Mystical Ninja - starring Goemon est un jeu vidéo Nintendo 64 publié par Konamien 1998 .

  • 1998
  • Action

Test du jeu vidéo Mystical Ninja - starring Goemon

4/5 — Exceptionnel ! par

Pastiche des récits traditionnels japonais où une bande de combattants héroïques luttent sans merci pour la justice et la paix, Mystical Ninja est une série de jeux vidéo à l’esprit totalement nippon qui a débuté sa carrière sur la Super NES. Dans cet épisode, le Japon traditionnel est la cible de l’invasion d’une armada futuriste commandée par les shoguns de Peach Mountain. Ces derniers envisagent de transformer l’archipel entier en une immense salle de concert pour y donner des concerts de musique pop. Leur premier acte de guerre est d’ailleurs de transformer le superbe palais d’Oedo en un « affreux château européen » plein de tourelles, de machicoulis et de créneaux. C’en est trop pour la fierté nationaliste du jeune ninja Goemon qui s’investit immédiatement de la mission de rejeter à la mer ces ridicules envahisseurs et restaurer la quiétude dans son pays natal.

Quatre personnages mettront leurs capacités en commun pour empêcher que l’empire du soleil levant ne perde son âme et sa spécificité sous les coups de boutoir de l’entertainment intergalactique. Goemon, le prototype du héros nippon un peu caractériel, et son pote Ebisumaru, un ninja rondouillard à l’humour crétin et à l’énorme pif, sont les deux héros de base. Plus tard dans l’aventure viendront s’ajouter à la petite équipe Yae, une jeune fille travaillant pour les services secrets, et Sasuke, un gnome mécanique au tempérament violent. On peut passer d’un personnage à l’autre quand on le souhaite au cours de la partie. Les différences ne sont pas vraiment flagrantes au niveau de l’attaque standard où aucun des quatre personnages ne semble posséder un avantage net, mais les divers items et pouvoirs magiques découverts au cours de l’aventure seront attribués d’office à l’un des personnages, ce qui entraînera que seuls l’un d’entre eux pourra franchir certains obstacles. Ainsi, Goemon dispose d’une sorte de grappin qui lui permet de franchir des précipices en s’accrochant aux blocs marqués d’une étoile ; Ebisumaru possède un appareil photo qui dévoile plates-formes cachées et créatures spectrales et peut également devenir minuscule pour s’introduire dans d’étroits interstices. Yae, à un certain moment du jeu, pourra convoquer un gigantesque dragon pour voyager plus rapidement à travers le Japon et également se métamorphoser en sirène pour explorer rivières et profondeurs sous-marines. Quand au petit Sasuke, il peut lancer de bombes capables de détruire certains murs friables.

Fidèle à l’esprit de la célèbre série, Goemon est un jeu d’action avec une légère pointe d’aventure. On traverse des campagnes à la recherche d’items particuliers, des villes où on se livre à quelques emplettes et des forteresses défendues par un boss, le plus souvent un acolyte des Shoguns de Peach Mountain. Mystical Ninja inclut donc un mini aspect aventure puisqu’on peut explorer à peu près tous l’espace de jeu relativement rapidement mais que les items à récupérer ou les régions à libérer de l’oppression devront être visitées dans un certain ordre. Rassurez-vous, on ne passe pas des heures à coincer sans la moindre idée de la route à suivre, puisque la plupart du temps, le jeu reste assez dirigiste et vous indique plus ou moins clairement vers quelle région il faut vous diriger.

Les zones sauvages, très nombreuses, sont les séquences les plus agréables et esthétiques, tant elles sont variées et simples à explorer. De temps en temps, on découvre au détour d’un chemin de montagne un salon de thé où on peut manger et discuter avec les habitants locaux. En dehors de cela, les ennemis y sont peu nombreux et on a tout le temps d’apprécier les paysages chatoyants de la cambrousse nippone. Dans les villes, on peut se livrer à quelques achats (protections diverses, nourriture revigorante, sauvegarde de la partie dans les auberges), et discuter avec tout le monde de manière à obtenir quelques informations pour la suite de l’aventure. Enfin, les forteresses sont des endroits truffés de pièges vicieux, où il faudra dénicher un certain nombre de clés pour déverrouiller les portes et accéder au boss du coin qui, comme tout bon boss qui se respecte, sera soumis en un clin d’œil une fois la bonne méthode assimilée. Quelques mini-jeux sont également au programme, mini-jeux qui peuvent être longs et ennuyeux (ramasser des poissons pour le pêcheur) ou complètement décalés (Ebisumaru qui doit récupérer un pouvoir magique dans un temple, temple étant en fait l’armoire à biscuit d’un ogre d’une autre dimension. L’ogre ouvrira de temps en temps son placard si vous faites trop de bruit, et il faudra impérativement vous planquer pendant qu’il examine les lieux !).

A certains moments, on pourra également piloter le robot géant Impact, un ersatz farfelu de Goldorak qui ressemble à une sorte de poupée géante montée sur des patins à roulettes. Aux commandes de cette machine gigantesque, le principe est simple : on fonce à toute allure en explosant toutes les pagodes nippones malencontreusement placées sur la trajectoire, en sautant pour éviter les obstacles et en flanquant de furieux coups de cannes aux quelques mechas et vaisseaux adverses qui ont la malchance de se trouver sur la trajectoire. Au terme de ces séquences, on affronte un boss alors qu’on se trouve toujours aux commandes du robot loufoque. Le jeu passe alors en 3D subjective, vue depuis le cockpit d’Impact. Dans ses systèmes d’armement, Impact dispose de contre-mesures destinées à éliminer les projectiles adverses, mais rosser le mecha géant qui vous fait face ne pourra se faire qu’à grands volées de baffes et de coups de pied, quitte à accrocher préalablement l’affreux au grappin s’il tente de s’éloigner.

Réalisation technique :

Déjà d’un niveau graphique pas toujours optimal à l’époque, avec des décors parfois superbes et parfois très vides, Mystical ninja a pris un coup de vieux supplémentaire aujourd’hui. J’y ai rejoué il y a peu pour constater qu’il souffrait bel et bien du syndrome de presque tous les jeux N64, syndrome encore bien plus apparent du fait de l’existence actuelle d’une génération de consoles plus performantes: des décors finalement relativement peu détaillés, des textures un peu géométriques et toujours cette désagréable impression de flou graphique qui prédominait dans la plupart des jeux N64. Ne dramatisons pas : le résultat reste tout à fait tolérable, mais aujourd’hui, on est davantage charmé par le style typiquement nippon, la campagne japonaise traditionnelle, les maisonnettes de bambou, les arches shinto et les petits ponts convexes qui surplombent d’impétueux ruisseaux, que par la prouesse technique. Les musiques, absolument délicieuses, contribuent à cette ambiance d’un empire du soleil levant idéalisé. A noter que pour l’intro du jeu et la présentation des séquences avec Impact, la bande sonore, un espèce de générique à la Goldorak chanté en japonais, est tout simplement hilarante. La jouabilité reste d’un bon niveau, même si la précision n’est pas toujours au rendez-vous. Problème récurrent sur cette console, dont le pad m’a toujours semblé avoir été conçu en dépit du bon sens. Pour ne rien arranger, quelques mauvais calibrages de caméra sont parfois à déplorer, mais ils ne rendent heureusement pas la progression trop problématique. Mystical Ninja n’impose heureusement que peu de passages de plates-formes à réussir au millimètre près, aussi les légers dérapages dans la jouabilité ne sont-ils pas des plus dérangeants.

En bref : 16/20

Si vous n’aimez ni les coucher de soleil sur la baie de Kyushu, ni les petites bestioles grotesques comme celles du « Voyage de Chihiro », il est douteux que vous adhériez à l’atmosphère de Mystical Ninja. Dans ce cas, il restera pour vous un sympathique petit jeu d’action relativement simpliste, à la difficulté assez faible, et où ni l’aspect plates-formes, ni l’aspect aventure ne parviennent à s’imposer clairement.

Dans le cas contraire, il tombe sous le sens que les aventures de Goemon ne deviennent pas subitement plus trépidantes, mais l’atmosphère est tellement mignonne et attachante qu’on prend un pied inégalé à guider ce petit cartel de ninjas gaffeurs à travers un Japon du XVIIe siècle plein d’anachronismes. Le scénario se perd un peu dans des méandres illogiques pour le moins inextricable, et les touches d’humour absurdes sont parfois un peu trop absurdes pour faire mouche. Mais une enfance passée à regarder Wingman et le Collège Fou Fou Fou permet cependant d’arranger beaucoup de choses.

Plutôt concerné par le dernier cas de figure, Mystical Ninja est à mes yeux un jeu à l’atmosphère unique et incomparable. Je reconnais néanmoins que techniquement, il a vieilli, mais une fois lancé dans la partie, on n’y fait plus guère attention. Sans doute loin d’être un des gros hits de la N64, Mystical Ninja n’en reste pas moins un excellent petit jeu qui mérite réellement que tout amateur de culture japonaise y jette un œil attentif !

Mystical Ninja - starring Goemon