On ne compte plus les innombrables clones engendrés par WonderBoy, l’un des précurseurs du jeu de plates-formes. Hudson Soft, qui est un peu au jeu vidéo ce que le coucou est à la gent volatile, est l’un des imitateurs les moins scrupuleux puisque sa série phare, la série des Adventure Island, se contente le plus souvent de reprendre les versions originales de Sega, en changeant le personnage et quelques petits trucs dans les graphismes. Non content d’avoir fait de Master Higgins l’un des héros les moins honorables des années 80 et 90, Hudson Soft s’est également fendu de plusieurs clones de clones, à commencer par ce JJ & Jeff plutôt médiocre.
Les deux héros de l’affaire, Ken-Chan et Kato-Chan (rebaptisés JJ et Jeff pour les besoins du marché américain), sont deux présentateurs japonais qui animaient une émission satirique dans les années 80, et qui inspirèrent l’émission américaine «America’s funniest home videos». Tout un programme… Dans ce jeu de série B, les voilà transformés en détectives amateurs à la recherche d’un homme très riche qui a été enlevé. Seul l’un de ces deux olibrius pourra partir en mission, et son collègue fera dès lors tout son possible pour lui mettre des bâtons dans les roues. En pratique, on a donc affaire à un WonderBoy-like tout à fait classique, où l’objectif est d’arriver à la fin du niveau après avoir sauté sur de très nombreuses plates-formes, rossé de petits animaux d’apparence inoffensive et collecté des bonus fruitiers afin que la vitalité du personnage ne tombe pas à zéro.
Une fois de plus, les différences avec le jeu d’origine sont ultra légères. Le personnage a troqué le slip en feuilles de palmier contre le costard trois-pièces, la jungle a été remplacée par la ville et au lieu de tomahawk, JJ & Jeff balancent des coups de savates et peuvent maintenant sauter sur leurs ennemis. La principale caractéristique de ce soft est qu’il s’inscrit dans une veine dont raffolent les Japonais, le «Toilet humor», autrement dit l’humour pipi-caca à la Toilet Kids. Les héros trouveront donc des bonus dans les toilettes publiques et n’hésiteront pas à botter les fesses de leur partenaire pendant que ce dernier pisse contre un arbre. La version américaine a malheureusement été expurgée de la plupart de ses connotations scato, avec pour conséquence que JJ & Jeff est simplement ramené à son statut de clone moderne de WonderBoy. Par exemple, dans la version américaine, les personnages peuvent se servir d’un spray pour gazer leurs adversaires. Dans la version jap, le gaz est… disons… une production plus personnelle… !
Réalisation technique :
Les sprites sont imposants, dans un look SD qui plaira ou pas, mais c’est bien la seule chose positive qu’apporte JJ & Jeff à la version d’origine. Les décors sont soit ternes, soit vides et la modernisation de l’environnement n’est pas spécialement une bonne chose, tandis que la bande sonore est d’une insipidité absolue. Afin d’obtenir un effet comique, la vitesse du jeu a été considérablement accrue, un peu comme dans un film muet. Cela fait peut-être hurler de rire les Japs de voir ces deux anti-héros cavaler sur leurs petites gambettes mais ça n’arrange pas vraiment la maniabilité, déjà très imprécise à la base.
En bref : 07/20
Un clone de WonderBoy particulièrement mal foutu. Le côté scato est relativement amusant - si on aime ce type d’humour - mais passé les premières minutes de surprise, on découvre un jeu bien inférieur à son modèle dans tous les domaines.