Allied General est un jeu vidéo PC publié par SSIen 1996 .

  • 1996
  • Wargame

Test du jeu vidéo Allied General

4/5 — Exceptionnel ! par

Après avoir conquis l’Europe – et par extension – le monde avec les troupes de l’Axe, les aficionados de la célèbre série Five Stars General furent ravis de pouvoir réenfiler leur plus bel uniforme et leur plus beau képi pour se refaire l’intégralité de la seconde guerre mondiale mais cette fois, du côté Allié. En effet, la seule réelle différence existant entre Allied General et son prédécesseur Panzer General réside dans le camp imposé pour le mode campagne. Quatre campagnes différentes peuvent être engagées : l’Afrique du nord avec les Britanniques, des premiers heurts avec l’armée italienne jusqu’à El-Alamein ; le front occidental, soit avec les Britanniques, soit avec les Américains, qui vous verra combattre en Algérie, en Tunisie, en Italie et en France pour se terminer par la campagne d’Allemagne. La dernière campagne – la plus difficile – est le front de l’est. En tant que commandant de l’Armée Rouge, vous mènerez la pacifique armée des travailleurs et des prolétaires de la campagne de Finlande jusqu’à Berlin si le sort vous sourit, en passant par la plupart des terribles batailles qui ensanglantèrent cette zone de combat, comme Leningrad ou Stalingrad. Allied General offre également la possibilité de jouer à la totalité des scénarios indépendamment de toute campagne. Il est alors possible de choisir l’un ou l’autre camp, comme dans le jeu précédent.

Evidemment, dans un souci de cohérence historique, la plupart des batailles qui se sont déroulées sur le sol européen en 1939 et en 1940 ont été écartées du jeu. Inutile de râler : si on avait la possibilité de briser l’armée allemande avant la percée de Sedan, la partie ne serait pas très longue ou alors, Allied General aurait été obligé d’adopter un biais totalement uchronique (du style envahir la Ruhr en juillet 40). Allied General a en effet conservé l’intéressante particularité du premier jeu, selon laquelle le type de victoire remportée (mineur ou majeure) voire même une éventuelle défaite « autorisée » modifiait l’enchaînement des scénarios. Le jeu se concentre donc plutôt sur de nombreuses batailles « secondaires » d’Afrique du nord (Mersa El Braga, El-Agheila) ou du front de l’est (Dniepr, Debrecen, Lac Balaton), plus circonscrites dans l’espace, et dont l’issue ne risque pas de modifier complètement le cours des événements. Par exemple, perdre la bataille de Pskov avec les Soviétiques va dans le sens de l’histoire, et vous vous retrouverez alors à défendre Moscou. La remporter (ce qui est pratiquement impossible) vous donnera sans doute accès à une bataille chronologiquement située entre les deux précédentes. Ceci dit, il est évident que certains engagements décisifs (Stalingrad, Overlord, …) doivent obligatoirement s’achever par une victoire.

Allied General étant un wargame relativement complet, je pourrais passer de très nombreuses pages à vous expliquer son fonctionnement dans les moindres détails. Mais soyons clairs : les joueurs qui ont déjà une certaine expérience de Panzer General se retrouveront instantanément en terrain de connaissance. En effet, au niveau des menus de jeu et des possibilités d’action, rien n’a évolué depuis l’excellent wargame fondateur de la série. L’écran de jeu se présente toujours comme une zone divisée en hexagones de déplacements, avec un certain nombre d’objectifs stratégiques dont il faudra s’emparer dans le nombre de tours de jeu imparti. Les troupes qui vous sont propres vous accompagneront de bataille en bataille, gagneront ou perdront de l’expérience et pourront être upgradées dès que l’on disposera du nombre requis de points de prestige (disponibles en fonction des objectifs déjà atteints). On retrouve également la gestion du climat, la logistique à surveiller pour éviter que vos unités ne tombent à court de fuel ou de munitions, le menu qui permet de faire appel à des renforts (toujours en dépensant quelques points de prestige), l’écran présentant les caractéristiques de toutes les unités, … bref, l’éventail étendu des nombreuses possibilités offertes par Panzer General. Au niveau de la maîtrise du jeu, le seul apport réel d’Allied General est ergonomique. Passage en Windows oblige, il est à présent possible de faire apparaître à l’écran certains menus de jeu (carte stratégique, caractéristiques des unités, …) tout en continuant à jouer.

Comme expliqué plus haut, de nouvelles batailles ont remplacé celles qui avaient disparu depuis Panzer General (campagne de Belgique ou des Balkans par exemple ; dommage, il s’agissait des plus intéressantes du lot). Les batailles qui ont été reprises depuis Panzer General ont été retravaillées et sont plus réalistes. Stalingrad par exemple, se présentait dans Panzer General comme une large offensive depuis les confins de l’Ukraine jusqu’à la mer Caspienne. Dans Allied General, le champ de bataille a été ramené dans le périmètre immédiat de la cité, et la position en tenaille des troupes soviétiques prêtes à engloutir la VIe armée allemande correspond davantage à la réalité historique. On découvre aussi à nouveau quelques campagnes alternatives, prenant place dans un contexte historique mais avec des forces en présence différentes (par exemple, Zhitomir, une bataille de Kiev alternative), mais le seul de ces scénarios fictifs qui soit réellement intéressant est l’opération Jupiter, ce plan de Churchill visant à faire débarquer les troupes alliées en Norvège, afin de couper l’approvisonnement en fer de l’armée allemande.

Au niveau des unités, on retrouve aussi l’immense choix d’unités qui figurait déjà dans le premier jeu, mais quelques nouveaux joujous ont fait leur apparition, comme les Forces Polonaises Libres du côté Allié, les chasseurs à ski finlandais ou le Volksturm (cette milice constituée principalement d’adolescents et de vieillards) du côté allemand dans les derniers scénarios. La version CD propose en outre quelques vidéos d’introduction dans le style « actualités de guerre », des briefings présentés avec l’accent de rigueur (l’accent russe est un régal !) et pour introduire chaque bataille, des images qui n’auraient pas dépareillé dans la collection d’art contemporain de Goebbels.

Réalisation technique :

On l’a déjà dit mais Allied General est la copie carbone de Panzer General au niveau technique. Des graphismes précis et propres, les mêmes petites scénettes pour animer les affrontements entre unités (Petite digression : en 1996 et comparé à Panzer General, ces animations étaient effroyablement lentes et ralentissaient l’entièreté du jeu, simplement à cause du passage sous Windows), des menus ergonomiques et faciles d’accès y compris pour le néophyte, et des sonorités sans importance. Juste ce qu’il fallait pour gratifier Panzer General d’un confort de jeu optimal, et il en va de même pour Allied General. Néanmoins, deux ans s’étaient écoulés entre les deux softs, et on peut légitimement trouver que SSI a réalisé un boulot un peu léger. Quelques nouveautés, même sous forme de gadgets, n’auraient pas été de refus.

En bref : 16/20

Allied General n’apporte strictement rien à son prédécesseur si ce n’est la possibilité de jouer les campagnes du côté allié. Pour ceux qui avaient épuisé toutes les possibilités de Panzer General, la cinquantaine de nouvelles batailles proposées ici sont la garantie de nombreuses nuits blanches en perspective. Cependant, en tant qu’acharné n’ayant jamais lâché les commandes avant d’avoir terminé les batailles perdues d’avance sur une victoire majeure, je fus un peu déçu de mon achat. Non seulement par l’absence de nouveautés au niveau du gameplay mais aussi par le manque de variété des nouvelles batailles. A de rares exceptions près, on ne retrouve pas de batailles aussi excitantes que la campagne des Balkans, mettant en scènes 6 armées sur 5 fronts différents, l’aviation et la marine. Dans la plupart des configurations, les scénarios sont de classiques batailles mettant aux prises deux armées en face à face. Une fois la première ligne de défense enfoncée rapidement, ou la première offensive brisée, la victoire est généralement acquise. En soi, Allied General reste un wargame très réussi et très accessible, mais si vous avez déjà retourné Panzer General dans tous les sens, la possession de celui-ci n’est peut être pas impérative.

Allied General