Blood Bowl est le résultat d’une union contre-nature : celle du football américain et de l’Heroic Fantasy.
Ainsi, sous l’œil d’une foule en délire assoiffée de sang, humains, elfes, orques et autres créatures se battent pour la possession de la balle… ou même se battent tout court.
À l’origine, Blood Bowl est un jeu de plateau, créé en 1987 par Jervis Johnson pour le compte de la société Games Workshop. Cyanide avait déjà, il y a quelques mois, édité une première version du jeu. Celle-ci, hélas, était loin de pouvoir satisfaire les fans les plus exigeants, de par des règles coupées à la tronçonneuse et un panel de races différentes ridiculement faible.
Voyons voir si, avec cette « édition légendaire », le second essai est transformé.
Euh… Coach… question tactique : c’est quoi le truc ovale ?
Le principe du jeu est simple : vous êtes le coach d’une équipe de Blood Bowl et devez lui faire gagner ses matches. Au fur et à mesure, les joueurs de l’équipe gagneront de l’expérience et deviendront meilleurs… s’ils ne meurent pas avant.
L’expérience qu’ils acquièrent leur servira à améliorer leur jeu en obtenant de nouvelles compétences. Si certaines d’entre elles auraient parfaitement leur place dans un jeu basé sur le football américain (‘passe’ et ‘réception’ pour le jeu de balle, ‘esquive’ pour éviter les placages et même ‘chef’, qui permet à un joueur de motiver ses équipiers), d’autre sont plus surprenantes (‘joueur vicieux’ qui permet d’agresser efficacement un joueur au sol pour le blesser, ‘châtaigne’ qui, en cas de combat, augmente les chances de blesser l’adversaire, ‘sournois’ qui permet d’éviter d’être expulsé par l’arbitre en cas de faute grave). Eh oui, et ce sont surtout ces dernières qui sont appréciées de la majorité des joueurs sur le terrain. Après tout, dans ‘Blood Bowl’ il y a ‘Blood’ et en plus il y a une faute d’orthographe à ‘Ball’.
Le déroulement d’un match de Blood Bowl est simple : deux équipes, un ballon ovale et deux mi-temps de 8 tours chacune. Les joueurs de chaque équipe doivent s’emparer de la balle et l’amener à l’extrémité de la moitié de terrain adverse pour marquer un touchdown. À la fin du match, l’équipe ayant marqué le plus de touchdowns remporte la victoire.
Il existe une vingtaine de races différentes jouant au Blood Bowl, chacune avec ses forces et ses faiblesses.
Ainsi, les elfes sont parmi les rares à privilégier en jeu de balle. Très faibles au corps à corps, ils sont capables de marquer un nombre incroyable de touchdowns… s’ils réussissent à rester sur le terrain assez longtemps.
Totalement à l’opposé, on a les nains ou les khemris (une catégorie très violente de morts-vivants) qui, eux, ont plus une stratégie basée sur l’extermination de l’équipe adverse.
Entre ces deux extrêmes, il y a les équipes comme les humains et les orques, qui sont polyvalents aussi bien dans le jeu de balle que le jeu de baffe.
Je ne vais pas toutes les décrire, mais finissons par deux races particulières : les gobelins, très faibles et fragiles, qui équilibrent les chances en trichant et en montant sur le terrain avec tronçonneuses, bombes et autres accessoires létaux, et enfin les halflings, eux aussi très faibles et fragiles, qui équilibrent les chances avec… euh… un cuisinier qui essaye de leur mitonner de bons petits plats… Autant dire rien, quoi.
Euh… Coach… question tactique : c’est normal que le gars en face il a une tronçonneuse ?
Blood Bowl : Édition Légendaire propose quatre modes de jeu différents.
Le match simple : Choisissez deux équipes, et direction le terrain. Ici, pas de gestion à long terme, pas d’évolution des joueurs, c’est vraiment le match de base sans enjeu.
Le mode campagne : Vous ne vous occupez que d’une équipe. Votre but : faire d’elle l’équipe de Blood Bowl numéro 1 du monde. Pour cela, vous participez à différents tournois pour gagner de la renommée. Ici, votre équipe et vos joueurs évoluent en bien (en gagnant des niveaux et de nouvelles compétences, comme dans un jeu de rôle) ou en mal (les joueurs sont régulièrement blessés, ce qui les fragilise… voire même les tue carrément).
Le mode campagne existait déjà dans l’ancienne version de Blood Bowl, mais cette version-ci est largement supérieure : les équipes rencontrées sont beaucoup plus variées et l’intelligence artificielle a été légèrement améliorée. Elle ne fait toujours pas le poids face à un joueur expérimenté, mais au moins elle applique désormais les stratégies de base. Il ne lui manque plus que le petit zeste de folie nécessaire, qui pousse parfois un joueur à tenter des actions improbables dans les derniers tours pour égaliser ou remporter la victoire.
Le mode histoire : Ce mode de jeu vous met dans la peau d’un coach itinérant. Vous n’avez pas d’équipe attitrée, mais d’autres coaches font appel à vous pour vous confier des missions impossibles. Ici, gagner le match est souvent secondaire. Généralement, vous prenez le contrôle d’une équipe après que la première mi-temps soit passée, et vous devez accomplir un certain nombre d’actions pour que la mission soit couronnée de succès. Si les premières missions sont simples (faire quelques esquives et quelques passes), plus le jeu avance et plus les choses se compliquent, avec des défis de plus en plus relevés. Ce mode de jeu est fun dans le sens où il vous force à jouer d’une manière différente. Très faciles au début, les missions deviennent rapidement ardues, et il faut s’accrocher pour progresser.
Le mode online : C’est, ne le cachons pas, le principal intérêt du jeu. Que dire, sinon que les erreurs du passé ont été sources d’améliorations. Même s’il est encore perfectible à mon goût (surtout au niveau de l’inscription d’une équipe dans une ligue afin de pouvoir jouer avec), il est désormais beaucoup plus convivial et intuitif. Rencontrer un mauvais joueur (dans le sens « Je me déconnecte comme un bourrin dès qu’un de mes joueurs se prend une petite blessure de rien ») est assez rare, et la lutte anti-tricheurs se déroule tambour battant. Bref, c’est devenu un vrai plaisir que de jouer en 3D face à des joueurs humains. Mon rêve est enfin accompli ! Je peux mourir heureux. D’autant que la communauté semble s’établir, et les patches améliorent constamment le plaisir de jouer.
Euh… Coach… question tactique : à quelle heure qu’on mange ?
Graphismes : C’est les mêmes que la première version, corrects sans être transcendants. Chaque race a son identité propre parfaitement reconnaissable, mais (même si je chipote) j’aurais aimé voir plus de visages et de tenues différentes au sein d’une même race. On a l’impression que tous les joueurs d’une même équipe sont similaires.
Son : Les musiques comme les bruitages sont corrects. Les commentaires sportifs durant le match sont certes très drôles, mais hélas deviennent assez répétitifs.
Animations : Elles sont bien réalisées dans l’ensemble ; le public et les joueurs bougent sans le moindre ralentissement.
Difficulté : En solo, une fois les règles assimilées, vous n’aurez aucune difficulté pour gagner, même en mode difficile. Mais bon, face à un joueur humain, attendez-vous à tout et n’importe quoi… pour votre plus grand bonheur.
Richesse : Bon, les nains du chaos sont les grands absents pour le moment, mais le Blood Bowl est là et bien là ! Fini les simili-règles adaptées n’importe comment du premier ! Maintenant, on joue dans la cour des grands !
Scénario : Difficile de parler de scénario… Deux équipes s’entretuent pour gagner un match ; pas besoin d’avoir deux-cents pages de background pour apprécier le principe.
Ergonomie : Perfectible au niveau du placement des joueurs lors des coups d’envoi, mais intuitive partout ailleurs : tout se joue à la souris sans le moindre problème.
Longévité : Infinie… Du moins tant que la communauté sera active.
En bref : Le messie est là ! C’est un pur bonheur que de jouer à Blood Bowl : Édition Légendaire, pour découvrir (ou redécouvrir) ce magnifique jeu de plateau qui, une fois de plus, renaît en beauté de ses cendres.