Billy Hatcher and the Giant Egg est un jeu vidéo PC publié par Segaen 2003 .

  • 2003
  • Plates-formes

Test du jeu vidéo Billy Hatcher and the Giant Egg

4/5 — Exceptionnel ! par

Tout commença par un nouveau devoir pour la Sonic Team, en cette période de disette. Ils devaient faire un nouveau jeu ; vraiment nouveau ! Pas une simple suite d’un Sonic, par exemple. Dur dur ! Ha, les idées ne viennent pas comme ça, d’un coup sec ! Un bon resto, voilà ce qu’il fallait ! Et puis non, trop de bruit dans les restaurants, on ne peut pas se concentrer ! Heureusement, au sein de l’équipe se trouvait une sorte de Géo Trouvetout de la cuisine, un fin gourmet, qui leur proposa de déjeuner chez lui. Sa spécialité : l’omelette aux champignons. Aussitôt rentré chez lui, il prépara les ingrédients. Horreur ! S’il avait bien les œufs, en revanche il n’avait pas le moindre champignon ! Vite, il se rua dans sa bagnole et fonça, non pas au supermarché, car il était fermé, mais dans un petit coin de campagne qu’il connaissait bien. Sur ce petit coin, qu’il tenait secret, poussaient de magnifiques champignons, qui firent pétiller ses yeux de gourmand. Il en cueillit abondamment et retourna en vitesse chez lui. Juste à temps, d’ailleurs ; une minute après, c’était le reste de l’équipe qui sonnait à sa porte. On rigola, on bavarda et on s’installa à table, pendant que le chef cuistot servait là un met dont tout le monde se souviendrait.

À table !!!

Quelques coups de fourchette plus tard, l’équipe se sentait bizarre. Comme une sorte de tournis hallucinogène ! Horreur ! Serait-ce les champignons ? Qu’importe ; un type tape du poing sur la table, et dit ceci :

  • Les gars ! Je tiens là une superbe idée ! Notre personnage sera un gamin déguisé en poulet !

  • En poulet ?

-Oui, car… car… (il regarde l’omelette) car il vivra dans un monde de poussins, de coqs, de poules et d’œufs !

Stupeur dans la salle à manger. Aurait-il déjà trop bu de saké ? Chacun avale une bonne bouchée de cette omelette, qui fera alors son effet.

  • Ouaiiis, répondit l’équipe, voilà une excellente idée !

  • Ouais, c’est ce que je me suis dit aussi, et même que… que… que les œufs seront énormes, et qu’il deviendront géants si on les nourrit de fruits !

À ce moment-là, tous ceux qui étaient installés au bord de la table étaient sous l’effet des champignons hallucinogènes de notre fin cuisinier.

  • Et on en fait quoi, des œufs géants ?

  • On les fait éclore, on lançant un « Cocoricoooooo » !

  • Et il en sort un poussin géant qu’on pourra chevaucher, comme les chocobos de Final Fantasy, c’est ça ?

  • Non, il en sortira plutôt, heuuu… des espèces de bestioles… oui, c’est ça, des bestioles, des singes ailés, des pingouins enrhumés, des phoques violets… (il dit ça d’un air théâtral, d’où les rimes).

  • Et elles auront des attaques spéciales, c’est ça ?

  • Oui, tout à fait ! Par exemple, le phoque lancera de la glace, le pingouin une bulle d’eau, etc.

Grande joie autour de la table, tout le monde semblait ravi de l’idée. Idées qui arrivèrent encore :

  • Et ce sera quoi, l’histoire ?

  • Eh bien, au pays des poulets, il s’est passé quelque chose de terrible ! De terribles corbeaux sont venus semer la panique, corbeaux qui ont d’ailleurs des pouvoirs magique les ayant transformés en monstres. Et ces corbeaux ont capturé les poulets du beau pays, si bien que le matin ne se lève plus. Alors, le jeune Billy va revêtir une combinaison magique de poulet, et il partira sauver les poulets anciens, pour faire revenir le matin au monde !

  • Ouais !

  • Excellent !

  • Idée adoptée !

Et là, il se passa quelque chose qui faillit mal tourner. Un des membres, apparemment trop pris par les champignons, se leva un peu trop brusquement alors que le cuistot apportait un nouveau plat d’omelette toute chaude. Sa tête cogna le plat, le fit voler, et le contenu atterrit sur la tête du malchanceux de l’équipe. L’omelette brûlante le fit bondir, et il fit le tour de la salle à manger en courant comme un coq qui marcherait sur des braises. Celui par qui arrivait les idées du jeu eut un déclic en voyant son camarade infortuné.

  • Excellente idée, mon vieux ! Le héros aura tout à fait cette démarche, ça le rendra d’autant plus fun !

Une fois le malheureux essuyé, la réunion reprit.

  • Et comment on se défendra ? Comment on attaquera les ennemis ?

  • Eh bien, avec les œufs ! On les fera rouler pour les nourrir de fruits, mais on s’en servira aussi pour écraser les ennemis avec ! Même qu’on aura des attaques spéciales avec, genre, on le lance en avant et il revient comme une toupie, ou bien encore, on saute avec et on rebondit avec, ou bien encore…

  • STOP ! Stop, Stop !

Ça allait trop vite pour l’équipe. Ils regardèrent dans le vide un instant, puis se resservirent de l’omelette aux fameux champignons. Le résultat ne se fit pas attendre.

  • Ouais !

  • Excellente idée ! On fera ça dans les habituels couloirs redondants du genre plate-forme 3D et…

  • NON ! AU CONTRAIRE ! Fini les couloirs et le level design insipide ! Non, cette fois-ci, on fera un vrai level design !

Stupeur dans la salle.

  • Comment ça ?

  • Eh bien, les niveaux auront une architecture complexe. Il y aura plusieurs endroits à visiter, des endroits à fouiller, de multiples chemins qu’on pourra choisir ; chaque niveau sera bien différent, etc. Ce sera plus proche de Mario 64 que des habituels jeux de plate-forme !

  • Quoi ? Tu veux dire, un vrai level design, qui n’est pas qu’une espèce de simple couloir ? Une architecture recherchée, comme au temps des Sonic sur Mega Drive ???

  • Oui, tout à fait !

Des gouttes de sueur apparaissent sur les fronts des membres de la Sonic Team. Pour s’en remettre, ils finirent d’un coup le plat d’omelette.

  • Et même… et même qu’au fur et à mesure qu’on avancera dans le jeu, on débloquera des mondes : il y aura le monde de la glace, du volcan, des îles tropicales… Et puis, chaque niveau aura des missions en plus, qu’on ne sera pas obligé de faire. Ça donnera de la liberté au déroulement du jeu (un peu comme Mario 64 les gars !). Et puis… et puis… et puis même qu’il y aura des phases dans les niveaux où on sera emporté par notre œuf, comme une grosse boule de neige qui roule toute seule sur la montagne ; et puis même qu’il y aura un mode multijoueur, ainsi que…

Et tout le repas se passa ainsi. Les excellentes idées se suivirent les unes après les autres, l’imagination allait bon train sous l’effet des champignons hallucinogènes, et ils s’attelèrent bien vite à la programmation.

« Z’y va, je fais des Road Rage sur des corbeaux mutants avec un œuf ! »

Le résultat était là. Un jeu qui s’éloigne des redondances du genre, pour un résultat agréable et réussi. Alors, c’est sûr, qui va faire confiance à ce gamin affublé d’un costume de poulet, plutôt qu’à un plombier italien ou un hérisson bleu mobiusien ? Les concepteurs n’auraient-ils pas trop abusé des champignons ? Eh bien c’est à vous de voir, mais ce nouveau personnage, qui s’exprime comme le marin Shadoks - c’est-à-dire en borborygmes et parfois en anglais - eh bien je le trouve tout à fait attachant, tout comme ses amis Rolly Roll, Chick Poacher, Bantam Scrambled et autres poussins en couches-culottes. Les graphismes sont agréables, bien que peu impressionnants, les musiques se laissent écouter sans souci, et même que le thème principal a tourné trois ou quatre fois lors de l’écriture de ce test. Pom pom popo, tadidoudada, nananananana. La maniabilité est bonne, mais une manette avec un mini joystick sera la bienvenue, pour ceux qui jouent sur PC. On regrettera tout de même une caméra qu’il faut souvent replacer, mais bon, c’est ça ou un level design avec une prison de couloirs. Le choix est vite fait, alors. On peut bien sûr foncer pour atteindre au plus vite la fin du jeu, mais on peut aussi rejouer certains mondes qui contiennent encore des missions qu’on n’a pas faites, ou bien refaire ceux qu’on a terminés pour découvrir les secrets qui traînent ici et là, comme ces étranges œufs avec le logo Sonic Team dessiné dessus. Un mot tout de même sur la conversion PC de 2006 : le jeu est vendu au prix tout doux de 25 €, et la conversion est faite sans heurts. Pas de bugs, pas énormément gourmand. On regrettera juste qu’il s’agisse un peu trop d’une bête conversion en l’état. Oh, il y a bien sûr une fenêtre PC, qui se lance au début du jeu, par laquelle on peut accéder à la configuration, au fichier d’aide, à l’installation et même au site web ! Sauf que ce site web n’existe pas (!). Cliquez dessus et vous êtes redirigé sur le site de Sega, qui ne connaît pas la conversion PC de Billy Hatcher. Haerm… Peut-être que cette conversion a été réalisée par notre fin cuisinier dans le plus grand secret…

Conclusion

Billy Hatcher and the Giant Egg est indéniablement un bon jeu. Un gameplay propre, avec l’omniprésence des œufs, un univers agréable, original et assez osé, une bonne maniabilité, des niveaux qui se suivent mais ne se ressemblent pas, un mode multijoueur par-dessus tout ça, et on a l’exemple type du bon jeu bien sympa, dont il serait dommage de se priver. Un bon exemple de ce qu’il faut faire ; un jeu avec une identité qui lui est propre, au niveau de son univers et de son gameplay, plutôt que des suites asthmatiques. Des comme ça, ce n’est pas tous les jours qu’on en a.

Billy Hatcher and the Giant Egg