devez entrer dans une grotte pour sauver quelqu’un ou récupérer un objet quelconque… puis un peu plus tard, vous devez rentrer dans une autre grotte située loin de la première pour une quête totalement différente… et là, surprise : c’est la même grotte, au rocher près ! Après quelques quêtes, il faut vous rendre à l’évidence : TOUTES les grottes sont identiques, TOUTES les ruines naines sont identiques. Dans les deux cas, seuls l’entrée et l’endroit où l’on doit se rendre pour accomplir la quête changent ! TOUTES les maisons de Kirkwall sont construites sur le même modèle !

Donc, sous réserve qu’il vous reste de la place, vous pouvez mettre le sentiment d’immersion à côté de l’aspect tactique.

Au moment où vous vous apercevrez que les décors ne sont que de vulgaires copier/coller, les combats auront déjà drainé vos larmes et votre joie de jouer. Il ne vous restera que l’incrédulité.

Des combats totalement ratés, des décors recyclés au-delà de ce qui est tolérable… Bref, je ne vous cache pas que l’on a affaire à un bon gros jeu de merde. Et encore, je n’ai gratté que le début. Vous en voulez plus, des choses horribles sur ce jeu ? Non, hein… Bah, tant pis, il y en a encore !

Les équipements sont en quantités réduites. Bon, c’était déjà le cas du premier opus… mais là, le summum sera atteint lorsque vous vous rendrez compte que les deux tiers des armures que vous récupérerez ne vous serviront à rien ! En effet, à part votre héros, chaque personnage dispose de son armure personnelle et refuse d’en changer, même pour la méga-armure-of-the-dead-de-la-mort-qui-roxxe-grave… et que bien sûr vous ne pouvez pas revêtir, parce que votre héros n’a pas la bonne classe.

Le système de jeu du premier était simple, mais évitait de justesse le ‘simpliste’… c’est fini ici. La complexité du système de jeu ultra simple a été revue à la baisse. Bref, les talents ont disparu, la fatigue a disparu… Bioware a brûlé le sol de son système, puis a bien salé la terre pour que rien ne repousse.

C’est horrible… mais Dragon Age II, par moments, ne mérite même plus l’appellation de jeu de rôle médiocre. Plus on joue, plus on a l’impression d’avoir affaire à un très très mauvais hack & slash.

Il ne reste que les regrets

Pourtant, tout n’est pas à jeter dans Dragon Age II. Les interactions avec vos alliés sont bien faites. Lorsqu’ils ne vous accompagnent pas, ils vivent leur vie en parallèle, ce qui est assez cool…

L’histoire est moins épique que dans le premier volet, mais ce n’est pas un défaut car elle contient quand même de bonnes idées… au début du moins. Vers la fin du jeu, le rythme des combats s’intensifie (!), et alors que les choses commencent à bien bouger au niveau de l’histoire, le jeu se termine et l’on s’aperçoit que tous les choix effectués depuis le début du jeu n’ont servi à RIEN ! Moralité, si un quelconque joueur entretenait l’envie masochiste de recommencer le jeu pour voir ce que d’autres choix changeraient à la fin du jeu, il peut s’épargner cet effort.

Le plus triste est que si une société débutante avait développé ce jeu, on aurait pu mettre les problèmes rencontrés sur le compte d’erreurs de jeunesse et d’un manque d’expérience. Mais non, c’est quand même Bioware qui a fait cela, bordel ! Il n’y a qu’un seul mot pour qualifier ce jeu : HONTEUX !

Epic Fail

Graphismes : Les mêmes que ceux du premier opus. Là aussi, faudrait penser à se renouveler.

Son : Les doubleurs français semblent bien s’emmerder aussi. En VO, ils sont corrects, comme la musique et les bruitages.

Animation : Correcte, même dans les combats où il y a beaucoup (trop) d’ennemis.

_Difficulté _: Pitoyable ; il manque juste le mode ‘gros blaireau’ où chaque coup tue automatiquement un ennemi… et vu comme les combats sont chiants, je l’aurais choisi avec plaisir.

Richesse : Je me demande quel est le public visé par ce jeu. Ce ne sont pas les rôlistes ou les hardcore gamers, le jeu est trop simple. Ce ne sont pas les casual gamers ou les blondes, le jeu est aussi trop simple. Ce ne sont pas les enfants en bas âge, le jeu est trop sanglant. Ça me peine de dire cela mais je pense que le public visé, ce sont les gros cons… et un coup d’œil au prix du jeu me confirme cela.

Scénario : Tant de bonnes idées gâchées au début… une fin pitoyable avec un cliffhanger à deux balles, histoire d’inciter le gogo à acheter le prochain opus… c’est triste.

Ergonomie : Bah oui, quand il n’y a rien à faire, c’est facile de le faire de manière ergonomique…

Longévité : Je suis fan de Dragon Age : Origins, alors je me suis accroché jusqu’au bout, espérant contre toute attente trouver quelque chose de bien dans ce jeu. Mais je n’y rejouerai probablement jamais, et je comprends sans problème ceux qui laisseront tomber avant la fin.

En bref : On a un jeu commercial. Mal développé, mal pensé, il ne sert que de bouche-trou entre le premier opus et le troisième. Bioware, sous les ordres d’Electronic Arts, nous livre une merde indigne d’eux et sacrifie une licence prometteuse pour quelques dollars. Habituellement, les mauvais jeux me laissent indifférent, mais là je suis simplement écœuré.

Je devrais mettre 6/10. On a un jeu pas franchement injouable mais fade, terne, sans saveur, où l’on avance sans s’investir.

Mais comme d’habitude, je retire un point pour remercier Electronic Arts de sa politique concernant les DLC, même si elle est compréhensible. Quitte à arnaquer les joueurs, autant y aller à fond.

Cela devrait faire 5/10, mais je retire encore un point pour récompenser Bioware de leurs efforts dans le développement de ce jeu. Les lacunes, qui seraient non pas acceptables, mais compréhensibles, si le jeu avait été réalisé par un studio débutant, sont inadmissibles de la part d’une société aussi expérimentée dans le domaine du jeu de rôle.

Dragon Age II