Alone in the Dark est un jeu vidéo PC publié par Infogramesen 1992 .

  • 1992
  • Aventure

Test du jeu vidéo Alone in the Dark

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Développé par Frédérick Raynal (Infogrames), publié par Interplay en 1992.

Alone in the Dark peut être considéré comme l’un des jeux précurseurs du genre survival-horror. Sans doute même le tout premier. Il m’a à l’époque donné bien des frissons lors de nombreuses nuits passées à me faire peur devant mon écran. Point question ici de dégommer du zombie à la machette ou la tondeuse à gazon, tout est ici affaire d’atmosphère angoissante à la H. P. Lovecraft et d’exploration tout en finesse.

Histoire

Nous sommes en 1920. Jeremy Hartwood s’est pendu dans le grenier de son manoir louisianais de Derceto. Ah, la Louisiane, cette terre où l’occulte et le rationnel font plus ou moins bon ménage. Terre du vaudou, terre du jazz aussi… Cet ancien bâtiment ayant la réputation d’être hanté, ce fait divers ne semble étonner personne outre mesure, et l’affaire est rapidement classée.

Insatisfait(e) par cette conclusion expéditive, vous vous introduisez dans cette inquiétante demeure à la recherche d’indices quant à ce qui aurait pu pousser le précédent résident (pas encore evil… ok, je sors) à mettre fin à ses jours.

Ce faisant vous rencontrerez d’inquiétantes créatures pas vraiment bien disposées à votre égard… et des pièges mortels ! Mon dieu, mais que se passe-t-il à Derceto ? Quelle est cette présence ignominieuse et indécelable tout à la fois ? Quels sont ces bruits ? Que se passe-t-il ici, par l’Enfer ?!?

Rassurez-vous… vous serez probablement mort(e) de peur bien avant de le découvrir ! Woah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Aaaaaaaah…

Déroulement de la partie

Après avoir choisi d’incarner Edward Carnby, détective privé vaguement versé dans le paranormal, ou la nièce même de feu Jeremy Hartwood, Emily, vous verrez une démo vous montrant arrivant au manoir dans votre automobile, en sortir, pénétrer dans la bâtisse et gravir les escaliers jusqu’au grenier, où vous prenez le contrôle du personnage. Le jeu a commencé… et vos ennuis aussi !

La partie (qui se déroule durant la nuit) va consister en l’exploration systématique du manoir et des souterrains qui parsèment son sous-sol, afin de glaner des informations. Il deviendra vite apparent que le « suicide » de Jeremy Hartwood soulève plus de questions qu’il n’en résout.

Démuni(e) que vous êtes au départ, vous trouverez des objets qui vous aideront à tenir le coup un peu plus longtemps : lampes, couteaux, épée, livres et parchemins – indispensables, ceux-ci : ils vous en apprendront beaucoup sur ce qui se passe dans le manoir, et vous aideront petit à petit à prendre le meilleur sur les forces obscures qui sont à l’œuvre –, disques, fusil, arc et flèches, etc.

Il y a très peu de combats dans Alone in the Dark. En effet, le jeu repose bien davantage sur l’exploration et la résolution d’énigmes, et il vaut beaucoup mieux éviter les adversaires dans la mesure du possible – d’autant qu’un certain nombre sont tout bonnement impossible à blesser. Ce sont les méninges qui sont mises à contribution.

Aspect technique

Alone in the Dark utilise des polygones pour obtenir un effet 3D relativement neuf pour l’époque sur les personnages. Cela résulte en des sprites certes moins bien définis qu’avec des pixels habituels, mais en contrepartie l’animation est plus fluide (Starwing, ça vous parle ?). Bien entendu aujourd’hui les graphismes paraissent rudimentaires et grossiers, mais à l’époque c’était relativement nouveau et le rendu visuel était tout à fait novateur et fascinant, malgré quelques moments où l’on voyait à travers certains sprites.

Le jeu se présente sous la forme d’écrans fixes (en 2D, eux) dans lesquels on peut évoluer virtuellement partout. Pas encore de caméras qui permettent de réajuster l’angle ici : si vous vous trouvez tout au fond de la pièce et un adversaire est à l’avant-plan, ça ne va pas changer et vous pourrez admirer votre (petit) personnage s’approcher du (gros) vilain pas beau depuis le fond de l’écran et lui filer une beigne. On ne retrouve plus guère cela à l’heure actuelle : ça donnait une ambiance et un visuel tous particuliers. Les angles choisis par les programmeurs ne sont pas laissés au hasard et participent réellement à l’atmosphère pesante du jeu.

Les couleurs sont très belles et de manière générale les décors sont très réussis. L’éclairage, la gestion des ombres, tout concourt à donner une belle ambiance gothique, oppressante, renfermée sans pour autant que tout soit sombre.

Il n’y a pas de musique, si ce n’est lorsqu’elle fait partie intégrante d’une salle. Les bruitages sont sommaires mais efficaces (planche qui craque, charnière qui grince, et Dieu sait quoi encore… un hurlement inhumain ?), mais cette austérité renforce le sentiment d’angoisse et de claustrophobie qui se dégage de ce jeu. Le moindre bruit (réel ou imaginé) vous fait dresser les poils dans la nuque, tellement on est pris par l’histoire et scotché à l’écran dans une espèce de plaisir morbide de se faire peur. L’ambiance est résolument un des points forts d’Alone in the Dark.

Mieux valait posséder une bonne carte son pour en profiter au maximum.

Le personnage principal se contrôle très bien. A cet égard aussi, on prend conscience de la grande qualité de ce logiciel.

En bref

Je pense avoir tout dit. Alone in the Dark m’a procuré de tels moments d’angoisse et de plaisir mêlés, il m’a tellement entraîné dans son univers inquiétant, qu’encore aujourd’hui, 14 ans après sa sortie, il me captive.

Un conseil : sauvegardez régulièrement (en particulier si vous n’utilisez pas de soluce, comme ce fut mon cas) car vous risquez fort de vous retrouver bloqué(e) et devoir recommencer au début, tant les situations bizarres et les énigmes vous poseront des problèmes.

Une autre remarque que j’ai lue sur internet : il semble que le jeu ne fonctionne pas à cent pour cent sur des PC récents, et cela pourrait poser des soucis notamment lorsque l’on court (ce qui arrive souvent).

Les joueurs plus jeunes, blasés à coup de Resident Evil et autres Silent Hill, ricaneront peut-être mais je ne peux que les encourager à se pencher sur ce précurseur. Il vaut vraiment la peine d’être découvert, pas uniquement pour sa valeur historique, mais parce que c’est un excellent jeu, tout simplement.

Verdict : 9/10

Alone in the Dark