Un Survival, qu’il se déroule dans une ville désertée, un manoir hanté, une jungle préhistorique ou, dans le cas présent, sur un bateau soumis à la furie des éléments, ça reste un survival. Autrement dit, vous êtes seul, vous manquez de munitions, vous avez du mal à vous soigner une fois blessé et les ennemis, eux, sont très nombreux et assoiffés de sang humain. On lutte donc, comme son nom l’indique, pour rester en vie et pas pour faire triompher une noble cause quelconque. Cold Fear est un parfait représentant de cette mouvance, et sa seule originalité repose finalement sur le lieu où se déroulera votre lutte pour la survie.
Un baleinier russe a été repéré, visiblement en perdition, dans le détroit de Bering, et une équipe d’intervention des Forces Spéciales a été dépêchée sur les lieux afin de sécuriser la zone dans les plus brefs délais. Ce que vous montre la vidéo d’intro est que l’escouade passe visiblement un très sale quart d’heure avant de ne plus donner signe de vie. Inquiet du devenir de ses hommes, le gouvernement américain contacte alors Tom Hansen, le garde-côté le plus proche du vaisseau fantôme et lui demande d’aller jeter un coup d’oeil à bord. Notre homme, jusque là tranquillement en train de glandouiller à bord de son chalutier, se dirige donc vers le navire et grimpe à son bord, alors que la tempête fait rage et menace à tout moment de le submerger. Hansen constate que de prime abord, le navire semble totalement abandonné mais le nombre de cadavres mutilés qui gisent un peu partout indique à notre perspicace enquêteur que l’évacuation ne s’est pas déroulée dans le calme. Mais il se trompe : le navire est bel et bien habité. Par quelque marins russes rescapés pour commencer, mais ces derniers sont trop effrayés pour tailler le bout de gras avec l’ennemi héréditaire et sont plutôt du genre à tirer d’abord et à poser les questions après. Et puis, les morts n’ont-ils pas une fâcheuse tendance à se relever une fois tués, à moins d’avoir pris la précaution de leur faire sauter la tête ? Au fur et à mesure de son exploration, Hansen va rapidement comprendre que de chasseur, il est devenu la proie, qu’on ne faisait pas que pêcher le mammifère marin à bord du navire et que, quoi que puissent être les « exocels », il ne semblent pas franchement bien disposés vis à vis des créatures à sang chaud.
Comme dans tout bon Survival, vous allez devoir opérer de fréquents allers-retours entre les différentes ponts du navire, qu’il s’agisse de trouver une clé, un levier, d’actionner un bouton ou de délivrer l’un des rares survivants qui ne manifeste pas d’hostilité à votre endroit. Bien entendu, le chemin le plus direct d’un lieu à l’autre est généralement bloqué par une porte fermée ou des décombres, ce qui vous obligera à de fastidieux détours à travers les entrailles du navire. Il n’existe en tout et pour tout qu’une seule pharmacie et une seule armurerie à bord, même s’il est possible de trouver l’une ou l’autre trousse médicale ou chargeur sur un ennemi abattu. Il faut donc songer à y faire un tour de temps à autre se refaire un plein de santé ou de munitions…en priant pour ne pas faire de mauvaises rencontres sur le chemin !
Réalisation graphique :
Alors que nombre de jeux développés pour les console font pâle figure une fois portés sur PC, Cold Fear s’en tire plutôt bien même si on n’atteint pas la perfection technique d’autres jeux purement PC. L’atmosphère de ce navire en perdition est brillamment retranscrite et, en parcourant les couloirs métalliques délabrés des coursives ou de la salle des machines, des références telles que « Le cargo de l’angoisse » ou même « L’aventure du Poséidon » s’imposeront d’elles-mêmes. L’architecture globale du navire est également très soignée et on s’y retrouve instinctivement au bout de quelques heures d’exploration. Lorsqu’on explore l’intérieur du navire, l’impact visuel ne diffère cependant pas forcément des intérieurs d’un épisode de Resident Evil, mais tout change lorsqu’on sort à l’extérieur. La tempête est d’un réalisme incroyable : des gouttes s’écrasent sur la caméra, des vagues déchaînées s’abattent sur le pont, et le navire tangue sous le roulis jusqu’à vous donner réellement la mal de mer. Il faut alors prendre garde à ne pas être heurté par un câble, une poulie ou une poutrelle d’acier en mouvement, mais aussi à ne pas valser par dessus bord quand une lame plus violente que les autres s’écrase sur le navire.
Jouabilité / difficulté
Un gameplay classique de survival, qu’on prend rapidement en main, et une difficulté assez faible (une petite dizaine d’heures). Cold Fear ajoute la possibilité, inspirée des derniers Resident Evil, de se déplacer selon une vue « caméra sur l’épaule ». Ce mode de visualisation permet d’être paré à toute attaque soudaine et de tirer avec plus de précisions. Vu la relative fréquence avec laquelle morts-vivants et exocels vous tombent sur le râble, inutile de vous préciser qu’on se déplace les trois quarts du temps en utilisant cette vue.
Son
Une très bonne qualité globale avec des doubleurs convaincants, des grognements, de bruits de pas traînants, une tonne de petits bruits inquiétants et le vacarme assourdi de la tempête en arrière plan. Tout ce qu’il faut pour faire grimper la tension d’un ou deux crans.
En bref : 15/20
Cold Fear est un survival sympathique, dont le principal argument de vente tient à son environnement maritime. Il est vrai que durant les premières heures, on est bluffé par le réalisme de la tempête et stressé par les attaques brutales des zombies. Puis, comme dans la plupart des jeux du genre, on s’habitue à évoluer dans des couloirs à moitié éclairés et on ne gaspille plus ses munitions à canarder les adversaires puisqu’on atteint souvent la tête du premier coup. Il manque peut-être à Cold Fear un réel souffle et un scénario plus approfondi qui l’auraient rangé parmi les références du genre. Mais inutile de bouder son plaisir : l’ambiance est soignée, le jeu est bien réalisé et le facteur stress induit par l’exploration de tout nouvel environnement hostile est bien présent. Le jeu d’un week-end, mais d’un chouette week-end !