Nombreux sont les joueurs à avoir été déçus par le troisième volet des aventures de George Stobbart. Dans Le Manuscrit de Voynich, les développeurs ont voulu innover en passant à la 3D et en rendant le jeu plus accessible. Le résultat fut assez mauvais et a amené beaucoup de fans à hurler au scandale contre le massacre de la série.
Dans la foulée, des joueurs allemands ont décidé de se lancer dans l’élaboration d’une version 2.5. Le but était de revenir aux sources et de rendre un hommage à une saga emblématique.
George aime les voyages
George est aux États-Unis pour l’enterrement de son père lorsqu’il reçoit un télégramme lui apportant une très mauvaise nouvelle : Nico est morte ! En toute hâte, il prend le premier avion pour Paris. À sa grande surprise Nico est bien vivante, et on apprend qu’elle est même recherchée pour meurtre. Elle est à la recherche de son oncle qui, pour d’obscures raisons, est entré dans l’ordre des Templiers.
On sent l’envie des développeurs de rester fidèles à l’ambiance des jeux précédents. Pour aller jusqu’au bout dans leur idée, ils se sont inspirés directement des deux premiers épisodes. Le choix de revenir sur l’histoire des Templiers peut paraître bon ; malheureusement, l’écriture est assez bancale et la narration devient rapidement très pesante. Les dialogues nous affublent de détails et tirent inexorablement en longueur ; ils en deviennent presque soporifiques.
On note de temps à autre des petits clins d’œil à la série, voire même des remarques un peu sarcastiques envers le troisième volet, ce qui ne manquera pas de faire sourire les fans.
Les graphismes s’inspirent directement de ce qui a été fait auparavant par Revolution Software. Après un petit lifting graphique, le rendu est vraiment agréable. Les décors ont été bien repris et la plupart sont vraiment très beaux, mais on perd tout de même l’effet « dessin à la main » qu’on avait auparavant, qui fait place à des décors conçus à l’aide de logiciels. Ce n’est pas gênant, mais cela enlève quand même un peu de son charme au jeu.
Les graphistes ont directement pu travailler à partir des personnages déjà existants, donc le résultat est très fidèle aux originaux. En revanche, même si l’effet « cartoon » est bien repris, dès qu’on sort de ceux qui existaient déjà on voit tout de suite les limites : les rôles secondaires sont vraiment superficiels et sans intérêt, leur animation étant assez moche dans l’ensemble. Certains protagonistes sont même clairement ratés et donnent un effet de pantin articulé.
Un effort a été consenti pour parsemer le jeu de cinématiques en 3D. Ces dernières souffrent d’une réalisation assez médiocre ; ne pas les intégrer au jeu aurait certainement été une plus sage décision. Les scènes qui apportent vraiment de l’intérêt au scénario sont coupées par un écran noir où on nous laisse uniquement les sons pour pouvoir se faire une idée de ce qui se passe.
Un simple hommage
Côté système de jeu pas vraiment de surprises, c’est du classique. Le tout se joue entièrement à la souris, comme d’habitude : un clic gauche pour interagir et un clic droit pour évaluer.
Par contre on vient à bout du jeu assez facilement, car il n’ y a pas vraiment de passages qui nous tiennent longtemps en haleine. Un habitué du genre risque même de le trouver très plat et sans consistance. Les énigmes qui ponctuent le jeu sont presque toujours assez faciles à résoudre. Souvent, les objets pour débloquer une situation se trouvent juste à côté ou un peu avant. Les décors n’ont pas beaucoup d’ancrages avec lesquels on peut interagir ; du coup, on trouve très facilement ce qu’il faut faire.
Un gros effort a été fait sur les doublages, avec des voix assez semblables aux originales. Mais il vaut mieux comprendre la langue de Goethe, car ils sont complètement en allemand. Heureusement, le jeu a été traduit avec des sous-titres en anglais. D’autres langues sont aussi disponibles par le biais d’un patch. Pour l’avoir en français, par contre, il va falloir un peu chercher sur la toile pour trouver un patch non officiel.
Le point positif, en revanche, c’est du côté des musiques. Elles sont très fidèles à ce qui avait été réalisé dans les deux opus précédents. Bien entendu, cela ne rattrape pas le reste du jeu.
L’intention des développeurs de rendre hommage au travail de Revolution Software est très louable, mais à trop vouloir jouer là-dessus, ils en ont presque oublié de faire leur propre jeu. C’est dommage, car on voit vraiment qu’il y avait moyen de faire quelque chose de réellement agréable.
Dans l’état actuel le jeu est fait pour les fans, et uniquement pour eux. Les autres joueurs, qui ne connaissent pas la série, ne trouveront aucun intérêt à y jouer.