Seirei Senshi Spriggan (Super CD-ROM²) est un jeu vidéo PC Engine publié par Naxaten 1991 .

  • 1991
  • Shoot Them Up

Test du jeu vidéo Seirei Senshi Spriggan (Super CD-ROM²)

5/5 — Parfait ! par

Développé par Compile, édité par Naxat.

Petit problème de mathématiques :

  • Soit Lords of Thunder le meilleur shmup horizontal de la console (y’en a qui sont pas d’accord, mais ils ont pas de goût).

  • Soit X son pendant vertical. X est égal à… ?

Les petits lutins de chez Compile (ai-je besoin de préciser qui est Compile ? Allez, quelques titres au pif : Zanac X Zanac, Aleste, Xevious, Puyo Puyo…) répondent à la question de manière très simple : X, c’est notre jeu, Seirei Senshi Spriggan. Et d’un coup, tout le monde se tait. C’est ça le respect.

LE PETIT MANUEL DE LA GUERRE POUR LES NULS

Ça en a pas forcément l’air comme ça, mais Spriggan est une œuvre fictionnelle traitant de géopolitique. Sisi. À condition bien entendu de considérer que géopolitique veuille uniquement dire guerre. Les deux superpuissances militaires de la planète où se déroule le jeu se livrent une guerre pour le contrôle des puissances élémentales. Il y a donc deux armées qui s’affrontent : les gentils, représentés par vous tout seul, et les méchants, représentés par les myriades d’enfoirés qui vous tirent dessus.

ÉLÉMENTAL MON CHER WATSON

Seirei Senshi Spriggan est donc un shmup, encore et toujours un shmup. Défilant à la verticale, il vous demande de traverser, aux commandes d’un mécha, sept niveaux gardés par un boss chacun. Il arrive même parfois que le niveau soit divisé en deux zones, chaque zone ayant droit à son propre boss.

Si ce sont exclusivement des méchas et des vaisseaux spatiaux que vous allez affronter, Spriggan ne se contente pas pour autant de vous faire voyager uniquement dans l’espace. Bien au contraire, les environnements sont variés et, pour autant que je puisse en juger, foutrement originaux à l’époque. Survolant pour commencer une forteresse aérienne au-dessus des nuages, vous continuerez votre périple par une région boisée et lacustre avant de plonger dans les entrailles de la terre. Place ensuite à une nouvelle forteresse, au cœur d’un volcan celle-là, puis à des ruines fumantes avant les deux derniers niveaux qui, pour le coup, se déroulent bel et bien dans l’espace.

Au départ vous ne pouvez que tirer vers l’avant en martelant (ou en restant appuyé, le tir est muni d’un autofire) le bouton II. Ce tir est d’ailleurs assez faiblard, mais bien entendu cela va rapidement changer. Tout l’intérêt de Spriggan repose sur un gameplay à la fois extrêmement simple et incroyablement étoffé, basé sur de très classiques orbes de couleur.

Il existe quatre couleurs d’orbes, pas plus. Les rouges transforment votre tir en boules de feu puissantes mais à la portée limitée, les jaunes vous confèrent un tir multiple un peu trop focalisé, les vertes vous font tirer des lames d’énergie au grand champ d’action mais à la puissance réduite, et les bleues vous offrent une spirale d’eau qui reste le meilleur compromis entre puissance et rayon d’action. Simple non ?

Et déjà vu surtout. Seulement, là où les lutins de Compile prouvent une fois de plus qu’ils sont supérieurs à nous autres, pauvres macaques qui nous prenons pour l’espèce la plus évoluée de la planète, c’est qu’ils ne se sont pas arrêtés là. Déjà parce que vous pouvez choisir de sacrifier un orbe pour balancer une grosse explosion à la gueule de votre adversaire. Il vous suffit pour cela d’appuyer sur la touche I. Ce n’est pas une vraie smart bomb, si c’est cela que vous recherchez il faudra vous tourner vers le dernier type d’orbe existant : les marrons clignotants. Une fois touchés, ces orbes liquident toute présence hostile à la surface de l’écran.

Mais bref, reviendons-en-donc-t-est-ce-que à nos moutons. Les orbes peuvent donc être sacrifiés, mais ils peuvent surtout être cumulés. Dans la plupart des shmups, cumuler deux sphères d’une même couleur accroît la puissance du tir de cette couleur, alors que si on choppe deux couleurs différentes la forme du tir change mais la puissance n’augmente pas. Ici les effets sont cumulatifs, et la puissance augmente donc de manière naturelle.

Je m’explique. Souvenez-vous : orbe rouge = boule de feu et orbe bleue = spirale d’eau. Eh bien orbe bleue + orbe rouge = boules de feu en spirale ! Vous pouvez collecter jusqu’à trois orbes à la fois, et vous devez savoir que l’ordre des orbes influe directement sur le tir que vous obtiendrez : une combinaison jaune-bleu-jaune n’a pas le même effet qu’une combinaison bleu-jaune-jaune. Vous vous rendrez donc compte que les possibilités sont nombreuses (même si certaines combinaisons se recoupent), et vous devrez beaucoup expérimenter avant de trouver celle(s) qui vous convient(-nnent) le mieux.

Notez enfin qu’un autre mécha, dirigé par l’ordinateur, viendra régulièrement vous prêter main forte. Ceci dit, n’espérez pas qu’il vous sauve d’un quelconque danger ; son apparition est anecdotique et il se fait détruire avant d’avoir touché qui que ce soit dans le camp d’en face…

SUPER HYPER MÉCHA ULTRA GIGA BIEN

Seirei Senshi Spriggan a tout pour lui, à commencer par des papas qui l’ont bichonné dans les moindres détails. Y compris sur le plan du scénar’, car même si l’histoire est au ras des pâquerettes, l’univers un peu SF, un peu medfan et un peu steampunk a de quoi séduire.

D’autant que le jeu est splendide. Alors attention, il ne faut pas comparer ce jeu à un Lords/Gate of Thunder : à l’époque, les shmups verticaux étaient forcément moins beaux que leurs homologues horizontaux. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est un fait. Et il est vrai qu’en dehors du premier niveau qui en jette, les autres sont un peu décevants. Mais Spriggan compense par des sprites nombreux, superbes et souvent imposants, et des effets intéressants (vos tirs, les trous dans la roche du troisième niveau…).

Les animations sont du reste impressionnantes. Encore une fois, l’écran a beau être saturé de sprites qui vont et viennent en tous sens, de tirs et d’explosions et du défilement permanent de l’écran, souvent sur de multiples parallaxes (un effet rare et plaisant dans un shmup vertical), jamais la PC Engine n’est prise au dépourvu.

Et support CD oblige, la bande-son rythmée et parfois très recherchée en impose, faisant de la réalisation de Spriggan un petit bijou d’orfèvrerie.

Quant à la jouabilité, que voulez-vous que je vous dise ? Chez Compile on a attrapé une dizaine de shmups, on a vu qu’ils se jouaient tous de la même manière, on a repris les bases à l’identique et on les a transformées en chef d’œuvre. C’est de l’humour de lutins il paraît.

La difficulté, bien dosée mais tout de même assez relevée, et la durée de vie assez colossale du jeu (les niveaux sont parfois très longs), réservent tout de même Spriggan aux joueurs qui ont du temps devant eux et pas mal de patience. C’est vrai que le shmup est en général assez élitiste, parce que son public est assez masochiste. N’empêche que si vous aimez un minimum vous faire souffrir, et en chier avant de traverser un niveau, alors il n’y a aucune raison que Spriggan ne vous satisfasse pas totalement.

Alors ouais OK, j’ai encore mis un dix. Que voulez-vous, je m’emballe peut-être, mais devant des jeux de ce calibre je ne peux décemment pas mettre moins.

Seirei Senshi Spriggan (Super CD-ROM²)