Darius Plus (ou Darius + selon les supports) est en réalité une version boostée aux hormones du premier Darius à être sorti en arcade. C’est l’un des rares jeux à être jouables à la fois sur PC Engine et sur SupergrafX, avec des graphismes supérieurs dans le cas de cette dernière possibilité. Et outre le fait que la Hu-Card fonctionne sur les deux supports, il existe aussi une version Super CD-Rom² nommée Super Darius, qui améliore encore le visuel ! Oui, hein, ça devient vite le bordel, avec quatre noms pour le même jeu. Je vous ai parlé de Sagaia, sinon ?
DÉSIGNÉS VOLONTAIRES
Nous sommes dans un lointain futur et Paco Rabanne est formel : d’ici là, l’humanité aura bouffé toutes les ressources de la planète. C’est pourquoi des expéditions en dehors du système solaire sont menées, dans l’espoir d’y découvrir une nouvelle planète à conquérir, saccager et détruire. L’heureuse élue, si l’on peut dire, se situe dans une lointaine galaxie et sera nommée Darius par les premiers colons. Des colons qui prospèrent (youplaboum) pendant quelques mois, jusqu’à ce que débarquent les vaisseaux de guerre de l’Armée de Belser, une race extraterrestre belliqueuse par nature. La seule ligne de défense de Darius se trouve alors être la série des Silver Hawks, de petits vaisseaux de guerre monoplaces. Les deux meilleurs pilotes de la colonie, Proco et Tiat, sont sélectionnés pour se jeter dans la gueule du loup. C’est gentil ça les gars, fallait pas. Non mais vraiment, fallait pas…
L’ATTAQUE DES POISSONS DE L’ESPACE
Darius Plus est un shoot ‘em up horizontal. La principale originalité de Darius en arcade se situait dans son gigantesque écran (qui faisait grosso modo trois fois la taille d’un écran normal !) ; ici ce n’est bien entendu plus le cas. Alors, Darius Plus ne peut plus se distinguer que par sa durée de vie, puisque l’aventure s’étale sur vingt-six niveaux. Cependant, émettons tout de même un léger bémol : vous n’aurez pas à traverser tous ces stages pour voir la fin du jeu. En vérité, à chaque fin de niveau, vous pourrez décider de vous envoler vers le haut ou le bas, ce qui vous mènera à deux niveaux distincts. Concrètement, les stages portent une lettre de A à Z. Une fois que vous avez fini le niveau A, vous pourrez vous rendre dans la zone B si vous prenez la direction haute, ou dans la C si vous prenez la basse. Et ainsi de suite jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Et la mort, croyez-moi, peut arriver au moindre tournant. Les décors sont peu variés (il existe en gros une dizaine de décors pour les 26 stages, avec simplement des variations de couleurs) mais particulièrement vicelards, puisque tout ce qui traîne au premier plan (rochers, météores, piliers, tuyaux) vous sera fatal au moindre contact. Sans même parler de vos ennemis - qui ont pour la plupart, pour les boss en tout cas, la forme de poissons ou de fruits de mer - et de leurs projectiles.
Cependant, vous pouvez tout de même compter sur un vaisseau un minimum évolué. Il dispose en fait de trois moyens de défense : les missiles qui partent directement vers l’avant, les bombes qui sont relâchées vers le sol, et l’Arm, sorte de bouclier capable d’absorber les impacts. À chaque type d’arme sa jauge de couleur, rouge pour les missiles, verte pour les bombes et bleue pour l’Arm. Vous pouvez augmenter l’efficacité de chacun en récoltant sur les carcasses fumantes de vos adversaires des sphères de la couleur idoine.
PLUS C’EST LONG, MOINS C’EST COURT
Les codes définissant le shoot ‘em up sont assez figés. Une fois posées les bases, il devient difficile de s’en extraire pour proposer quelques chose de nouveau, et c’est pour cela qu’en dehors de rares exceptions, les concurrents qui se sont lancés dans la course au shmup n’ont pas forcément brillé par leur originalité. Si en plus c’est Taito (une boîte reconnue pour la qualité de ses productions, mais pas pour leur aspect novateur) qui s’y colle, ça nous promet du classique.
Et il est vrai qu’en dehors de son écran géant, Darius ne sortait pas vraiment du lot. Pour ce portage sur PC Engine, on n’a même plus l’écran triple XL. Du coup, Darius Plus devient un shoot assez banal. Au demeurant, les graphismes sont plutôt jolis. Très fidèles à l’arcade, les décors regorgent de détails et de couleurs et les sprites, notamment ceux des énormes boss poiscailles, sont superbes. Techniquement, il n’y a donc pas grand-chose à reprocher au jeu, d’autant que l’animation ne souffre que de peu de ralentissements et que la musique est péchue et plutôt agréable.
Reste que lorsque les mêmes décors, les mêmes ennemis et les mêmes boss se reproduisent sur vingt-six longs niveaux, l’ennui est là. Et comme, en plus, le gameplay ne se renouvelle jamais, une partie de Darius Plus s’apparente vite à un long parcours du combattant. Oui parce qu’en plus, la difficulté est bien velue, tant qu’à faire.
Bref, Darius Plus fait partie de ces œuvres de Taito que l’on ne saurait juger correctement (à côté de ça, la firme a aussi pondu un nombre incalculable de hits, hein, croyez pas que j’ai une dent contre elle) : objectivement irréprochables mais avec lesquelles on ne s’amuse pas vraiment. Des jeux qui manquent d’une âme, de ce petit plus qui peut en faire des chefs d’œuvre. En l’état des choses, Darius Plus est bien. Juste bien.