Vingt ans plus tard, c’est toujours la mouise
Hé oui, bienvenue dans Deus Ex : Invisible War (aussi appelé Deus Ex 2) qui se situe 20 ans après son grand frère et nous replonge dans le monde des nano-technologies et tout le tintouin…
Nano-tech war
Vous incarnez Alex D. un agent en formation au sein de l’académie Tarsus qui entraîne les éléments prometteurs des sociétés tout autour du globe. Vous êtes à l’antenne de Chicago alors qu’on vous évacue et 5 minutes plus tard, la ville est complètement détruite par une nano-bombe activée par un mouvement extrémiste ultra-radical… Acheminé vers la branche de Seattle, vous vous posez de plus en plus de questions et c’est là que le complexe est attaqué…
Le décor est planté et vous colle pas mal de questions d’entrée de jeu. Vous devrez dans ce monde trouble trouver vos repères et vous faire votre opinion sur les différents groupes d’influences qui régissent DEIW : l’Organisation Mondiale du Commerce, l’Ordre, les Omars etc… Mais attention: tout comme dans le premier épisode, pas de manichéisme, personne n’est tout blanc ou tout noir. Pour ceux qui ont joué à Deus Ex, sachez que dans DEIW on considère que la fin du premier jeu a été un mélange des 3 fins (assez décevant ce melting pot je dois dire…).
Downgrade me
Hé oui, ce mot existe bien et signifie « rétrograder » notamment. Et ça correspond malheureusement à DEIW tant les éléments qui ont fait le succès du premier Deus Ex ont été revus à la baisse… Passons tout ça en revue.
Out la gestion d’inventaire avec les différents objets qui prenaient plus ou moins de place. Dans DEIW, un simple flingue nous encombre autant qu’un lance-roquette… Tout se joue en fonction de slots et un objet, quel qu’il soit, en occupe un…
Dans la même logique, finie la gestion des munitions pour les armes, place aux munitions mimétiques qui fonctionnent pour toutes les armes, seule nuance, chacune les utilise à un rythme différent. Seulement, les armes se révèlent très peu efficaces et en fin de compte, on finit le jeu en n’utilisant que le petit pistolet de base (sauf à quelques occasions notamment pour certains ennemis…). On doit remercier le développement du jeu sur Xbox pour ce point car les joueurs du premier opus sur consoles avaient du mal à jongler entre les munitions parait-il… Toujours au rayon « Merci Grosoft pour ta Xboite », les zones de jeu ont été réduites de manière drastique ! En effet, la console ricaine et ses capacités de calcul assez limitées par rapport aux PCs avaient imposé ce changement et Ion Storm n’a pas jugé bon d’agrandir les zones pour la version PC… Résultat : des zones 4 à 5 fois plus petites par rapport à Deus Ex 1 et donc logiquement des chargements multipliés par autant…
Au chapitre des suppressions encore, on notera la fin de la distinction passe-partout/décodeurs : un seul et même outil permet de déverrouiller les serrures ou de pirater les petits systèmes informatisés. D’ailleurs l’effet visuel lors de son utilisation donne plus l’impression qu’on a une baguette magique en main qu’un objet technologique (mais bon ça c’est une question de goût). Et concernant le crochetage, sachez que TOUS les coffres/armoires et autres rangements ont une vitre ce qui permet exactement de savoir ce que l’on trouvera en l’ouvrant, fini le hasard et un pan de réalisme qui s’effondre…
Côté personnage, le système de compétences et d’expérience a purement et simplement disparu et le joueur n’a donc plus aucune motivation à visiter les moindres recoins du niveau. Pour les implants, rassurez-vous ils sont encore là mais ne sont plus qu’au nombre de 5 (contre 9 dans le premier volet). Un même modificoprisme permet soit de gagner une nouvelle compétence soit d’en amplifier une déjà existante : une nuance de plus qui passe à la trappe. Nouveauté : on peut s’enlever et changer d’implant comme de chemise, à vous de voir si c’est un bon ou un mauvais point… Dernier point sur les implants, il en existe de 2 sortes : normaux et ceux du marché noir. Chaque emplacement permet d’avoir accès à 3 améliorations différentes : 2 que l’on peut obtenir par la voie normale et la dernière par la voie illégale (et pour les améliorer vous aurez besoin du même type de modificoprisme).
Enfin niveau armes, on ne pourra mettre que 2 améliorations sur chaque arme ! Quand on sait qu’on pouvait en mettre au moins une dizaine sur chacune d’elle dans le premier volet, on tombe de haut… On notera l’apparition d’armes cachées avec des capacités particulières : un couteau paralysant, un pistolet avec une torche infrarouge pour éviter d’être repéré mais tout en éclairant sa zone de tir ou encore la dent du dragon, l’épée bien connue des joueurs du un.
Nano le robot…
Le jeu garde le même principe: vous devez remplir des objectifs pour progresser dans l’histoire et à vous de vous débrouiller par la suite. Le scénario nous fera voyager dans 4 grandes zones : Seattle, Le Caire, Triestre et… non je ne vous dirais pas la quatrième, pour la surprise. D’ailleurs, on a l’occasion de recroiser ou d’entendre parler de protagonistes de Deus Ex 1 (d’ailleurs 2-3 références sont assez marrantes). Le jeu offre 4 fins différentes ce qui est un excellent point mais dommage que le choix pour les fins se fasse 5 minutes avant la fin et surtout c’est assez bizarre que cela ne prenne pas en compte nos actes passés (on peut commettre un génocide envers une faction et les rejoindre en fin de jeu…).
Le moteur du jeu est très gourmand en ressources et demande donc une bête de course pour tourner à pleine puissance, vous êtes prévenu. Enfin, après tous les éléments qui ont été enlevés du jeu original, difficile de classer DEIW dans un style de jeu : pas vraiment un FPS, plus du tout un RPG, je l’ai quand même mis dans cette dernière catégorie mais par défaut.
Dernière chose : le jeu est sorti en décembre 2003 aux USA et a mis 4 mois pour être localisé en français… Plutôt long comme délai de traduction… Seul avantage de cette sortie retardée dans l’Hexagone, on a eu droit à une version déjà bien patchée dès la sortie du jeu (car la version originale était assez buggée d’après ce que j’ai pu lire).
Graphismes
Relativement beaux dans l’ensemble, les textures des environnements sont plutôt laides au vu des résolutions proposées pour le jeu… Heureusement des fans ont sorti des packs de textures haute-qualité pour pallier à ça…
Animation
Pas de problème, nanotechnologies obligent sans doute
Jouabilité
Ca répond bien, un bon point
Musique
Quelle déception… On entend à peine les musiques d’ambiance à croire qu’il n’y en a pas. Le un avait vu sa bande originale mise en vente, pour le deux, elles sont disponibles gratuitement au téléchargement sur le site officiel, c’est bien un signe…
Durée de vie
Court : 10-15 heures pour finir le jeu en exploitant toutes ses possibilités et en difficulté maximale… A difficulté égale, Deus Ex 1 pouvait nous tenir 5 fois plus longtemps si on explorait tout à fond…
Conclusion
On pourrait donner 2 appréciations assez différentes du jeu.
Cas N°1 si vous avez joué à Deus Ex premier du nom : vous trouverez ce deuxième volet très fade et même vide de tout ce qui avait fait le charme de ce sombre XXIème siècle… Seul point de repère toujours d’aussi bonne qualité : le scénario qui est là encore excellent. Mais il est clair qu’on était en mesure d’attendre bien mieux qu’une telle régression car à tous niveau on perd en qualité et en intérêt de jeu.
Cas N°2 si vous n’avez pas joué au premier Deus Ex : vous apprécierez sans doute ce jeu somme toute relativement bon mais qui, en voulant mélanger les genres, n’arrive à donner les qualités complètes d’aucun d’entre eux ce qui donne un patchwork incomplet et qui laisse sur sa faim…
En fin de compte, DEIW offre quand même de bons moments de jeu mais quel que soit le point de vue, il ne dépasse pas le stade de « jeu sympathique » et n’approche même pas en rêve la catégorie des « grands jeux », contrairement à son illustre prédécesseur…