Développé par Masaya, édité par NCS (Nippon Computer Systems).
S’il est une série qui fascine autant qu’elle surprend, c’est sans aucun doute celle des Cho Aniki. Elle a débuté sa carrière sur le Super CD-Rom² de la PC Engine avant de poindre, au petit bonheur la chance, sur des supports comme la Super Famicom, la Saturn, la PlayStation, la WonderSwan, la PlayStation 2 ou encore la PSP. Il y a donc bien un public pour ce type de productions, que l’on imagine pourtant mal franchir les barrières d’un archipel nippon friand de jeux étranges, alors que le reste du monde se cantonne aux productions plus formatées. Décryptage.
À L’INSU DE MON PLEIN GRÉ
Le Bo Empereur Bill (ça passe mal en français, mais en japonais ça se dit grosso-modo « boteibiru », soit la translation de « bodybuild »), vainqueur incontesté des dix dernières éditions du Grand Tournoi Intergalactique de Bodybuilding, souffre désormais d’un manque de protéines qui confine à du sevrage. Mais plutôt que de tenter de devenir clean, il préfère lancer une invasion massive sur les planètes environnantes pour refaire le plein. L’Empire des Cieux, se sentant menacé, envoie ses deux meilleurs agents, Idaten et Benten, lui botter le cul.
ON N’EST JAMAIS TROP AIDÉ
Cho Aniki est un shoot ‘em up horizontal qui propose trois modes de difficulté : facile, moyen et difficile. Il se déroule le long de cinq niveaux. Cela peut paraître peu au premier abord, mais les stages sont relativement longs, littéralement envahis d’ennemis, et ils comprennent généralement un boss de mi-parcours et un boss de fin de niveau. Les environnements traversés sont relativement classiques (nuages, espace, ville, palais et planète ennemie), baignant dans une atmosphère steampunk de bon aloi, mais ce sont les ennemis qui représentent la principale originalité du soft. Depuis les colosses bodybuildés jusqu’à la tête de bonze qui crache des soucoupes volantes, en passant par la harpe en forme de lune, les pièces d’échecs, le vaisseau volant à tête d’Elvis ou le colosse en string qui sort de sa coquille St-Jacques, il y en aura pour tous les goûts et pas forcément les meilleurs.
En dehors de cette bizarrerie, Cho Aniki se montre plutôt classiques dans son déroulement. Les contrôles sont d’une évidence crasse : vous utilisez le pad directionnel pour vous déplacer sur toute la largeur de l’écran, et ainsi pour slalomer entre les adversaires et leurs projectiles, et pressez le bouton I pour ouvrir le feu (maintenez la touche enfoncée pour réaliser votre attaque spéciale), le bouton II permettant quant à lui à relâcher vos précieuses smart bombs.
Au long de votre parcours, vous récolterez divers items vous permettant d’accroître votre puissance de feu. Les protéines permettent d’augmenter l’efficacité de votre tir principal, les bombes rechargent votre stock de smart bombs, l’ange vous rend temporairement invincible. Vous trouverez également Samson et Adon, deux culturistes qui deviendront d’ailleurs les héros de l’épisode suivant. Ici, ils font office de modules comme dans un Gradius : ils tournoient autour de votre personnage et font feu en même temps que lui. Enfin, il est possible de mettre la main, si je puis dire, sur Umimin. Cette créature ressemblant à une capote vaguement humanoïde fond sur vos adversaires durant tout le temps qu’elle vous accompagne, et les détruit, cela va sans dire.
HOMO MAIS PAS TROP
S’il ne s’agit pas de jeux érotiques ou pornographiques à proprement parler, la série des Cho Aniki affiche malgré tout une ambiance ouvertement gay-friendly et un humour tarabiscoté qui, alliés à l’absence de sortie hors du Japon, lui aliènent une bonne partie de son public potentiel. Malgré tout, les délires homosexuels viendront plus tard, notamment lors du légendaire (à bien des titres) épisode PlayStation / Saturn. D’ailleurs, ici, les héros sont des deux sexes et convolent ensemble à la fin du jeu.
Ce premier volet est donc assez sage, les adversaires n’étant rien de plus que des mélanges d’humains et de mécanique, ce qui est déjà somme toute étrange. Étrange, oui, mais pas déplaisant, d’autant que sans atteindre des sommets, la patte graphique est agréable à l’œil. Certaines couleurs sont pas terribles, certaines animations sont hachées, la bande sonore (bien que sur CD) n’est certainement pas la meilleure que vous ayez entendue, mais ce n’est pas non plus une catastrophe, loin s’en faut.
En matière de gameplay, pour le coup, les surprises sont bien moindres. Le système de jeu est convenu, les « vaisseaux » répondent globalement bien, et les niveaux de difficulté réglables assurent à tous une chance de voir la fin. D’autant plus que la durée de vie est loin d’être faramineuse.
Au final, Cho Aniki est plus un délire à la Toilet Kids (quoique ce dernier était bien moisi, alors que Cho Aniki est de qualité), et l’on ne peut le blâmer pour les suites douteuses qu’il a engendrées. Masaya (par ailleurs développeur des légendaires Langrisser) signe un shoot ‘em up honnête, pas révolutionnaire dans ses mécaniques de jeu, mais disposant d’un univers suffisamment original pour que l’on ait envie de tenter l’aventure.