Double Dragon 3 : The Rosetta Stone est un jeu vidéo PC publié par Tradewesten 1992 .

  • 1992
  • Beat them all

Test du jeu vidéo Double Dragon 3 : The Rosetta Stone

2/5 — Presque bien par

Troisième épisode de la saga à voir le jour en arcade, Double Dragon III fait également son apparition sur tous les supports de l’époque (ce fut le cas pour tous les jeux de la franchise, Technos préférant ratisser large), avec de nombreux sous-titres : si l’original se nomme « The Rosetta Stone », les versions NES et ZX Spectrum s’appellent « The Sacred Stones », tandis que les itérations Game Boy et Mega Drive, plus tardives, utilisent un très passe-partout « The Arcade Game ». C’est The Sales Curve, future Eidos (et désormais Square-Enix Europe), qui développe ce portage pour le compte de la défunte Tradewest. Waouh ! Le nombre d’infos qu’il y a dans cette intro, c’est fou ! Maintenant, place au grand n’importe quoi.

DELIRIUM TRÈS MINCE

Au départ, Double Dragon c’était quand même une licence plus ou moins réaliste. Ça se passait dans la rue, on bastonnait de la racaille, bref, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. À partir du deuxième épisode déjà, ça se complique : le surnaturel fait son apparition, avec le maître démoniaque des Shadow Warriors et la résurrection miraculeuse de Marian. Ici c’est carrément la fête du slip.

Billy et Jimmy reviennent chez eux après la branlée qu’ils ont mise aux méchants de service, et les deux frangins croisent la route d’une diseuse de bonne aventure. Cette dernière leur révèle coup sur coup qu’un terrible péril menace le monde, que la plaie se trouve en Égypte et que pour la vaincre, il faudra retrouver trois pierres mystiques éparpillées sur tous les continents. À partir de là débute une espèce de périple autour du monde où l’on se rend compte que, bizarrement, les punks et les prostituées sont les mêmes où que l’on se trouve.

FAUT DE TOUT POUR FAIRE UN MONDE

À première vue, Double Dragon 3 : The Rosetta Stone semble dans la droite lignée de ses prédécesseurs. Il s’agit comme toujours d’un beat them all en deux dimensions qui simule un effet de profondeur en présentant le sol de trois quarts : vous pouvez ainsi vous déplacer vers le fond de l’écran comme vers l’avant, et il faut être « aligné » avec l’adversaire pour lui latter les gencives.

Pour la première fois (et la dernière, de mémoire) dans la série, vous allez voir du pays. Vous commencez une nouvelle fois votre parcours dans les rues crasseuses des États-Unis, envahies de junkies et de loubards en tous genres, mais vous ne tarderez pas à faire vos premiers pas en Chine, au Japon, en Italie et en Égypte. Parce qu’il n’y a rien qui marche mieux auprès des joueurs bas-du-front que les clichés, la Chine est le repaire des meilleurs combattants d’arts martiaux, tandis qu’au Japon, dont vous ne découvrez bien entendu qu’un dojo, ne vivent que des samouraïs. C’est tout juste s’ils ne nous colleraient pas des gladiateurs en Italie… Ah mais attendez, mais si ! Les mecs qui se baladent en pagne à travers les ruines du Colisée, c’est bien ça ! Par contre, de manière assez étrange, l’Égypte commence par une vaste balade en forêt, pas le type d’environnement le plus connu du bled. Heureusement, le bon goût reprend vite ses droits, et nous finissons notre parcours au cœur d’une pyramide, à affronter le juste quota de momies et de déesses en furie.

Ça vous fait un choc ? Alors imaginez ce que vous allez ressentir lorsque je vous aurai parlé du gameplay ! Oubliez tout ce que vous connaissez du deuxième épisode, Double Dragon 3 effectue une sorte de retour aux sources vers le premier volet. Ici donc, vous disposez d’une touche pour les coups de pied et d’une seconde pour les coups de poing. Exit également les attaques évoluées, désormais c’est coups de boule à tous les étages, et coups de genou pour l’étage du bas.

Et les objets ma petite dame ?! Les objets, ça se trouve en magasin ! À chaque niveau, vous pourrez pénétrer dans une échoppe et y acheter de l’armement (au hasard les bonnes vieilles battes cloutées), des recharges d’énergie ou des vies supplémentaires. Ces dernières sont assez originales, puisqu’en fait il s’agit d’autres personnages, jouables uniquement par ce biais (comprenez : que l’on ne peut pas sélectionner en début de partie).

PIERRE QUI MOUSSE AMASSE POUSSE-POUSSE

Je veux bien être conciliant envers le scénario abracadabrantesque. Après tout c’est comme dans les nanars hollywoodiens, on ne demande pas la lune en matière d’histoire s’il y a de la bonne baston. Allez, je veux même passer sur le ridicule des situations, sur la manière irréaliste dont sont présentés les divers pays et leurs autochtones, parce que pour un jeu de cette époque (une époque qui, rappelons-le, nous enseignait que les plombiers servaient surtout à latter les champignons et que les hérissons atteignaient mach-2 sans se brûler les baskets), ce n’est pas le pire.

Difficile par contre d’être aussi tolérant envers des graphismes franchement falots, qui se veulent plus crédibles (pas de grosses têtes avec des petits corps ici) que dans les précédents épisodes, à l’image de ce qui se fait dans les Final Fight et Bare Knuckle. De fait, non seulement la série de Technos y perd de son aura (mais il faut dire que cet épisode a été développé par une boîte externe, East Technology), mais en plus de cela ce nouveau traitement n’est pas des plus agréables à l’œil. En arcade au moins, c’était un minimum coloré et chatoyant, ici c’est d’un terne à pleurer. Et que dire des animations hachées, de la bande sonore crachouillante ?

Double Dragon 3 : The Rosetta Stone, sous DOS en tous cas, n’est pas beau. Mais surtout, il n’est pas agréable à jouer, tout autant à cause de son nouveau système de combat pour le moins primitif que de par la quasi-obligation d’acheter tout ce dont on a besoin en magasin. La difficulté est en outre particulièrement élevée (du fait sans doute de la rigidité des héros), ce qui compense une durée de vie finalement bien maigrichonne, avec seulement cinq petits niveaux contre huit dans le précédent opus.

Double Dragon 3 : The Rosetta Stone n’est pas le pire épisode de la série, parce qu’heureusement pour lui, Tradewest commettra l’irréparable avec Double Dragon V. Mais cet épisode est le vilain petit canard de la trilogie originelle, et je vous conseille donc de vous rabattre plus volontiers sur les deux premières itérations, bien meilleures sur tous les points.

Double Dragon 3 : The Rosetta Stone