Sortez vos carnets, vos crayons et prenez des notes. Aujourd’hui, grâce aux gentils développeurs de chez Marvelous Interactive, nous allons essayer de répondre à cette fameuse question hautement philosophique : comment gâcher une bonne idée ? Vous allez voir grâce à ce cours que nos amis ont poussé le concept très loin, jusqu’à ce que l’on appelle le point de non-retour.
RÈGLE NUMÉRO 1 : LE THÉORÈME DU CÔTÉ OBSCUR DE LA FORCE
Plus de guerres tribales ni de dieux maléfiques ici. Il s’agit d’un duel à mort entre Gogan le barbare et son frère. L’infâme rejeton de l’utérus de votre mère n’a rien trouvé de mieux que d’invoquer des puissances maléfiques qui le dépassent, et qui ont finalement pris le contrôle de ses actes, sans oublier de semer leur boxon un peu partout dans votre jungle.
RÈGLE NUMÉRO 2 : DANS LA GRISAILLE TU T’ÉTABLIRAS
The Legendary Axe II est un jeu d’action/plates-formes sensiblement identique à son aîné en terme de construction. Il vous demande cependant de traverser sept niveaux, soit un de plus que le grand frère (mais comme ils sont plus courts, la durée de vie ne varie pas d’un iota). Chacun est bien entendu gardé par un boss.
Ces niveaux sont peuplés d’indigènes primitifs, d’animaux agressifs et de morts-vivants pathétiques, et ils ont la bienséance d’être tous identiques. Certes, on y gagne en cohérence, là où les stages de Legendary Axe étaient bariolés et sans grand rapport entre eux. Mais on y perd en variété, puisqu’il s’agit durant toute l’aventure de couloirs grisâtres sur fond de nuit perpétuelle.
D’une manière plus générale, la réalisation est d’ailleurs assez décevante. Qu’il s’agisse des graphismes, des animations ou de la bande-son, aucun effort n’a été fourni pour que Legendary Axe II surpasse son modèle.
RÈGLE NUMÉRO 3 : UN PEU DE PUBLICITÉ MENSONGÈRE NE FAIT JAMAIS DE MAL
Pour vous débarrasser de vos assaillants, vous êtes armés… Eh non ! Pas d’une hache mais bel et bien d’une épée. Certes, d’après l’écran-titre, votre arme est ornée d’un pommeau à forme de hache (ça doit pas être très pratique à manier, d’ailleurs), mais en aucune manière cela ne se retrouve dans le jeu.
Gogan saute lorsque vous appuyez sur le bouton I (il n’a toujours pas compris ce qu’était la gravité et fait donc toujours des bonds de vingt mètres) et frappe si vous pressez la touche II.
Il se pourrait également qu’en détruisant certains ennemis, vous obteniez de quoi augmenter la puissance et la vitesse de votre lame, voire de quoi la transformer en masse d’arme. Vous pourrez également obtenir de quoi restaurer votre jauge de santé à son état initial, ou des vies supplémentaires.
RÈGLE NUMÉRO 4 : ÉVITEZ AUTANT QUE FAIRE SE PEUT DE BOUSCULER LES VIEILLES HABITUDES
Avant d’en appeler à la règle ultime et primordiale, synthétisons un peu nos observations. Nous avons là un jeu qui nous propose un scénario sans aucune continuité avec le précédent, des graphismes affreusement tristes et redondants, une réalisation globalement décevante et un gameplay qui n’a pas varié d’un pouce depuis l’opus précédent.
Vient alors la fameuse règle numéro quatre. Celle qui dit que toute nouveauté est à proscrire. Car si le jeu n’innove ni dans sa jouabilité, ni dans son game design, il ne propose pas non plus le moindre changement dans son level design. Les niveaux sont désespérément plats, et Legendary Axe II est devenu un bête beat ‘em all bourrin à souhait, là où son prédécesseur s’orientait comme une variante « cimmérienne » de Castlevania (ou autres références, je ne suis pas sectaire). On s’ennuie ferme.
L’avantage étant que l’on ne s’ennuie pas longtemps, par contre. Les niveaux sont encore plus courts que ceux du précédent volet, et la difficulté n’est vraiment pas énorme.
Marvelous Interactive a donc respecté à la lettre la règle de quatre, qui peut transformer n’importe quelle bonne idée en titre pitoyable. Je vous laisse vous imprégner de tout cela, et nous nous retrouvons la semaine prochaine pour une interrogation en bonne et due forme.