Quatrième opus d’une série archi-connue et reconnue pour ses vertus ludiques lorsqu’on la pratique à plusieurs (aucun lien de parenté avec ce à quoi vous êtes en train de penser), Bomberman ‘94 en est l’épisode le plus abouti à l’époque. Et à vrai dire, hormis la version Saturn qui frôle la perfection, aucune itération récente n’est à même de détrôner celle-ci.
HUMAN BOMB, SARKO AU PILORI
Les habitants de la planète Bomber vivaient dans la paix, la sérénité et les HIV, protégés par les Cinq Esprits, jusqu’à ce que le pas beau Bagular et son armée de robots n’envahissent le monde pour y semer le chaos, la mort et l’abstinence. Les Images des Esprits (traduction bof, mais traduction quand même), sources de la puissance magique des Esprits pré-cités, furent détruites, ce qui causa l’éclatement de la planète Bomber en cinq parties. Notez que ce scénario sera officialisé comme le principal de la saga puisque depuis, à quasiment chaque épisode, la planète est coupée en cinq.
QU’EST-CE QU’ON S’ÉCLATE !
Ah c’est vrai : j’ai pas fini mon histoire. Eh bien Bomberman va, contre toute attente, restaurer les Images et sauver le monde. Comme quoi on ne manquait pas d’imagination chez Hudson. Enfin il va, il va… Ça dépend de vous ça.
Parce qu’avant d’y parvenir, vous allez devoir traverser les cinq zones de la planète, plus une sixième en cadeau Bonux, chacune comprenant elle-même plusieurs tableaux, dont un dédié au boss.
Nous voilà donc embarqués pour vingt-cinq tableaux au total. « Vingt-cinq tableaux à sauter sur des tortues et à bouffer des champignons ? », demande mamie qui est assez monomaniaque et pour qui le jeu vidéo ne se rapporte qu’à un nom de plombier italien. Pas du tout la vieille ! Pour les quelques ermites qui n’auraient pas retrouvé le chemin de la réalité ces vingt dernières années, Bomberman se regarde de dessus et consiste à placer des bombes, afin de se débarrasser de ses opposants, tout en récupérant force bonus cachés dans des éléments destructibles d’un décor labyrinthique.
Mamie n’a rien pigé - de toute façon elle confond le tube de mayo avec la colle pour son dentier - mais le joueur, lui, comprendra assez vite. Parce que bon, faut pas sortir de Maths Sups pour savoir jouer : le stick dirige le perso, le bouton I permet de poser une bombe. Après quoi on court se planquer avant qu’elle n’explose, sachant que la déflagration a la forme d’une croix.
Vous trouverez également quelques bonus au gré de vos plastiquages : la flamme augmente la taille des explosions, la bombe augmente le nombre de bombes que vous pouvez poser à la fois, d’autres items encore vous permettent de vous déplacer plus vite, de traverser les blocs ou les bombes, de paralyser les ennemis…
Et puis il y a les œufs de Louie. Pas les œufs de vaches de p’tit Louis, là c’est des œufs de kangourous ! A la manière de ceux des Yoshis dans Super Mario World, ils éclatent en une créature qui peut être de cinq couleurs différentes. Chaque couleur apporte ses propres capacités, comme par exemple le Louie vert qui court très vite mais ne peut s’arrêter que lorsqu’il rencontre un obstacle. La bonne nouvelle, c’est qu’une fois encore à l’instar de Super Mario World, vous faire toucher lorsque vous chevauchez un Louie ne vous fait perdre que la bestiole, pas de vie.
Le but dans chaque tableau - hors celui du boss - consiste à atteindre une machine au milieu de l’écran, et y récupérer un morceau de l’Image. Pour ce faire vous devrez généralement nettoyer la zone de toute présence hostile, et rayer de la carte une bonne partie du décor. Ce qui reste debout lorsque vous récupérez l’Image se transforme en pièces, qui feront gonfler votre score si vous les ramassez (vous avez dix secondes).
N’oublions pas, avec tout cela, que les Bomberman sont surtout connus pour leur partie multi. Ici encore, Hudson a mis les petits plats dans les grands. Vous choisirez d’abord le nombre de combattants, de deux à quatre, et déterminerez s’ils sont contrôlés par l’ordinateur ou par un humain. Vous déciderez ensuite du nombre de rounds nécessaires pour remporter un match, puis vous sélectionnerez votre personnage parmi neuf (Bomberman classique, punk, vieillard, Bomber-Woman…) en sachant que si vous l’attribuez au CPU, chaque personnage a ses propres tactiques (offensif, défensif, suicidaire, ramasseur d’items, etc.). Et enfin, ce sont dix stages, pour la plupart reprenant les décors du jeu en solo - jungle, fonds marins, glace, mais aussi château médiéval ou dédale de tapis roulants - qui s’offrent à vous pour des parties endiablées.
JE TERMINERAI PAR UN TRÈS CLASSIQUE : C’EST D’LA BOMBE BABY !
Alors en toute honnêteté, que vous manque-t-il au vu de cet alléchant programme, avant de vous jeter à corps perdu sur cet épisode bougrement réussi ? Mon avis ? OK.
Si le scénario ne l’emporte toujours pas au paradis, Bomberman ‘94 est un superbe épisode en 2D, très coloré, avec des environnements riches en détails (à l’exception du niveau multi appelé Standard, qui reprend en fait l’horrible décor des premiers épisodes pour un hommage aux ancêtres plutôt amusant), des animations minimalistes mais souvent humoristiques et une musique guillerette qui parfait ce sentiment d’apaisement qui nous étreint lorsqu’on se lance dans une partie après une journée difficile.
Pourtant le jeu ne sera pas de tout repos, quand bien même la jouabilité aux petits oignons entraîne une prise en main immédiate.
En effet, entre le solo ardu à cause d’un ordinateur diablement vicelard et un multi où les insultes et les éclats de rire des participants se mêleront forcément, Bomberman ‘94 mettra vos nerfs à rude épreuve. Disposant d’une durée de vie raisonnable en solo, le jeu est immortel à plusieurs, comme tous ces jeux qui ont misé avant tout sur le multi.
Des trois épisodes sortis sur la machine (le remake du premier opus et les millésimes ‘93 et ‘94), celui-ci est le plus abouti techniquement et ludiquement parlant. N’hésitez pas, vous ne le regretterez pas.