L’éditeur américain 7th Level s’est toujours distingué par sa vision très particulière des jeux vidéo. Pour ces développeurs indépendants, un jeu vidéo ne devait pas forcément être long, complexe, passionnant ou recherché. Non, il devait avant tout être totalement cartoonesque, soigneusement réalisé et bourré d’humour. Suivant ces principes furent programmé le jeu de combat « Battle Beasts », le jeu de plates-formes « Arcade America » et le jeu d’aventure « Ace Ventura » dont nous allons traiter ici. Ce point & click petit budget n’est pas basé sur les films avec Jim Carey mais sur une série de dessin animés eux-mêmes inspirés des films, qui ne furent diffusés qu’en Amérique du nord et ne connurent d’ailleurs pas un très grand succès.
En tout cas, qu’il soit filmé ou dessiné, Ace Ventura reste toujours le plus célèbre détective pour affaires animalières de Miami-est. Epaulé par son fidèle ouistiti Spike, Ace parcourt le monde pour tirer du pétrin la veuve (noire) et l’orphelin. Ce sera une fois de plus le cas dans l’aventure présentée ici, qui emmènera Ace en Alaska sauver un bébé baleine, en Bavière et au fond des océans, dans le célèbre Nautilius, afin d’empêcher un vieux marin français à bonnet rouge de faire chier les mérous. L’aventure se présente comme un traditionnel point & click, avec des objets à dénicher et à utiliser au moment idoine, quelques petits jeux de réflexion comme une carte marine à reconstituer suivant les principes du jeu de taquet, et de courtes séquences d’arcade (par exemple, un jeu d’adresse où il faut éviter des objets en nageant dans les couloirs inondés du Nautilius).
Réalisation graphique :
On retrouve la patte 7th Level, avec des décors et des personnages hyper-cartoonesques, des couleurs très flashy, et un million de petits détails idiots dans tous les coins de l’écran (Spike qui fait le singe, des poissons qui passent devant le Nautilius, des décors d’arrière-plan animés, etc.). De ce point de vue là, rien à redire : 7th level a toujours été un maître dans l’art de soigner le visuel de ses jeux. Reste qu’on peut très bien être hermétique à l’aspect hyper caricatural de l’ensemble. Ce n’est pas mon cas, mais il faut dire que l’accentuation des traits et des voix peut irriter (En même temps, on parle d’un film avec Jim Carrey, hein…). Bien que les personnages n’aient pas toujours les mouvements parfaitement décomposés, le nombre de postures, d’attitudes, de gestes et de mimiques faciales d’Ace ou de ses interlocuteurs rapproche ce jeu du pur dessin animé interactif.
Jouabilité / difficulté
Le point faible du jeu. Au niveau de l’ergonomie, rien à dire. Pour trouver plus basique et instinctif que ça (un bouton « action » et l’inventaire), il faut se lever tôt. Mais la difficulté est dramatiquement faible. Les actions à accomplir coulent de source pour toute personne ayant un tant soi peu l’habitude des jeux d’aventure, les puzzles sont simplistes et les séquences arcade ne résistent pas plus de quelques minutes. Il y a quand même un truc assez illogique dans le public visé par Ace Ventura. D’un côté, les énigmes, mécanismes à débloquer et petites séquences d’arcade sont dramatiquement simples. Un joueur expérimenté ne restera jamais bloqué très longtemps et on peut donc supposer qu’Ace Ventura se destine à un public néophyte ou très jeune. L’humour pipi-caca-braguette cher à Jim Carey devrait d’ailleurs faire hurler de rire les chtits nenfants. Mais dans ce cas, la présence d’un parental lock est pour le moins incongrue. De plus, vu la profusion de remarques débiles et de séquences non jouables couplée au faible nombre d’actions à accomplir, on a plus souvemt l’impression d’être spectateur que joueur.
Son
Des musiques de circonstance discrètes et fonctionnelles, des bruitages comiques et un doublage (V.O. uniquement) très réussi, avec la présence du vrai Jim Carrey dans le rôle d’Ace Ventura. Suivant l’empathie du joueur envers ce champion du divertissement intelligent, un choix à applaudir ou à vomir.
En bref : 11/20
Ace Ventura est assez plaisant à découvrir (sauf si on ne supporte pas l’humour crétin du personnage). Le jeu est soigné techniquement, et on passe un bon moment à assister / jouer à cette aventure rigolote. Mais ce moment est terriblement limité dans le temps. L’aventure est très courte, les énigmes ridiculement simples et malgré la tentative d’éclectisme apportée par les puzzles et les jeux d’action, les férus de jeux d’aventure trouveront le challenge ridiculement minimaliste. Vu qu’aujourd’hui, il est assez facile de dénicher le jeu sur les sites d’abandonware, toute inquiétude quant au plaisir à long terme est évacuée, mais Ace Ventura n’en reste pas moins une aventure simpliste destinée à ceux qui n’ont pas la moindre expérience de ce type de jeux.