Lorsqu’un joueur entend le nom d’IREM, en principe, il pense avant tout à la saga des R-Type. A la limite, il se souvient peut-être aussi de quelques titres comme Kung Fu Master ou Hammerin’ Harry. Mais certainement pas de Legend of Hero Tonma. Il faut dire que ce jeu n’a pas rencontré un succès interplanétaire, et ce n’est pas forcément étonnant.
TOUT SE JOUE À L’ÂGE PLAYSKOOL
Ici, point de contexte spatial ou d’environnement urbain : le monde de Legend of Hero Tonma est médiéval-fantastique, coloré et plaisant à vivre, semble-t-il. Ce qui ne l’empêche pas d’être envahi de créatures monstrueuses qui ne songent qu’à y semer le chaos. Heureusement, vous êtes là. Vous vous appelez Tommy, ce qui n’a rien de très glorieux, je vous comprends. Vous êtes roux, bedonnant et court sur pattes, mais vous êtes un héros, avec épée, cape et tout le tralala. Et c’est à vous que revient la mission, désormais fort classique, de sauver le monde.
DE CAPE ET D’ÉPÉE
Legend of Hero Tonma est un jeu de plates-formes à l’instar du premier Super Mario Bros. ; sous-entendu qu’il vous demande de traverser des niveaux en ligne droite. En l’occurrence, lesdits niveaux sont au nombre de six et sont tous gardés par un boss.
Votre aventure vous conduira à traverser des ruines, une montagne, une forêt ou encore un volcan, tout cela en affrontant des ennemis pour la plupart putréfiés.
Pour vous en défaire, deux solutions s’offrent à vous : vous pouvez leur sauter sur le sommet du crâne, mais dans ce cas il vous faudra trois coups pour chaque adversaire (les deux premiers ne font que paralyser l’ennemi). Ou bien vous pouvez choisir de leur tirer dessus.
Retrouvant son âme de créateur de shmups, IREM transforme donc notre chevalier en apprenti-magicien, et si les projectiles sont à la base assez ridicules, ils peuvent augmenter en puissance à mesure que vous ramasserez des bonus. Ces derniers sont enfermés dans des coffres, au même titre que les boucliers ou les vies supplémentaires. Notez à ce propos que le moindre choc encaissé vous fait perdre directement une vie (sauf si vous aviez ramassé un bouclier), vaporisant littéralement le petit Tommy et ne laissant plus sur place que sa cape.
Dernier point important : vous trouverez régulièrement, dans la plupart des niveaux, des portes qui vous bloqueront l’accès vers la suite de votre parcours. Je vais jouer l’enfonceur de portes ouvertes en écrivant cela (oui j’ai de l’humour ; de l’humour à deux ronds mais de l’humour quand même), mais il vous faudra dans ce cas trouver la clef qui ouvre la fameuse porte. Rassurez-vous malgré tout, le jeu est loin d’être axé sur l’exploration - ça a rien de rassurant au final - et la clef se trouve forcément à proximité.
LA LÉGENDE A DU PLOMB DANS L’AILE
Legend of Hero Tonma prend pour cadre un univers gentillet et coloré, et y colle des ennemis morts-vivants. Le contraste aurait pu être saisissant, mais les designers ont décidé que ces squelettes ambulants et autres zombies auraient un look définitivement ridicule. Ce qui, ajouté à un héros courtaud muni de solides abdos-bière, vous rappelera peut-être le hit d’une autre célèbre firme, j’ai nommé Ghosts ‘n Goblins de Capcom.
Mais là où le concurrent disposait d’une ambiance « effrayante » et en tout cas cohérente avec son bestiaire, Legend of Hero Tonma nous la joue quand même Bisounours à mort. Les squelettes géants qui font les gros yeux, ça effraiera peut-être les tout-petits (et les amateurs de Castlevania post-SotN), mais c’est à peu près tout. Et si c’était ça, l’idée ?
Si IREM avait voulu faire un Ghosts ‘n Goblins (ça c’est indéniable, ça se retrouve jusque dans la présentation des niveaux) pour les enfants ? Pour jouer à se faire peur comme les grands ?
J’extrapole peut-être, mais il n’en reste pas moins que Legend of Hero Tonma est à la fois parfaitement réalisé (les graphismes sont très riches et très colorés, l’animation est fluide, la bande-son est enlevée et agréable à l’oreille, et la prise en mains est immédiate) et extrêmement enfantin, avec une difficulté proche de zéro et des niveaux d’une telle courtitude que Ségolène s’en excuserait presque.
Si tel était le cas, cela nous donnerait un soft à mi-chemin entre le très familial Super Mario Bros. et le presque glauque Ghosts ‘n Goblins. Alors forcément, pour un ado acnéen en pleine découverte de ses hormones, ce serait une faute de goût impardonnable, mais pour un p’tit mioche, ça serait une sacrée aubaine.
Manque de bol, cette probable ouverture d’IREM au monde des jeunes joueurs n’a visiblement pas porté ses fruits, et Legend of Hero Tonma s’en retournera dans les limbes sans avoir connu de descendance. Mais essayez-le juste une fois pour voir : ça vous coûtera pas beaucoup de temps (une partie dure dix minutes) et, qui sait, ça pourrait peut-être réveiller l’enfant émerveillé des années 80/90 qui sommeille en vous.