Discworld 2 : Mortellement Vôtre est un jeu vidéo PC publié par Psygnosisen 1996 .

  • 1996
  • Aventure

Test du jeu vidéo Discworld 2 : Mortellement Vôtre

2.5/5 — Moyen par

Terry Pratchett est le plus grand humoriste anglais depuis P.G. Wodehouse. Du moins selon son éditeur. Ceci dit, ne connaissant pas ledit Wodehouse, je ne saurais me prononcer. Quoi qu’il en soit, le génial auteur des Annales du Disque-Monde (entre autres) est de fait un écrivain de fantasy de grand talent, doublé d’un comique hors norme. Bonne nouvelle à l’époque, Psygnosis avait décidé d’en tirer quelques jeux.

LA MORT SUPERSTAR

A la différence du premier opus qui reprenait surtout l’intrigue de « Au Guet ! » tout en y adjoignant quelques références à d’autres romans, ce deuxième épisode est plus un patchwork et fait appel aux romans « Mortimer », « Le Faucheur » et « Les Zinzins d’Olive-Oued » entre autres.

Pour rappel, le Disque-Monde est une planète ronde et plate juchée sur le dos de quatre éléphants, eux-mêmes en équilibre sur la carapace de la Grande Tortue A’Tuin, un gigantesque chélonien qui parcourt l’univers sans que personne ne sache pourquoi.

Dans cet univers un rien étrange, où les chances sur un million se réalisent à tous les coups, on trouve des endroits et des personnages de toutes sortes. Parmi eux, citons Rincevent, mage raté et trouillard fini tout le temps accompagné d’un coffre à pattes au regard renfrogné (quoi, comment ça les coffres n’ont pas de regard ? Allez lui dire, vous.), ou encore la Mort, qui est un mâle.

Un mâle nécessaire qui plus est. Drôlement nécessaire même, puisque lorsqu’il se met en tête d’arrêter son job pour faire du cinéma, les morts-vivants se mettent à affluer et la panique gagne peu à peu la « séduisante » cité d’Ankh-Morpock, pourtant habituée à bien pire.

LA MORT VOUS VA SI BIEN

Comme son aîné, Discworld 2 est un jeu d’aventure du genre point ‘n click. Il se compose de quatre actes qui sont autant de missions d’une importance capitale : faire les courses pour pouvoir invoquer la Mort, faire de ce dernier une superstar, passer pour un remplaçant honorable auprès de son valet Albert… Seul le dernier chapitre ne vous demandera pas de rapporter X objets à telle personne, comme c’était déjà le cas dans le précédent opus.

Discworld 2 se joue sur la totalité de l’écran, il n’y a pas de menu d’actions comme on pouvait en trouver dans la plupart des jeux des Big Two (LucasArts et Sierra) ou même de pas mal d’autres éditeurs.

Ainsi, tout se joue au moyen des boutons de la souris : un clic gauche permet de se déplacer vers un endroit du décor, un clic droit permet de l’observer et un double-clic d’interagir avec lui. Vous pouvez aussi appuyer sur les deux boutons en même temps si d’aventure vous souhaitiez zapper les longs discours et/ou les cinématiques du jeu.

Oui mais alors, pas de bandeau, ça veut dire pas d’inventaire ? Bah si, bien sûr, comment voulez-vous faire sinon ? L’inventaire apparaît lorsque vous cliquez sur Rincevent ou sur son coffre. Si la place dans ce dernier est illimitée, notre anti-héros ne peut pour sa part trimballer que deux objets à la fois (c’est encore moins que précédemment, mais la bourse peut cette fois-ci aller dans le coffre).

Comme vous pouvez vous en douter, certaines situations vous sépareront de votre coffre, aussi faudra-t-il choisir quels objets placer sur Rincevent avant de rencontrer lesdites situations.

De fait, la gestion de l’inventaire est un poil tordue pour qui est habitué aux jeux à bandeaux. Il ne suffit pas de double-cliquer sur un objet pour qu’il vienne se ranger sagement avec ses copains, il faudra double-cliquer pour le prendre, cliquer sur Rincevent ou le coffre pour ouvrir l’inventaire puis cliquer sur une place vide pour le ranger. Pour combiner deux objets, il suffit d’en prendre un et de double-cliquer sur l’autre. Notez que la liste d’objets du coffre est une fenêtre redimensionnable grâce à des poignées, ce qui n’est pas le cas de celle de Rincevent.

Les différents lieux que vous pourrez explorer sont reliés entre eux par diverses cartes : celle de l’Université de l’Invisible, celle d’Ankh-Morpock, une plus globale représentant toute une région du Disque-Monde et enfin, celle du domaine de la Mort. Il suffit de cliquer sur un lieu pour s’y rendre.

DÈS QUE RINCEVENT TOURNERA, JE REPARTIRA

Terry Pratchett est un conteur de talent. Il lui suffit d’une dizaine de pages dans « La Huitième Couleur », le premier des romans, pour nous expliquer tout ce que nous avons besoin de savoir du Disque-Monde, sans nous faire chier pendant des plombes avec des descriptions vomitives comme ce pouvait être le cas de Tolkien (la scène du banquet en ouverture de la Communauté de l’Anneau m’avait filé des boutons). Si bien qu’au fil des romans le lecteur a pu se faire une idée assez précise de ce à quoi devaient ressembler les personnages et lieux, idée d’ailleurs assez bien respectée par le premier jeu. Son graphisme séduisant et son humour hors norme avaient fait mouche auprès des fans.

Tout ça pour dire que cet épisode en prend le contre-pied total. Le ou les dessinateurs du premier opus ont dû être virés entre deux, et toute l’identité graphique que l’on avait pu se forger est partie en fumée. Comprenons-nous bien : je ne dis pas que Discworld 2 est moche, et celui qui s’initie à l’œuvre de Pratchett avec ce jeu ne sera pas déçu, mais le changement est tellement drastique qu’une première déception s’est installée dans mon esprit. On se croirait devant un mauvais dessin animé des années 90, et si ce style peut plaire à certains, il ne conviendra pas à tous.

Qui plus est, cette aventure est bien moins amusante que la précédente. Les animations sont moins humoristiques, les dialogues joués manquent de pep’s, et même si l’on est tous plus ou moins fans de Kermitt et d’Asterix, il faut bien dire que la voix de Roger Carel devient franchement énervante au bout d’une heure d’écoute.

Surtout quand elle répète les mêmes choses encore et encore. Alors certes, on n’entend plus le désormais célèbre « I can’t do that » qui en a poussé plus d’un au suicide, mais les énigmes restent tordues et la voix de Rincevent nous disant que ce n’est pas ce qu’il faut faire est toujours bien irritante.

Néanmoins, cette itération est légèrement moins compliquée que la précédente. Elle est aussi nettement plus courte, j’ai eu l’impression. Mais le pire, c’est surtout qu’elle ne ressemble à rien. Comme je l’ai évoqué plus haut, le premier jeu s’appuyait grandement sur un seul et unique roman en conservant sa cohérence tout au long de la partie. Alors qu’ici, ce côté patchwork mal recousu ne donne même pas envie de s’y investir.

Et puis bon, c’est pas non plus comme si les Discworld étaient agréables à jouer, hein. Avec cette gestion de l’inventaire lourdingue, Discworld 2 est déjà assez rébarbatif. Mais qui plus est, il faut une nouvelle fois être très précis dans ses déplacements et actions. Un clic sur le pixel d’à côté et on a droit à une longue diatribe sur le fait qu’on est un manche et que ce n’est pas du tout ce qu’il faut faire, et blablabla… On s’énerve assez vite, d’autant que Rincevent n’est pas spécialement réactif.

Si bien que des trois épisodes, Discworld 2 est sans aucun doute le moins intéressant. Et le plus décevant, car ça aurait été un vrai plaisir de retrouver Rincevent dans une aventure aussi réussie que la précédente, quand bien même le gameplay n’est pas des plus précis.

Discworld 2 : Mortellement Vôtre