Lord of War
Battlefield 1942 se présente plus ou moins comme un FPS. Je reviendrai plus tard sur ce « plus ou moins ». Le cadre de ce jeu est la seconde guerre mondiale à partir de l’implication américaine, après l’attaque contre Pearl Harbor. Petit rappel historique : l’Allemagne est en guerre sur deux fronts : contre l’Angleterre (le reste de l’Europe étant asservi ou allié) (Note d’Angus:ou neutre, comme la Suisse, la Suède, l’Irlande, l’Espagne, le Portugal.) et contre la Russie (qu’Hitler a récemment trahie et envahie). Les USA, qui n’aiment pas vraiment Hitler, sont occupés avec le Japon, qui est un adversaire redoutable. Battlefield 1942 prend place dans cette période ô combien noire du XXème siècle, de 1942 jusqu’à la chute de Berlin en 1945. On trouvera donc moult batailles mythiques pour les férus d’histoire, de Stalingrad à Berlin, jusqu’au massacre de Midway et la Bataille des Ardennes.
Un premier air de Counter Strike
Par où commencer…
Pour chacune des armées en présence pour chaque niveau, 5 classes sont jouables. Tous sont des soldats, même PDV ou autres, la différence étant au niveau des armes attribuées au départ. Le sniper aura… un fusil sniper, l’infirmier aura une carabine et une trousse de secours, le soldat anti-char aura un bazooka… Cela dit, cela ne concerne que les armes attribuées au départ. Il sera possible d’en ramasser d’autres sur des cadavres (amis ou ennemis), et donc la polyvalence est vite de mise. On peut jeter son arme au profit d’une autre.
Le jeu se veut réaliste sur ce point : on ne peut pas transporter trop d’armes ou de munitions (bah oui, c’est lourd), on meurt de façon réaliste (entre 2 et 5 balles, ça dépend où on les prend). Par contre, les blessures ne handicapent pas (je peux avoir pris une balle dans chaque cuisse, j’irai quand même traverser la rivière à la nage). De même, la précision des armes baisse quand on est en mouvement.
Principe des missions
On trouve 3 modes de jeu : Deathmatch (je n’explique pas, suffit de tuer tout le monde), Capture the Flag (piquer un drapeau dans la base ennemie et le ramener dans la sienne) et le mode Domination, dont je vais parler ici.
Les niveaux sont très grands, gigantesques (plusieurs km²), avec des environnements très variés (îles, collines, montagnes voire ville entière) et divisés en zones contrôlées par des points de contrôle. Un peu comme dans les modes Domination de pas mal de Quake-like à l’époque (Unreal Tournament ou Quake III). Il y a deux manières de gagner la partie. La première est simple : contrôler tous les points du niveau. La seconde : tuer tous les ennemis.
En fait c’est simple : vous n’incarnez pas UN soldat. Quand vous mourrez, vous respawnez au point de contrôle de votre choix (du moment qu’il vous appartienne). Chaque camp dispose d’une réserve de soldats plus ou moins importante, qui ne sont pas forcément tous en jeu en même temps (exemple : j’ai une réserve de 100 soldats, mais seulement 16 sur le terrain à la fois). Le nombre de soldats de réserve est plus important si on a plus de points de contrôle. Dominer le terrain donne VRAIMENT un avantage donc, vu que vous aurez plus de soldats. Bref, ça a l’air classique comme ça ? Détrompez vous !
Mieux que les Playmobils !
La grosse nouveauté dans ce Battlefield, c’était la possibilité d’utiliser divers engins et véhicules. Et je ne parle pas d’un GTA où on prend une tuture et on roule avec, non, c’est bien plus que ça. Et c’est ce que j’entendais par « plus ou moins un FPS ». Vous pouvez prendre possession de moult objets de mort :
Jeeps ou autres voitures : rapides, pouvant transporter quelques alliés. Elles disposent parfois d’un canon léger ou d’une mitrailleuse. Pratique pour rallier vite une bataille.
Le tank : plus lent (plus rapide qu’à pied) mais puissant et très résistant. Peut également servir de bouclier pour les alliés.
Les avions : on dispose de chasseurs rapides, d’hélicoptères et de gros bombardiers. Les premiers sont redoutables contre l’infanterie, moins contre les tanks. Le bombardier est plus lent, mais vole plus haut et est très efficace contre les tanks, et vous pouvez y embarquer à plusieurs ; ils disposent de mitrailleuses latérales. Idem pour l’hélico, redoutable machine de mort, assez lente et facile à aligner, mais pouvant lancer des vagues de missiles et embarquer deux mitrailleurs.
Les bateaux : du porte-avions au croiseur de combat en passant par les navettes rapides… L’embarras du choix.
La DCA : pour aligner les avions.
Les canons côtiers : un navire ennemi s’approche ? Son cœur va faire boum en vous voyant.
Bref… c’est grave la classe ! Les possibilités de jeu sont ÉNORMES, et de véritables armées peuvent être conçues. Utiliser les jeeps pour rejoindre vos alliés, forcer le passage avec le tank pendant que l’infanterie vous suit de près, protégée des balles par votre gros blindage… Jouissif de descendre le zéro japonais à coups de DCA, alors que ce con avait bousillé 15 de nos types juste avant. Grandiose de nager jusqu’à un porte-avions après une défaite (mieux vaut la fuite que la mort), d’embarquer sur un avion et de retourner bousiller les deux salauds embusqués à coups de bombs in the face !
La plupart des engins sont destructibles de façon… réaliste. Un zéro japonais peut se bousiller à la mitrailleuse si vous arrivez à le toucher, et un obus de tank le réduira en miettes (mais là, c’est un gros coup de bol). Une mitrailleuse ne peut rien contre un tank, qui peut exploser à peu près n’importe quoi. La DCA est fragile mais redoutable…
Un jeu conseillé multijoueur
Soyons honnête, le jeu est conçu pour le multijoueur, vu que certaines cartes peuvent accueillir jusqu’à 64 soldats (32 dans chaque camp)… enfin, pour la plupart, c’est du 16 vs 16.
Mais si vous jouez seul… vous aurez des bots avec ou contre vous. Et si l’IA n’est pas trop mauvaise, reconnaissons qu’ils jouent un peu perso, les bots. Ils ne vous attendront pas forcément avant de décoller en hélico ou de prendre la jeep. Par contre, ils comprennent pas trop mal quand vous prenez les commandes (si je m’arrête en jeep à côté d’eux, ils montent. Si j’embarque dans un B-25, ils se placeront aux mitrailleuses). Évitez de leur laisser les commandes des véhicules, quand même… Bref, un mode solo amusant, mais qui est loin d’être le véritable intérêt du jeu.
Mais en multijoueur… Pour moi il y a clairement eu un avant et un après Battlefield. Comment décrire ce sentiment ? Des équipes de 30 à 60 joueurs l’une contre l’autre, s’entendant sur les actions, où chacun est un rouage d’une armée, où chacun est potentiellement dangereux, où vous devrez scruter terre, air et mer si vous voulez survivre. Un jeu où, alors qu’on stresse à mort dans un calme trop calme avec 20 camarades, on distingue 2 avions qui descendent en piqué vers vous. Vous tentez de vous défendre, la DCA fait feu, mais votre camarade tombe à côté de vous. Damned, c’est un sniper, là-bas, couché juste à côté… des 3 tanks qui se dirigent vers vous, entourés d’une dizaine de fantassins. Vos potes s’en occupent ; vous, de votre côté, n’êtes pas tranquille… Hop, je prends le sniper, regarde autour du camp, et je les vois, les deux jeeps ennemies qui tentent de nous contourner. Soit 8 types armés jusqu’aux dents, qui tentent de nous prendre à revers. Et… ARGH ! Le bombardier ennemi a détruit notre DCA, on est mal, on est mal !!!
Et voilà comment on perd un point de contrôle. :/ Bon, c’est pas grave, hardi les gars, on y retourne, on les a bien allumés, leurs forces ont diminué de moitié, ne les laissons pas s’installer !
Ou encore lorsqu’on voit le croiseur ennemi s’approcher de la côte, là où notre base est présente… On prend le canon côtier, avec sa portée limitée. On tire. Merde, raté… Il tire, l’eau explose devant moi, mais je suis indemne. Je retire… merde, pas assez loin. Il tire… à côté ! Grosse explosion, une jeep a pété derrière moi. Dernière chance, je tire, et JE TOUCHE ! Mais pas coulé. Lui ne me rate pas… mon pouls tape à 150, je transpire à grosses gouttes, mais il va voir, ce salaud.
A noter aussi les batailles aériennes… rare que ça dépasse le 2 vs 2, mais c’est souvent épique. Et combien de fois j’ai pu faire le kamikaze sur un porte-avions américain avec mon zéro en flammes…
Jamais guerre n’a semblé aussi… guerrière !
Et la réalisation ?
Battlefield accuse un petit retard graphique par rapport à la concurrence (UT 2003 sortait peu après), mais c’est logique, vu le nombre d’éléments sur la carte, et le nombre de joueurs.
N’empêche que le jeu est bien texturé, la modélisation des ennemis est correcte, de même pour les véhicules ennemis. Le jeu était à l’époque gourmand en ressources, mais avec les PC de maintenant, c’est une formalité.
L’animation est bonne, rapide voire très rapide (à pied c’est lent, mais en avion en rase-mottes, c’est flippant).
Finissons par l’ambiance sonore : la musique est… je sais plus, donc ça va.
Les bruitages eux, sont dantesques. On retrouve la guerre dans nos oreilles. Entre les bruits des avions en piqué, les balles qui sifflent de partout, les chenilles des tanks qui écrasent la pierre ou les tirs de DCA au loin… grandiose !
Allez hop : 9/10
Si en solo c’est un petit FPS sympathique, en multijoueur, Battlefield m’a procuré des sensations inédites, jamais ressenties depuis (faut dire, les LAN, j’ai un peu laissé tomber). La guerre sur votre PC, la vraie, à condition de ne pas y jouer seul.