C’est marrant, j’ai beau seriner à chaque chronique que les atmosphères western ne semblent pas avoir la faveur des développeurs, il semble tout compte fait que le thème ne soit plus aussi rare qu’il ne l’était il y a quelques années. Rien que dans le domaine de l’action, nous avons GUN, Outlaws, Call of Juarez et ce Dead Man’s Hand plus méconnu, à raison d’ailleurs.
Vous êtes El Trejón, ancien membre de la tristement célèbre « Bande des Neufs » et avec vos compagnons de débauche, vous avez commis les meurtres les plus abominables que l’Ouest ait jamais connu. Cependant, votre notion toute personnelle de l’honneur vous a toujours interdit d’assassiner gratuitement femmes et enfants… plaisir pervers auquel ne rechignaient pas les huit autres salopards. Devant votre refus de vous livrer aux mêmes exactions qu’eux, vos huit partenaires se sont ligués contre vous, vous laissant pour mort dans la poussière du désert. Il vous restait cependant un souffle de vie mais ces maudits desperados n’ont pas daigné s’en inquiéter. Tragique erreur de leur part ! Bien que vous soyez à présent prisonnier des geôles mexicaines, vous n’allez pas tarder à vous évader, c’est une certitude. Alors, la traque commencera. Un par un. Ils y passeront tous. Et leurs hurlements seront la seule récompense que vous attendiez encore de cette existence.
Waouww, avec un scénario comme ça, je vous fiche mon billet qu’on va avoir affaire à un truc vachement cérébral. Et effectivement, Dead Man’s Hand est d’une brutalité et d’une simplicité qui ferait presque passer Serious Sam pour un séminaire de sémiologie. Ici, on ne se pose pas de questions superflues : on explore l’endroit et on bute tout le monde. Chaque membre de la bande des neuf a son terrain de prédilection et son style de combat favori. Les missions se divisent donc habituellement en deux parties : tout d’abord une progression dans le fief du malfrat où on tue quelque dizaines de ses acolytes, ensuite un terrain de jeu étendu où on affronte le desperado, avec ou sans sa garde rapprochée. Par exemple, l’Apache vous attend, armé de ses dagues de lancer, dans une mesa perdue au fond d’un canyon ; le comptable, dans les bâtiments qui bordent une ancienne mine (question tactique, ce lâche préfère fuir et vous attirer dans des traquenards où ses hommes peuvent vous tirer dessus) ; le bûcheron, dans un camp de bûcherons (NDLR : sans blague ?) où il vous faudra éviter ses lancers de hache et de dynamite… et ainsi de suite. Chaque fois qu’un membre de la bande des Neufs part retrouver son créateur, vous aurez l’opportunité de vous amuser dans une mission intermédiaire avant de passer à votre cible suivante. Mais là aussi, l’objectif est de liquider un bandit quelconque, qu’il s’agisse d’un ancien général confédéré où d’une troupe de Mexicains qu’il faudra abattre tout en chevauchant à travers un canyon.
Avant chaque mission, on choisit ses armes de prédilection (parmi trois pistolets, trois carabines et trois fusils) et on se fait une petite partie de poker. Le poker sert à gagner un supplément de munitions, de bâtonnets de TNT, de bombes à whiskey ou de santé. Tant que vous parvenez à garder une Main, vos réserves augmentent lentement mais si vous échouez, vous perdez tout ce qui avait été gagné jusque là. Il est évidemment possible de quitter la partie de cartes à tout moment. Dead Man’s Hand inclut également un système de calcul de vos performances, suivant vos coups au but et votre cadence de tir. Rien de bien original.
Techniquement, le soft n’est pas mauvais mais ne propose rien de révolutionnaire non plus. Les environnements sont assez prévisibles, les ennemis sont peu variés et surtout, leur intellect frise le zéro absolu. Remarquez, vu le principe extraordinairement primitif de Dead Man’s Hand, le vôtre ne sera pas vraiment mis à contribution non plus. Cependant, ces mêmes décors sont plutôt bien conçus avec de nombreuses cachettes, buissons et autres amas de débris derrière lesquels se dissimuler, et constituent un terrain de jeu idéal pour le mode multijoueur (qui reste cependant classique et sans grand éclat). J’ai également apprécié la possibilité de canarder à peu près tout ce qui se trouve à l’écran, de la lampe tempête au crâne de vache en passant par le baril de poudre ou le tableau accroché à un mur : on se croirait dans une de ces attractions de fête foraine où on doit viser de petites cibles pour faire s’agiter le mannequin situé derrière. La bande sonore est à l’avenant : très loin d’Ennio Morricone, avec des mélodies stéréotypées et des adversaires aux déclarations aussi répétitives que caricaturales mais finalement… bon, il ne s’agit après tout que d’un FPS qui ne fait même pas d’efforts pour dissimuler son côté bas-de-plafond. Les tirs ne sont pas toujours très précis… sauf en mode facile où on tue pratiquement l’ennemi à chaque fois, à moins de viser dans la direction opposée. Malgré une réalisation qui se situe dans une bonne moyenne et le plaisir bêtement jouissif qu’il procure durant quelques heures, Dead Man’s Hand n’est pourtant pas un FPS de premier choix.
En bref : 10/20
Dead Man’s Hand est marrant une heure ou deux mais on se lasse vite de sa progression linéaire et de son gameplay qui se limite à abattre des ennemis complètement crétins qui avancent sous votre feu sans se poser de questions. Même une toute petite séquence d’infiltration, un explosif à poser, n’importe quoi en fait… ça aurait mis un peu de piment dans le chilli. Mais non, ne serait-ce sa réalisation récente, on se croirait revenu 10 ans en arrière quand les développeurs pensaient que plus on alignait d’ennemis au sein d’un niveau, plus le joueur s’amuserait.
Vous me direz que Serious Sam aussi incarne un certain accomplissent dans le bourrinage pur et dur mais le jeu de Croteam avait le mérite de verser dans une démesure aussi absolue que délirante assaisonnée d’un humour bien taré comme on les aime. Rien de tout cela ici, Dead Man’s Hand ressemble à un western Spaghetti avec Steven Seagal dans le rôle principal. Si vous cherchez un challenge à votre mesure, passez donc votre chemin, Etranger : on trouve beaucoup plus intéressant à l’Ouest que ce pied-tendre sans charisme !