Eiji Hashimoto n’est pas quelqu’un de particulièrement connu, ni sous son nom complet, ni sous son surnom de Buster. Ce développeur amateur est à l’origine d’une poignée de jeux plus ou moins intéressants, parmi lesquels King, Kimaru ou encore Guardian of Paradise. Point commun à tous ces titres sans grande envergure : un amour du pixel qui fleure bon la période dorée des huit et seize bits. Démonstration avec cet Akuji, bien moins démoniaque qu’on veut nous le faire croire.
IT’S NOT LIKE YOU TO SAY SORRY, I WAS WAITING ON A DIFFERENT STORY
Autrefois Akuji était un fier démon, qui terrorisait la contrée comme un professionnel, crachant, soufflant et tempêtant comme se doit de le faire toute créature des Enfers. Bref, un démon syndiqué, qui faisait ses huit heures de travail comme tout le monde avant de rentrer se reposer dans son château, prêt à attaquer le jour suivant avec le même entrain.
Mais si nous autres, pauvres humains que nous sommes, souffrons des excès de zèle des huissiers, pour les démons, la plaie s’appelle héros. Si bien qu’un jour, l’un de ces animaux en pagne armés d’épées, sans doute un peu contrarié que sa mie se soit fait capturer, pénètre dans le château d’Akuji, défait le seigneur des lieux, lui vole ses pouvoirs et le chasse de ses terres !
Voilà donc notre piteux démon, désormais privé de ses belles cornes qui font fureur en société, au chômage et sans domicile fixe. Qu’à cela ne tienne ! Il ne sera pas dit que le seigneur du Mal baisse les bras aussi facilement : Akuji part en quête de ses pouvoirs perdus afin de crier vengeance.
Bon, je vous avoue que j’ai un peu brodé, parce que l’intro tient sur deux écrans fixes, à l’origine.
I’VE BEEN WRONG, I’VE BEEN DOWN
Akuji the Demon est un jeu de plates-formes en deux dimensions qui se déroule le long de cinq niveaux gardés par un boss chacun, et plus ou moins (plutôt plus que moins, d’ailleurs) linéaires. Ces niveaux, de par leur construction, font sensiblement penser aux Castlevania post-Symphony of the Night.
D’autant plus que le décorum gothico-bisounours rappelle indéniablement celui de ces épisodes honnis de la saga de Konami : de châteaux en cavernes, de falaises en forteresses, Akuji affrontera des armures, des squelettes, des slimes et autres créatures volantes à la bouille attachante, dans des environnements colorés et chatoyants. Le truc c’est qu’ici, c’est assumé et ça colle bien à l’ambiance.
Au départ, Akuji ne sait quasiment rien faire. Il se déplace lorsque vous appuyez sur les flèches gauche ou droite du clavier, et il peut uniquement sauter. Mais à chaque fois que vous visiterez un nouveau stage, vous aurez l’occasion d’acquérir un nouveau pouvoir. Vous (ré)apprendrez ainsi à courir en appuyant deux fois de suite dans la direction souhaitée, à lancer des boules de feu pour vous défaire de vos adversaires, à rebondir sur les murs, à vous changer en brume pour traverser les grilles verrouillées comme un Alucard du dimanche, ou encore à vous transformer en chauve-souris pour voler.
Tout ceci vous permettra de traverser sans trop de problèmes les niveaux. Si jamais vous vous faites malgré tout toucher par une attaque adverse, vous aurez la possibilité de restaurer votre jauge d’énergie en ramassant les piments (!) que laissent parfois les ennemis derrière eux. Vous pourrez aussi recueillir des pierres Mana, en forme de crânes (attention, il existe des ennemis de même forme qui se font passer pour des pierres), qui servent plus ou moins de points d’expérience : si vous en collectez un certain nombre, vous accroîtrez votre jauge de santé, ce qui se révèlera utile lorsque vous devrez affronter le héros. Enfin, les plus complétistes pourront tenter de trouver les sept recueils. Ceci fait, ils pourront admirer les artworks du jeu depuis l’écran-titre.
THESE FIVE WORDS IN MY HEAD SCREAM : « ARE WE HAVING FUN YET ? »
S’il s’était agi d’un titre commercial, Akuji the Demon n’aurait même pas mérité une ligne en encart de Femme Actuelle (ou du Pêcheur de France, je suis pas misogyne). Mais heureusement pour lui, il s’agit d’un abandonware, et il est naturel de se montrer plus conciliant envers ces petites choses fragiles et tellement rares.
Visuellement, le jeu n’est pas bluffant, mais le graphisme simple est soigné. Chaque pixel est à sa place, le design des personnages est globalement mignon (sauf la tête d’Akuji lorsqu’il récupère un pouvoir), et seules les couleurs semblent un peu ternes. Les animations sont pour leur part d’une grande fluidité, et la partie sonore reste écoutable, sans grande conviction toutefois.
Concernant la jouabilité, Akuji the Demon est plutôt plaisant. Le petit démon se manie avec aisance, même si certaines commandes (course ou vol) auraient pu être mieux pensées. Malgré tout le jeu est d’une linéarité impressionnante, sans grande surprise et, surtout, il dégage une impression de déjà-vu comme peu de titres avant lui.
Ce qui aurait pu s’avérer fatal, encore une fois, s’il s’agissait d’un jeu complet. Mais pour tout vous dire, une partie ne dure qu’une petite heure et demie à tout péter. Très exactement, j’ai mis 1h22 et 31 secondes (il y a un chronomètre en bas d’écran) en faisant des tas de captures d’écran. Le jeu n’est pas difficile non plus.
Mais l’important n’est pas là. Nous sommes-nous amusés en jouant à Akuji the Demon ? Assurément. Il n’est pas forcément beau, il n’est certainement pas innovant, mais il est plaisant à jouer et c’est absolument tout ce que l’on peut demander à un jeu qui a été fait par un gars tout seul dans son coin, avec les moyens du bord et sur son temps de repos. En vous mettant dans l’optique de jouer à un petit jeu pour une pause détente, vous devriez sans aucun doute apprécier.