Il y a les jeux de guerre, et il y a les jeux de guerre Battlefield. Présente dans tous les domaines (gratuit, seconde guerre mondiale, guerre contemporaine et guerre moderne), cette licence excelle notamment par ses modes multijoueur dantesques, où l’humour et le fun ont une place prépondérante. Après nous avoir fait vivre des aventures burlesques mémorables dans le premier, voici que nous revient la Bad Company. Les chiffres de téléchargement de la Beta ont explosé tous les records de l’histoire des jeux vidéo ; c’est donc tout naturellement que les joueurs ont marqué d’une croix la date du 4 mars 2010, date de sortie de ce nouveau Battlefield.
Chaud devant !
Autant le dire clairement, Battlefield : Bad Company 2 (BC2) n’est pas le plus beau jeu à l’heure actuelle en termes de graphismes, mais ceux-ci n’en demeurent pas moins magnifiques. Les décors sont extrêmement bien modélisés, avec un énorme souci du détail. Si l’on trouvera toujours ici et là une texture un peu moins fine que les autres, ou si l’anti-aliasing laisse encore apparaitre un léger crénelage, on pardonne sans problème ces petits bémols tellement l’action à l’écran nous en met plein la vue. C’est simple : ça explose, ça canarde et les balles fusent de tous les côtés, et le jeu ne bronche pas. C’est fluide, les effets de lumière sont très réussis et le tout est servi par des bruitages plus vrais que nature. Question immersion, on atteint des sommets.
Mais ce n’est pas tout : le moteur graphique du jeu, le Frostbite, est l’un des plus impressionnants qui soient. Celui-ci gère en effet en temps réel la destruction complète de l’environnement du jeu, des bâtiments aux véhicules en passant par la végétation. Tout est intégralement destructible, et le réalisme du jeu est tout bonnement à couper le souffle, de quoi faire pâlir tous ceux s’y étant essayé avant lui. Non content d’afficher une action intense au premier plan, le moteur se permet également le luxe d’afficher en même temps l’une des profondeurs de champ les plus distantes qui soient. Les niveaux, notamment en multijoueur, sont d’une grandeur hallucinante ; il faut bien plusieurs minutes pour rallier les 2 bouts de la map à pied.
Question décors, ceux-ci sont vraiment très diversifiés, avec des environnements allant du désert aux plaines enneigées en passant par la jungle ou la péninsule en bord de mer. Le level design est toujours ingénieusement pensé, avec des obstacles toujours placés là où il est nécessaire de se protéger, ou à l’inverse avec des zones surélevées afin de faire le bonheur des snipers. Une parfaite connaissance et gestion de l’occupation des niveaux se révèlera très vite nécessaire si vous voulez survivre dans Battlefield.
À la guerre comme à la guerre…
Avec un tel réalisme, autant dire qu’il faut se la jouer stratégique, et laisser de côté nos pulsions de Rambo ou de super-soldat au moment de se lancer dans une partie. Dans BC2, si vous ne coopérez pas vous mourrez, c’est inévitable. Partir seul au front est et sera toujours un comportement suicidaire ; seuls l’entraide et le soutien entre joueurs vous permettront d’avancer et de survivre. Avec 4 classes différentes de soldats, il y en aura pour tous les goûts ; sachez seulement que la présence équitable de ces classes au sein d’une équipe tient une importance capitale. En effet, l’Assaut dispose d’armes puissantes et efficaces, idéales pour être en première ligne lors de l’opposition. C’est également la classe qui permet de distribuer des munitions à ses partenaires ; à ne pas négliger donc. L’Ingénieur est la classe la plus importante au sein du jeu car, avec son outil de réparation, celui-ci peut réparer tous véhicules et équipements qui lui tomberont sous la perceuse. C’est une classe de soutien que l’on retrouvera, logiquement, principalement dans les parties avec véhicules et armes fixes. Armés d’une mitraillette et d’un lance-roquettes, ils ne se contentent pas de réparer, ils savent aussi détruire. Faut-il vraiment préciser l’importance d’avoir un ou plusieurs Médecins dans son équipe ? Armés de fusils mitrailleurs redoutables capables de cracher 100 pruneaux en quelques secondes, ils se révèlent indispensables à la réussite d’un assaut (ou à l’inverse, d’une défense de zone), vous apportant caisses de soin et ressuscitant tous ceux tombés au combat. La dernière classe étant l’Éclaireur qui, avec son fidèle Sniper Rifle, s’assurera bien évidemment de couvrir à distance ses partenaires, mais pas seulement. Il dispose également de charges C4 ou d’une frappe de mortier pour semer la panique parmi l’équipe adverse, et ses capteurs de mouvements repéreront ennemis et mines hostiles, apportant donc de précieuses informations à ses coéquipiers.
On reste dans les chiffres avec le 4, comme 4 types de parties. Le traditionnel mode « Ruée », d’abord, dans lequel une équipe, dans la limite de ses renforts disponibles, tentera de détruire différents objectifs afin d’avancer et de dominer une zone, zone que bien entendu l’équipe adverse défendra corps et âme puisqu’elle dispose d’un « Respawn » infini. Jouable jusqu’à 32 joueurs en simultané, avec des équipes peuvent contenir jusqu’à 4 escouades de 4 personnages. C’est pour cette raison que le mode « Ruée en Escouade » est également de la partie, afin que les 8 joueurs concernés puissent en découdre et déterminer quelle escouade des 2 coopère le mieux. Le mode « Match à Mort par Escouade » oppose quant à lui 4 équipes dans un Deatmatch classique ; la première à éliminer 50 cibles remporte la manche. Enfin, le mode « Conquête » est le plus compliqué à définir. Concrètement, différentes zones sur la carte peuvent - et doivent - être contrôlées (au bout de quelques secondes de « stationnement » dans ladite zone) par les 2 équipes qui s’affrontent, ces dernières disposant de 100 tickets chacune (100 vies si vous préférez). Celle qui n’en a plus perd naturellement la partie, mais ne dominer aucune zone entraînera également une perte lente et régulière de ces « tickets de réanimation » ; il faudra donc être efficace et mobile. C’est le mode qui dispose des cartes les plus grandes, mais surtout celui qui vous fera vivre des batailles toutes plus épiques les unes que les autres.
Le multijoueur est conçu avec un système de classement classique mais diablement addictif : plus vous serez bon lors de vos parties, plus votre expérience grimpera en flèche, débloquant nouvelles armes et accessoires afin que vous puissiez disposer d’un arsenal encore plus conséquent, et surtout plus dévastateur. Mais vos bons et loyaux services seront principalement récompensés par de nombreux et variés badges et médailles, récompenses fort sympathiques à débloquer qui vous gratifieront en prime de points d’expérience bonus colossaux, renforçant encore un peu plus l’intérêt du titre en multi. Autre nouveauté comparé à l’épisode précédent : désormais vos ennemis ne seront plus indiqués sur la mini-carte ; il faudra qu’un membre de l’équipe les repère et les signale à ses alliés. Mais je ne saurais que vous conseiller de jouer sur les serveurs ayant désactivé cette mini-carte ainsi que la « caméra assassin », afin de ne plus savoir par qui, d’où et comment vous avez été tué, tout cela afin de renforcer l’immersion et le réalisme du jeu. Enfin, vous avez la particularité de pouvoir associer 3 spécialisations à votre personnage, ce qui lui confèrera de nouvelles capacités telles que pouvoir transporter plus de munitions, que celles-ci occasionnent plus de dégâts, porter des protections, etc.
Qu’est-ce qui rend si passionnant les parties à plusieurs dans un Battlefield ? Bien évidemment ses véhicules, qui jouent un rôle primordial dans chaque affrontement. Et BC2 n’échappe fort heureusement pas à la règle, proposant des véhicules que l’on peut classer en 3 catégories : ceux d’attaque avec le char T90, l’Apache ou le Hind ; ceux de soutien avec la vedette, le drone ou le char antiaérien ; ceux de déplacement avec le jet-ski, le quad ou les voitures. Une vingtaine d’entre eux sont disponibles au total suivant la carte, possédant chacun leur armement, leur nombre de places disponibles et leur conduite propres, qu’il faudra maîtriser et bien utiliser pour mettre toutes les chances de son côté.
Un mode solo qui tient la route
Si l’intérêt d’un Battlefield réside principalement dans son multijoueur - et force est de constater que l’on est en face ici de l’un des plus réussis de ces dernières années -, sa campagne solo n’en demeure pas moins intéressante et captivante. On y retrouve nos 4 héros qui ont fait toute la renommée de leur « Bad Company ». Si l’humour décalé et caustique, qui avait fait la réputation du premier Battlefield : Bad Company, n’est plus ici présent que dans les différentes répliques de nos 4 fanfarons, le scénario se veut ainsi plus sérieux et plus immersif, ce qui ne sera pas pour nous déplaire, même si les fans de la première heure regretteront certaines scènes cultes du premier. Avec une trame scénaristique qui vous fera voir du pays, des armes à débloquer et des relais de communication cachés à détruire, le tout servi par une IA réussie et coriace, le jeu vous tiendra en haleine pendant 6 à 8 heures, ce qui est court mais reste raisonnable au vu de la durée de vie de certains titres sortis récemment. Cette campagne vous permettra aussi de vous familiariser avec les différents véhicules du jeu. C’est d’ailleurs dommage qu’il n’y ait pas un mode pour s’entraîner à leur pilotage, mais sans doute est-ce voulu, afin que les joueurs les plus aguerris en multi puissent se sentir fiers de savoir si bien dompter leur engin.
Au niveau de la maniabilité, on retrouve toutes les commandes d’un FPS PC classique ; celles-ci étant intégralement paramétrables, il ne tient donc qu’à vous de jouer de la manière que vous préférez. Les mouvements du protagoniste sont réalistes, les chutes douloureuses et chaque arme possède son temps de rechargement bien particulier. Il faudra donc bien gérer tout cela. Il est également possible d’activer une vue extérieure pour certains véhicules, ce qui devrait plaire aux amateurs de vue à la 3ème personne.
Au final, ce nouveau Battlefield tient toutes ses promesses et s’impose comme la référence multijoueur à ce jour, et je ne pense pas qu’il sera détrôné de sitôt. Toutefois, il n’est pas exempt de tout reproche : les effets de lumière sont quelquefois bien trop prononcés, notamment dans les niveaux enneigés. Mais surtout, les bugs de collision sont légion, et il vous arrivera très souvent de rester coincé contre un mur invisible, lorsque vous essayerez de marcher sur un tas de décombres ou de passer entre 2 obstacles. Autre bémol, mais qui n’a rien à voir avec le jeu en lui-même : les problèmes de (dé)connexions avec Electronic Arts et PunkBuster. Je tenais d’ailleurs à pousser ce petit coup de gueule à leur encontre, c’est tout simplement scandaleux ! La première semaine suivant la sortie du titre a été ponctuée de plusieurs pannes d’une durée de plusieurs heures chacune, voire presque de journées complètes. Certes, ces problèmes sont survenus suite à un afflux massif des joueurs, afflux non prévu par les développeurs, mais bon, c’est leur boulot de prévoir ! On ne lance pas dans le commerce un jeu multijoueur s’il n’est pas prêt à accueillir sa communauté, c’est tout de même aberrant… Heureusement, depuis, tout est rentré dans l’ordre, en espérant que d’autres problèmes ne surviennent pas. À noter, pour conclure, que ce système de compte chez EA est aussi très controversé : primo, sans compte et/ou sans connexion avec EA, impossible de lancer une partie multi, surtout que le jeu ne permet pas de jouer à plusieurs en écran splitté. Secundo, vous n’avez aucune sauvegarde de vos statistiques sur votre ordinateur ; alors il ne reste qu’à prier pour que leurs serveurs ne grillent jamais, emportant pour toujours avec eux nos classements et résultats…