Il existe des jeux qui ont laissé une trace mémorable dans l’esprit et la culture vidéoludique de certains joueurs. Half-Life fait partie de ceux-ci, avec des modes solo et multi plébiscités par tous. Un succès tel que de nombreux mods lui ont été consacrés. Parmi les meilleurs, on pourrait bien évidemment citer Counter-Strike et Day of Defeat. Si la renommée du premier est plus grande que celle du second, intéressons-nous tout de même à cet excellent jeu qu’est Day of Defeat.
Un gameplay novateur
Day of Defeat, ou plus communément appelé DoD, n’est pas un énième clone de son cousin Counter-Strike. L’action est ici placée durant la Seconde Guerre Mondiale, et vous aurez donc le choix d’incarner soit les forces de l’Axe, soit les Alliés. « Le but du jeu » dans DoD est très particulier, et très différent de ce que les autres jeux proposaient à l’époque. En effet, ici, votre but premier n’est pas de tuer votre adversaire (bien que cela sera logiquement fort conseillé, car lui ne s’en privera pas). Non, dans Day of Defeat, remporter la bataille passe par l’accomplissement d’objectifs. Et ceux-ci sont multiples : capturer des zones symbolisées par des drapeaux ou détruire des cibles stratégiques (chars, canons, station de radio, etc.). Exclusivement multijoueur, le jeu ne possède donc pas de mode solo ; mais on lui pardonne aisément ce petit bémol, tant le plaisir de jouer à plusieurs est grand. Le jeu compte 22 maps de base, mais sa communauté de joueurs très active lui assure un renouvellement quasi permanent, avec sans cesse de nouvelles cartes créées par les plus talentueux d’entre eux. À la base gratuit, le jeu est désormais disponible sur Steam pour quelques euros.
La guerre, comme si l’on y était…
Et comme diraient certains, « la guerre, c’est moche ». Eh bien justement, voici un mot qui définit parfaitement à lui seul l’esthétisme général de Day of Defeat. Certes, la raison logique à cela est que le moteur du jeu commence sérieusement à dater. Mais si, à l’époque, le soft était plutôt beau graphiquement, il apparaît aujourd’hui comme très carré, avec des textures baveuses et une pixelisation qui pique les yeux. La modélisation des personnages, armes et décors est elle aussi assez sommaire ; ce ne sont pas les angles droits qui manquent… Pourtant, malgré ses faiblesses graphiques et comparé aux jeux actuels, DoD garde tout son charme d’origine et son ambiance très immersive. Justement, l’ambiance, parlons-en. Elle doit beaucoup à la bande sonore, qui est vraiment très fidèle à l’atmosphère de la Seconde Guerre Mondiale. On pourrait tout de même reprocher que certains samples ou bruitages importés de Half-Life soient un peu vieillots, mais heureusement, à l’instar des maps, il est possible de modifier, et surtout d’ajouter, ses propres musiques ou bruitages sur son serveur, afin de le rendre unique et plus attrayant. Et je peux vous assurer que sur ce point, certains serveurs valent le détour, tant les sons ajoutés ont été choisis avec goût.
Le bon côté d’une réalisation un peu vieillotte, c’est qu’au moins, le jeu tourne sur les machines les plus modestes. Mais cela permet également d’afficher une plus grande profondeur de champ, surtout qu’il s’agit là d’un des points les plus importants et agréables de DoD : ses cartes sont immenses ! Oubliez les couloirs étroits où l’on fonce dans le tas ; ici, ce ne sont pas les chemins qui manquent. Vous pourrez ainsi très souvent contourner votre adversaire par les côtés, mais aussi passer par-dessus ou dessous, suivant la carte. Les raccourcis fourmillent ici et là, vous permettant de passer au travers des murs, par les fenêtres, dans des galeries souterraines, par les balcons ou sur les toits. Au cœur même de la map, l’action se déroule sur différents niveaux (entendez par là : différentes hauteurs). Du coup, les positions pour « camper » ou attendre son adversaire ne manquent pas. Il faut donc se montrer très vigilant dans DoD, et apprendre où se situent les meilleures cachettes, afin de ne pas tomber trop souvent dans les pièges adverses. Des cachettes qui ne manquent pas, tant il y a des éléments du décor disséminés un peu partout sur votre chemin (chars, débris, caisses, arbres, etc.).
Question jouabilité, Day of Defeat fait dans le classique. Le combo clavier-souris étant parfait pour les jeux de type First Person Shooter, on notera également la possibilité de configurer l’intégralité des commandes, suivant nos envies ou notre façon de jouer. Bref, du Valve tout craché, et on ne va pas s’en plaindre. Enfin, le jeu est clairement axé « réalisme », et heureusement, car une action « arcade » ne collerait pas du tout avec son esprit. Et pour être réaliste, c’est réaliste ! Vous ne tarderez pas à vous en rendre compte, dès les premières secondes de jeu, car une balle sera très souvent suffisante pour vous faire passer de vie à trépas. Des indications à l’écran viendront ponctuer chacun de vos décès, afin de vous indiquer combien de dégâts vous avez reçus, à quel endroit du corps et avec quelle arme. La localisation des dommages est d’ailleurs excellente : une balle en pleine tête sera mortelle à chaque fois, tandis que les autres membres seront un peu plus résistants aux tirs ennemis.
Réaliste également sur la gestion de l’état physique de votre personnage. Explications : courir quelques secondes ou enchaîner quelques sauts vous fatiguera, et fera baisser votre jauge d’énergie. Une fois celle-ci vidée, vous vous déplacerez lentement, ne pourrez plus sauter, et votre personnage cherchera à reprendre son souffle. Et justement, pour récupérer plus vite, il faudra privilégier les arrêts plutôt que de marcher, au risque de constituer une cible facile. Faites également attention à la hauteur de vos chutes, car la loi de la gravité vous rappellera instantanément quelles sont vos limites en tant qu’être humain. Heureusement, il est possible d’utiliser un parachute pour atterrir en douceur. Inutile de préciser que vous ne tiendrez pas très longtemps sous l’eau sans respirer, que le feu vous brûlera, et que l’électricité vous… électrocutera (incroyable, non ?). Et pour finir, sachez qu’on ne peut pas se soigner dans DoD ; mais par contre, il est possible de gagner des points de vie supplémentaires en récompense de nombreux « kills » au corps-à-corps.
Un jeu terriblement addictif
Day of Defeat est un excellent jeu, l’un de ceux que l’on n’hésiterait pas à qualifier de « cultes ». Malgré un moteur vieillissant, et le fait qu’il faille payer aujourd’hui pour un jeu gratuit hier, le titre nous scotche littéralement à nos écrans. Aucune partie ne ressemble à une autre, le fun est omniprésent et les nombreuses maps renouvellent sans cesse le plaisir de jeu, si bien que l’on ne se lasse jamais de jouer à Day of Defeat. D’autre part, et je conclurai là-dessus, pour les plus réticents aux graphismes, il existe une version « source » du jeu, plus belle mais possédant quelques autres différences avec l’originale. Mais ça, c’est un autre test.