Bien avant Street Fighter premier du nom, Yie Ar ! Kung-Fu fut l’un des précurseurs du beat ‘em up tel que nous le connaissons aujourd’hui. Martial Champion devait s’appeler à la base Yie Ar ! Kung-Fu 3. Sans doute que devant la médiocrité du résultat, Konami a décidé de le rebaptiser pour ne pas entacher le nom. Venu des salles enfumées, le jeu a été porté sur Super CD-ROM².
LE GRAND TOURNOI, MAIS SANS VAN DAMME
Martial Champion ne s’embarrasse pas vraiment d’un scénario. Les dix combattants du jeu participent à un grand tournoi d’arts martiaux international, dans le but unique de détrôner le champion actuel, un certain Salamander. Ce dernier est une force de la nature, et il sera compliqué d’en venir à bout. Ou pas…
AROUND THE WORLD
Et nous voilà donc devant Martial Champion, beat ‘em up vous proposant de choisir votre personnage parmi dix, pour l’amener vers les sommets de la gloire et le titre de champion du monde de tartes à la phalange. Vous avez le choix entre un mode histoire traditionnel, un versus pour jouer à deux, et un tournoi.
Parmi les dix, nous avons Jin, traditionnel clone du Ryu de Street Fighter, Goldor (malgré son nom, il est censé être Français) le blondinet baraqué, Bobby le militaire américain, Chaos la reine égyptienne qui saute dans tous les sens, Mahambah le guerrier lent et faiblard, Titi le griffu de service, ou encore Avu l’obèse qui joue l’homme-canon. Vous l’aurez compris, Martial Champion surfe sur la vague et ne propose que des copies des personnages de Street Fighter II à peine déguisées.
Pas de révolution non plus concernant le gameplay : vous vous battez en un-contre-un dans des arènes dédiées (temple bouddhiste, palais persan, porte-avions, pyramides…) selon une règle de deux rounds gagnants chronométrés, et devez vider la jauge de vie (qui se trouve en bas d’écran d’ailleurs, alors que le chrono est resté en haut) de l’adversaire avant qu’il ne vide la vôtre.
Pour ce faire, vous disposez de deux boutons de coups de pied (faibles et forts) et de deux boutons de coups de poing, que vous mélangerez à diverses directions pour obtenir de puissants coups spéciaux. Rien de sorcier, les traditionnelles combinaisons (quart de tour plus poing ou pied, avant arrière avant coup, etc.) fonctionnent exactement comme dans un Street.
LA VIE EST UNE MACHINE À FRIC OÙ LES AFFREUX N’ONT PAS D’AFRO
D’après vous, qu’est-ce qui est le pire ? Un jeu bâclé ou un mauvais clone ? Réponse : Martial Champion, qui a le bon goût d’être les deux à la fois ! Et je fais cette affirmation sans même m’intéresser au scénario, ou du moins à son absence.
Visuellement, l’original en arcade était particulièrement laid. Son design foireux, ses couleurs approximatives et ses positions burlesques en faisaient déjà une pâle imitation. Ici c’est pire, puisqu’on y perd à la fois en taille des sprites (en arcade ils étaient énormes), en palette de couleurs (elles sont toujours aussi flashy mais moins nombreuses) et en fluidité de l’animation.
Tout aussi grave : malgré le fait que le jeu tourne sur Super CD-ROM², les musiques n’ont pas été retravaillées pour profiter du support CD.
Sérieusement handicapé par sa réalisation minimaliste, Martial Champion souffre en plus d’une jouabilité sans saveur, copiant bêtement ce qui se faisait à l’époque sans chercher à apporter sa touche. Ce n’est même pas du bon clonage, puisque les coups sortent moins facilement que dans SFII et consorts, et des problèmes de collision incessants viennent un peu plus gâcher une fête déjà digne d’un enterrement.
La difficulté est donc de mise, mais comme le roster est finalement assez pauvre, vous ne passerez pas vos nuits à jouer à Martial Champion. De toute façon, qui voudrait y passer ses nuits ?
Développé au fin fond d’une cave ougandaise par un iguane savant doté d’un effarant strabisme (en tout cas c’est la version que je préfère croire, je refuse d’imaginer que ce puisse être un humain voire, pire, un groupe d’humains, qui a développé ce jeu), Martial Champion ne plaira même pas aux drogués du beat. Mieux vaut se plonger dans l’alcool et tenter d’oublier cette triste expérience. Hélas, j’ai tendance à croire que même avec une intraveineuse d’absinthe, je ne saurais totalement rayer de mon subconscient cette horreur vidéoludique…