Les préjugés, c’est comme les boutons d’acné. On croit en avoir fini et PAM, on s’en découvre un gros en plein sur le nez.
Ainsi, quand j’ai reçu la boîte de Spider-Man sur Nintendo 64, dont je n’avais entendu parler ni d’Adam ni d’Ève quelques jours avant de le commander, j’étais pas très confiant.
Faut dire qu’en matière de super-héros, sur N64, c’était pas trop la joie. Entre Superman 64, immonde daubasse et Batman : Beyond the Joker qui était presque pire, j’avoue qu’en voyant la boîte du jeu (colorée, pas très belle, un seul joueur indiqué), j’avais peur, et j’ai démarré ce test sous un jour très très anxieux.
Rien à voir avec le film
Comme ses deux compères (grosses daubes, je le rappelle), ce Spider-Man n’est tiré d’aucun film. Plus proche du D.A. diffusé à une époque sur France 3, le scénario est inédit à ma connaissance :
Lors d’une conférence organisée par le docteur Octavius (dont nous savons tous qu’il est aussi Octopus), un type ressemblant énormément à Spider-Man vole les plans de la dernière invention du chercheur. Pas très heureux, non seulement de s’être fait prendre de vitesse, mais qu’en plus on lui pique son identité, Peter Parker décide de tirer tout ça au clair.
Ah mais c’est beau en fait !
Allez hop, je suis dans le jeu.
Comme je le spoile avec mon intertitre, ma première surprise fut le graphisme du jeu.
En effet, Spider-Man est ma foi assez beau, sans égaler les meilleures productions de la Nintendo 64. Le héros lui-même est remarquablement modélisé et animé, ainsi que les ennemis. Les décors sont réussis aussi, malgré un brouillard très présent en contrebas. Les couleurs sont chaudes, les textures très correctes. Bref, c’est beau.
Après une petite recherche, j’ai pu apprendre que ce Spider-Man a été conçu avec le moteur du jeu de skate « Tony Hawk Skateboarding », la référence de l’époque en la matière. Mais ce n’est pas tant les graphismes (très beaux malgré tout) que le gameplay qui est influencé par ce choix.
Tony Hawk, c’était des parcs immenses, des figures ahurissantes et un skateur qui tournait dans tous les sens. En bref, un environnement vaste, une jouabilité intuitive et un système de caméra pour ainsi dire parfait, voilà tout ce dont hérite ce Spider-Man.
Tout ça ne donne pas automatiquement un bon jeu, mais déjà on est bien loin des productions concurrentes de Titus.
Puisque j’ai commencé par parler de la technique du jeu, je finirai par la bande-son. En jeu, les musiques sont discrètes mais sympathiques. Les bruitages sont du même acabit, à savoir bons sans aller jusqu’à dire qu’ils sont remarquables. Pendant les cinématiques en temps réel, la musique est souvent entraînante, pleine de tension, et on a des vrais voix digitalisées de qualité !
Spider-cochon, il peut marcher au pla-fond.
Le jeu en lui-même est une sorte de jeu d’aventure/plate-forme mâtiné de baston. Les objectifs, au long de la progression du jeu, sont variés : s’infiltrer dans un bureau pour piquer des documents, fuir la police, neutraliser un gang, faire la course avec Venom, libérer un otage d’Octopus… A chaque fois, une petite cinématique en temps réel (avec des vraies voix, sur Nintendo 64 !!! Je sais, je me répète) vous permettra de souffler un peu, et orientera doucement l’histoire vers sa suite.
On regrettera néanmoins un grand manque de variété des ennemis. Si certaines têtes sont connues (notamment Venom et le Dr. Octopus), le reste est partagé entre les sous-fifres des vrais môchants et les flics (qui n’aiment pas trop Spidey, les cons). On trouvera aussi des alliés (j’ai pas lu le comics ni regardé l’animé, mais ils ont l’air connus. Y’a une « Black Cat », Black Torch, The Punisher, Daredevil et d’autres).
Mais ce qui est véritablement enchanteur dans ce Spider-Man, c’est le gameplay.
Spider-Man peut bien évidemment lancer ses toiles d’araignée, et ma foi, leurs utilités sont variées : s’en servir comme de lianes pour se déplacer à la Tarzan, s’en servir de projectiles pour assommer ses ennemis, les ligoter, se faire un bouclier… bref, du grand art.
Et c’est pas tout, il adhère aussi aux murs (pas au plafond, dommage) et peut marcher dessus ; il dispose d’un 6ème sens l’avertissant d’un danger immédiat, et se bat comme un croisement de Bruce Lee (agilité) et de catcheur (force et prise de chope). Le tout très bien animé, je le répète.
Simply fun
Mais… c’pas dur de gérer tout ça ? Eh bien, chose surprenante : pas le moins du monde.
Déjà, bien qu’on ne note aucun changement de plan ni coupure de jeu, on constatera que les commandes changent pendant les combats et hors des combats. Pendant les combats, les 4 boutons C représentent une manière d’utiliser la toile, A et B permettant de frapper. Hors combats, on peut assigner des objets aux boutons C et les autres boutons servent à se diriger grâce à la toile.
Dans Spider-Man, on ne marche pas, et on court peu. Quasiment tout le jeu, on se déplace par les airs, en projetant et s’accrochant à la toile. Et c’est très rapide, très fun. La sensation de liberté, malgré le brouillard, est immense, et on est vite euphorique à jouer à ce jeu, à se balancer d’immeuble en immeuble, à escalader des façades de 150 mètres comme on grimperait sur un tabouret.
Le système de sauvegarde vous permettra de reprendre le jeu au début de CHAQUE mission que vous aurez déjà accomplie, que ce soit la 2ème ou la 26ème.
Pas de mode multijoueur (dommage, un FPS Marvel m’aurait bien plu), mais le mode solo est long, très long.
Concernant la difficulté, pas grand-chose à signaler. On peut choisir parmi 3 modes de difficulté dès le début du jeu, ça aide pas mal. On notera aussi la présence d’un niveau d’entraînement totalement libre, où vous pourrez vous exercer à manier l’homme-araignée à travers des petits jeux sympas (récupération d’objets, course dans les cieux, tirs sur cibles, etc.).
Un très bon jeu : 16/20
Ma foi, si j’ôte les jeux de baston Capcom, c’est le meilleur jeu mettant en scène un personnage de Marvel auquel j’ai pu jouer.
Spider-Man est beau, fluide, rapide, intéressant. Il est aussi maniable, présente un gameplay très riche et est très fun.
Sans réel défaut majeur, (on regrettera juste quelques missions un peu répétitives), ce Spider-Man est injustement méconnu. C’est un très grand jeu de la N64.