Big Red Racing, c’est avant tout un Etat d’esprit. Parce que bon, les courses automobiles en 3D sur PC, ça courait les rayonnages de la Fnac, surtout à cette époque où on découvrait les mille et une merveilles des cartes 3D. Mais Big Red Racing est différent. Big Red Racing, c’est un soft juste conçu pour déconner. Les fans de simulation, ceux qui aiment rouler sur des routes bien lisses, étudier chaque aspérité du terrain et rétrograder à la seconde près pour maximiser leur temps-record, sont bien partis pour s’arracher les cheveux. Ceux qui conduisent comme ils jouent à un FPS, eux, seront aux anges. Dans Big Red Racing, on fonce, on fonce, et on fonce encore. Parfois, on ralentit un peu histoire de ne pas valser dans le décor mais la plupart du temps, on s’en fout éperdument. Très vite, on désapprend tous les réflexes acquis dans les simulations de conduite et on en arrive rapidement à évaluer le temps durant lequel une jeep pourra rouler à flanc de paroi rocheuse sans se retourner ou bien la distance que pourra parcourir le hors-bord sur la terre ferme en profitant de son élan. Et puis, il y a le bouton Nitro, le truc qui coupe définitivement toute envie de reproduire la conduite sérieuse et attentive en vigueur dans la vraie vie.
Parce qu’en plus, Big Red Racing ne vous propose de toute façon pas de prendre le volant des mêmes véhicules que dans la vraie vie, quand bien même vous joueriez en bourse de manière particulièrement inspirée. Ce soft vous fait passer sans transitions de parcours urbains traditionnels à découvrir au volant d’une Mini Cooper ou d’une VW Coccinelle (Australie ou USA, par exemple) à des courses aquatiques (Chine, Inde) en hors-bord ou en catamaran, des pistes boueuses et cabossées (France, Égypte) en bulldozer ou en camion-benne, des courses d’hélicoptères (Allemagne), sans oublier les épreuves extraterrestres en module tout-terrain ou en vaisseau sur coussin d’air. Au total, ce ne sont pas moins de 16 types de véhicules différents que vous piloterez à travers 24 circuits situés dans la plupart des pays du monde mais également sur Mars et sur la Lune.
Chaque circuit est bourré de bosses, descentes vertigineuses, tunnels, ponts, tremplins et chemins de traverses en terre battue. Le parcours italien est à ce titre particulièrement représentatif. En quelques minutes, vous aurez à dévaler les marches d’une petite ville aux murs blancs, foncerez à travers un canal asséché avant de traverser une rivière en crue, croiserez un bus en équilibre instable sur une falaise et écraserez plusieurs moutons.
Réalisation graphique :
Dire que Big Red Racing est beau ne serait pas vraiment honnête. Les couleurs sont vives, les paysages sont en général amusants et on situe rapidement dans quel pays on se trouve (pagode en Chine, arche shinto au Japon, etc.) mais autant les véhicules que les éléments du décor, les pilotes ou même la poussière dégagée quand on roule sur les bas côtés sont grossièrement représentés, avec d’énormes pixels et des textures grasses visibles à l’œil nu. Big Red Racing propose en fait une réalisation graphique purement fonctionnelle, qui permet au moins de doter les courses d’un scrolling sans le moindre accroc. Plusieurs vues sont disponibles pour la conduite et, une fois n’est pas coutume, oubliez la vue cockpit : elle rend le jeu tout simplement injouable. Préférez-lui – et de loin – les vues arrières plus ou moins rapprochées.
Jouabilité/difficulté :
Big Red Racing n’est peut-être pas beau mais il est diaboliquement fun à jouer. Nul besoin d’avoir son permis pour piloter les véhicules proposés avec la grâce d’un routier bourré au Bourbon. Faut pas chercher le réalisme, évidemment, mais si votre seul plaisir est de rouler sans vous embarrasser de la moindre notion de « phénomène d’aspiration », « changement de vitesse », « dérapage contrôlé », Big Red Racing est fait pour vous. Les tournants les plus secs se négocieront comme pour rien - sur deux roues le cas échéant, tandis que les tonneaux éventuels en cas de rencontre fortuite avec un bord de route caillouteux verront la plupart du temps votre petite voiture retomber bravement sur ses roues. Dans le cas contraire, elle sera repositionnée automatiquement au milieu de la piste après quelques secondes de pénalité. Seul bémol : les courses d’hélicoptères, atroces à manœuvrer… voire même loupées, tout simplement.
Son :
Du rock épais et des bruitages débiles. Ça colle avec le reste, non ?
En bref : 17/20
Voilà un jeu qui ne paye franchement pas de mine, et qu’on aurait vite fait de cataloguer comme un shareware trop ambitieux. Tragique erreur car, si Big Red Racing est effectivement sacrément moche, il s’agit d’un des jeux les plus funs de sa génération. Nul besoin de se prendre la tête ou de faire montre d’aptitudes divines pour le pilotage : tant que vous savez différencier un accélérateur et un frein, vous avez de bonnes chances de terminer une course dans les premiers. Un peu ennuyeux seul une fois qu’on a découvert tous les circuits, Big Red Racing prend tout son sel à deux joueurs sur écran splitté, pour ne même pas parler des parties à six sur réseau local, qui se terminent d’ordinaires en imprécations atroces à l’encontre des concurrents. A se demander pourquoi cette référence en matière de player fun est restée cantonnée à l’univers PC. Une valeur sûre des jeux de courses conviviaux, qu’on aurait seulement aimé un peu plus esthétique.