Blade Runner… Au départ un roman de Philip K. Dick (pas de mauvaise blague), puis un formidable film de Ridley Scott en 1982. Et voilà que fin 1997 arrive l’adaptation du film sur PC.
Un monde pourri
Avant de parler du jeu, replaçons l’univers de Blade Runner. C’est le futur (201X, on s’en fout de la date, c’est le futur quoi), et un futur merdique. Pollution, insécurité, … La plupart des espèces animales se sont éteintes suite à la pollution, certains spécimens clonés se vendent à prix d’or (mouton, chat, …).
C’est dans ce contexte que la technologie robotique s’est pas mal développée. Des cyborgs (robots à l’apparence humaine) ont vu le jour afin de remplacer les humains dans les tâches ouvrières où l’être humain était inapte ou trop fainéant, notamment la colonisation spatiale (c’est froid, vide, dangereux, mieux vaut un robot que nous). Ces cyborgs sont nommés les répliquants.
Malheureusement, l’homme a tendance à trop bien faire les choses, notamment avec la dernière génération de répliquants : les Nexus 6. Ceux-ci ont développé une conscience avancée et disposent d’une force et d’une intelligence bien supérieures à celles de leurs créateurs, mais disposent d’une espérance de vie allant seulement de 3 à 4 ans. Les répliquants acceptant mal leurs conditions, des rébellions ont vu le jour dans certaines colonies spatiales.
Côté humain, nous disposons d’une police spécialisée dans la chasse aux répliquants. Ils ont pour charge d’identifier et de ‘débrancher’ les répliquants rebelles. On les nomme les « blade runners ».
Adaptation ? Aie…
Malgré son nom, ce Blade Runner serait (source : wikipedia et autres connaisseurs) tiré, non du livre « Blade Runner », mais de celui du même auteur « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? ».
(Note d’Angus : ce roman fut originellement publié en 1968 sous le titre « Do androids dream of electric sheep? » ; ses rééditions postérieures à la sortie du film utilisèrent le titre « Blade Runner » pour capitaliser sur la notoriété de ce dernier, l’œuvre de Philip K. Dick étant jusque là restée relativement confidentielle… à tort !)
En général, les adaptations de grands films en jeux vidéo ne veulent que surfer sur la popularité dudit film, et sont souvent d’une qualité allant du médiocre au franchement merdique. Heureusement, il existe des exceptions, et Blade Runner en est une.
Où est mon Indy ?
Alors vous n’incarnez plus Deckard (Harrison Ford), comme dans le film, mais Roy Mac Coy, personnage purement fictif et blade runner de son état également.
Le jeu commence avec le massacre d’animaux dans une animalerie (tient, ça sent le répliquant), alors que la rumeur court qu’une navette pleine de répliquants se serait écrasée sur Terre. Ni une ni deux, notre héros s’y rend avec sa voiture volante (spinner), et commence à cuisiner le gérant.
Bon, j’annonce la couleur : ce Blade Runner est un point & click (genre Chevaliers de Baphomet, ou pas mal de jeux d’aventure LucasArts genre Monkey Island) se déroulant donc dans le monde de Blade Runner. Cela implique : enquête policière très poussée, un ordinateur portable en fait d’inventaire, du cuisinage de suspect répliquant au test d’empathie Voight-Kampff…
L’ambiance du roman était excellente. Celle du film ne décevait pas. Qu’en est-il du jeu ? Et bien, c’est une réussite totale. Les graphismes sont magnifiques, très impressionnants pour 1997, de même que les cinématiques. Bon okay, les décors sont quasi-statiques, seul le personnage est réellement animé. Et okay… il a tendance à pixelliser fortement quand il s’approche de l’écran, mais quelle ambiance mes aïeux ! Et merde, pourquoi je me force à trouver des mots pour détailler ça ? Allez jouer !!!
Vous êtes une saloperie d’androïde qui pue
Ce qui est vraiment bon dans ce Blade Runner, c’est la non linéarité du titre. En effet, vos actions ont une importance capitale pour la suite de l’aventure. En gros, il vous est possible d’éliminer les répliquants démasqués, afin de toucher une forte prime. Mais il est possible aussi de les épargner, voire de sympathiser avec eux. Si certains personnages sont, de façon récurrente, des répliquants (Gaff ou la chanteuse du film) ou des humains, ce n’est pas le cas de tout le monde. Selon vos actions, et si vous recommencez le jeu plusieurs fois, vous constaterez vite que pas mal de vos suspects avérés répliquants ne le sont tout bonnement pas, une fois l’aventure recommencée.
Rappelez-vous le film, quand Deckard reçoit une licorne en Origami, et comprend qu’il est lui-même répliquant et qu’il ferait mieux de se barrer avant d’être lui-même pris en chasse… et dites-vous que vous non plus n’êtes pas à l’abri de quelques surprises. J’ai dû finir le jeu avec quatre fins différentes, sur les 7 que propose le jeu (sans compter les variantes dans l’aventure à chaque fois), et je compte m’y remettre bientôt.
Un grand jeu, malgré quelques défauts…
Le jeu est franchement passionnant, et donne vraiment envie d’en explorer les moindres recoins afin de débloquer tous les secrets, toutes les fins.
On notera malgré tout quelques défauts. Le peu d’importance accordé aux animaux comparé au livre, où ils sont un véritable indicateur de développement social. De même, certains aspects du background sont peu développés (la chienne de Mac Coy).
(Note d’Angus 2 : tout l’aspect ‘métaphysico-religieux’ du roman est également absent du film. Je ne sais ce qu’il en est pour le jeu.)
Et puis… même si globalement, le jeu n’est pas difficile, certains aspects sont un peu… chiants. Il faut impérativement penser à transférer les dossiers, que Mac Coy reçoit sur son PC de boulot, vers son PC personnel ; il faut régulièrement parler au légiste (qui vous débloquera souvent).
Conclusion : 9/10
Bon j’arrête. À moins de ne pas supporter les point & click, à moins de ne trouver le jeu nulle part (?), ou de l’avoir perdu (??), ou de ne même pas le trouver sur le net (???), vous devez jouer à ce jeu.