Le jeu est sorti sous DOS en 1989 puis fut réédité pour les Windows 3.x en 1991.
Les échecs, c’est probablement le jeu le plus austère du monde. C’est un jeu apprécié par les huissiers, les agents du fisc et les gardiens de prison. Bref, vouloir en faire un jeu fun équivaut à peu près à vouloir greffer un cerveau à Hélène Ségara (ou Julie Zennati, je suis pas raciste). Et pourtant, c’est ce que tente Interplay (qui se fera par la suite connaître pour avoir publié des jeux aussi prestigieux que Fallout, Bard’s Tales ou Baldur’s Gate) pour son deuxième jeu.
OH IL EST JOLI TON PLATEAU À CARREAUX
Mais pour commencer, rappelons les bases des échecs. Le jeu se pratique sur un plateau de huit cases sur huit appelé échiquier. Deux personnes y confrontent leur armée de seize pièces, le but étant bien évidemment de vaincre l’adversaire, c’est-à-dire de lui prendre son roi.
Les pièces sont de six sortes :
1- le pion, a.k.a. le troufion de service : vous en avez huit, tous placés sur la ligne avant. Le pion ne peut avancer que d’une case vers l’avant, sauf en deux occasions : à son premier tour de jeu il peut avancer de deux cases d’un coup, et pour manger une pièce il doit se déplacer d’une case vers l’avant en diagonale. Malgré son statut de chair à canon, il ne faut pas négliger le pion puisqu’il peut se transformer en n’importe quelle pièce (généralement on choisit la reine) s’il atteint la limite du camp adverse.
2- la tour, a.k.a.. le bulldozer : vous en avez deux, placées aux extrémités de la ligne arrière. La tour peut avancer d’un nombre quelconque de cases en vertical ou en horizontal, dans n’importe quel sens. Une pièce de quadrillage immanquable.
3- le cavalier, a.k.a. l’électron libre : vous en avez deux, placés sur la seconde ligne à l’intérieur des tours. Le cavalier se déplace en L de trois cases sur deux dans n’importe quel sens, y compris en traversant les pièces sur son passage. Ses déplacements relativement erratiques en font une pièce importante pour « piéger » l’adversaire.
4- le fou, a.k.a. moi c’est les noires : vous en avez deux, placés sur la seconde ligne à l’intérieur des cavaliers. Le fou, c’est le pendant de la tour. Lui ne peut se déplacer qu’en diagonale, mais dans n’importe quel sens et d’un nombre quelconque de cases. De fait, l’un des fous reste exclusivement sur les cases noires et l’autre sur les blanches. La pièce qui me sert le moins, personnellement, mais un fou et une tour font finalement le même travail qu’une reine.
5- la reine, a.k.a. l’arme de destruction massive : vous n’en avez qu’une, placée en deuxième ligne sur la case du milieu gauche (quel que soit le joueur). La reine se déplace dans tous les sens, d’un nombre de cases quelconque. Lorsqu’un joueur sort sa reine c’est que ça va commencer à chier des bulles.
6- le roi, a.k.a. la force tranquille : vous n’en avez qu’un, placé en deuxième ligne sur la case du milieu droit (quel que soit le joueur). Le roi se déplace dans tous les sens, mais d’une seule case à la fois sauf en cas de roque. C’est lui votre cible, et c’est la seule pièce que l’on ne peut pas manger. En effet, lorsqu’un roi est menacé par une pièce, le joueur défenseur est déclaré en échec. Il doit alors protéger son roi, soit en le déplaçant soit en plaçant une pièce devant. Le cas échéant, il est déclaré mat et couche son roi. Fin de la partie.
ÉCHEC ET PAN DANS TES GENCIVES
Battle Chess est donc un jeu d’échecs, qui en respecte toutes les règles. C’est toujours vous qui commencerez la partie, et tout se joue à la souris : vous cliquez sur la pièce que vous souhaitez déplacer, puis sur la case où vous voulez la déplacer. Aucun risque de se tromper, puisque les cases où vous pouvez vous placer clignotent, et de toute façon le jeu ne fera rien si vous cliquez sur une autre case.
En suivant les menus indiqués en haut d’écran, vous aurez accès aux diverses options du jeu. Vous pourrez ainsi choisir de jouer face au CPU (il existe dix niveaux de difficulté) ou face à un vrai joueur avec deux bras et des poils, de créer vos propres parties équivalentes aux problèmes que l’on peut trouver dans les revues spécialisées, ou encore choisir de jouer en 2D ou en 3D.
Ceci mérite explication : le mode 2D présente l’échiquier vu de haut, les pièces ont leurs formes standards et aucun effet n’existe ; il s’agit du jeu tristounet dont je parlais plus haut. A contrario, le jeu 3D propose une vue de trois quarts hauts, des pièces humanisées et, surtout, des animations lors des déplacements et des prises. Oui, par exemple la tour se transforme en golem pour se déplacer, et frappera le cavalier sur le dessus du casque, le lui enfonçant littéralement jusqu’aux chaussettes. Et ce n’est que l’une des nombreuses animations du jeu : il en existe une différente pour chaque combinaison possible !
LAISSE-MOI RÉFLÉCHIR
Je me souvenais de Battle Chess comme d’un jeu très agréable. Ce n’est pas (plus ?) tout à fait le cas, mais on s’en approche tout de même.
C’est surtout la réalisation qui distingue ce jeu des autres jeux d’échecs. En effet, le jeu en 3D est superbe (toutes proportions gardées bien entendu, cela reste un jeu d’échecs sous DOS), et surtout les pièces sont animées de façon humoristique, rendant l’ensemble bien plus amusant que n’importe quel concurrent.
De même, la jouabilité se veut très simple. Attention toutefois, Battle Chess n’est pas un jeu didactique : si vous n’y connaissez rien aux échecs, vous ne comprendrez pas mieux en y jouant.
Pour le reste, Battle Chess accuse son âge. Sisi, il l’accuse, j’étais témoin au procès. Par exemple, il est difficile à l’heure actuelle de supporter les bruits soi-disant de trompette qui servent de bande-son, comme il est difficile de supporter les bruitages navrants du soft.
Et puis ce qu’il y a de bien, c’est que l’on peut se servir un café, le boire et aller le vider aux toilettes après digestion, le temps que le CPU choisisse ce qu’il va jouer. C’est encore pire lorsqu’on joue à la version DOS sous DOSBox, puisque les ralentissements (oui oui) sont légion ; notamment lors des déplacements des fous ou de la reine.
A propos de versions, la différence entre le jeu DOS et la version Windows 3.x est minime. Elle tient principalement à la présence des bruits de pas lors des déplacements, et aux curseurs qui sont colorés sous… DOS !
Dans le clan ultra-restrictif des jeux d’échecs, Battle Chess fait office de figure de proue. Un peu perdu lorsqu’il affronte un joueur agressif, le CPU ne s’en laisse pas compter face aux novices, et permet de jouer de nombreuses parties avant de s’ennuyer.