J’aime me faire du mal. Je m’étais pourtant juré de plus jamais toucher à un Mortal Kombat. Non pas que la franchise soit mauvaise, non, simplement elle est facile. Pas facile dans le sens « aucun challenge », facile dans le sens « gratuit ». Enfin, moi je me comprends, hein.
JE RÊVAIS D’UN OUTREMONDE
Petit résumé des épisodes précédents : dans le premier épisode, un vilain sorcier, sbire du seigneur de l’Outremonde, organise un tournoi pour tester les défenses terrestres en vue d’une invasion. Dans le second, le seigneur, déçu par son vassal, organise un tournoi et rebelote. Dans le troisième, les gars de cette dimension envahissent la Terre. Dans Mortal Kombat Trilogy, pas d’histoire. Et pour cause, ce n’est rien de plus qu’une compilation.
TU VAS MOURIR, MOUAH AH AH !
Mortal Kombat Trilogy est un beat ‘em up qui reprend donc la quasi-totalité des personnages des premiers épisodes, plus quelques nouveaux mais moins quelques doublons. Ainsi, on découvre encore de nouveaux ninjas (Ermac, Rain, Khameleon) qui vont pouvoir bientôt monter un syndicat, et les versions originales de Kano et Smoke, la deuxième version de Sub-Zero et d’autres personnages comme Goro et Kintaro ne sont plus présents, tout du moins dans cette version (ils sont jouables ou déblocables sur PS1 et PC). Au total, cela nous fait tout de même vingt-neuf bonnes raisons de se foutre sur la gueule.
Niveaux modes de jeu, c’est déjà nettement plus la dèche. On a le mode solo qui se joue selon quatre niveaux de difficulté (et plus c’est difficile, plus le nombre de combats est important d’ailleurs), le simple versus si un deuxième joueur appuie sur Start, le duel en tag à deux ou trois personnages et le tournoi qui peut engager jusqu’à huit joueurs.
Hormis cela, tout y est. Les combats se jouent en deux rounds gagnants chronométrés, et au terme du deuxième round, vous aurez la possibilité d’achever vos adversaires au moyen d’une manipulation qui vous coûtera un pouce. Ça se finit généralement dans un bain de sang et ça s’appelle Fatality (coup spécial mortel), Babality (transformation en bébé), Animality (mort par charcutage d’une quelconque bestiole) ou Friendship (cadeau à l’adversaire).
La maniabilité est toujours aussi simpl(ist)e : vous disposez de deux boutons de poings, deux boutons de pieds, un bouton de garde et un bouton de course venu du troisième épisode. A vous de vous démerder avec ça, sachant que tous les personnages ont les mêmes coups de base. D’ailleurs, en dehors de leur design et de leurs coups spéciaux, tous les personnages ont les mêmes caractéristiques : il n’y a aucun déséquilibre, pas de persos faibles ou forts, pas de persos rapides ou lents, pas de persos défensifs, ou spécialisés dans les combos, ou à quoi que ce soit ; d’ailleurs, il n’y a même pas de système de combos valable.
FAIS-MOI MAL, JOHNNY JOHNNY
Alors OK, je vais encore me faire des amis parmi les fans hardcore présents sur ce site, mais voilà, y a rien à faire : Mortal Kombat n’est pas un bon jeu de baston.
Autant les graphismes très particuliers du soft, avec ses persos vaguement digitalisés et ses décors pseudo-réalistes en ont visiblement soufflé plus d’un, autant je trouve que ça fait encore plus peine à voir qu’aucune amélioration n’ait été apportée pour le passage de seize à soixante-quatre bits. Idem concernant la super bande-son sur laquelle, paraît-il, il est vraiment trop injuste de cracher, et qui n’a pas varié d’un iota en trois ans. Les musiques sont toujours aussi imbuvables, toujours aussi crachotantes, et il en va de même pour les ridicules voix digits.
Restent alors des animations il est vrai fort rapides, trop rapides pour en être ludiques d’ailleurs, et la violence gratuite et kitchissime qui a fait tant d’heureux précédemment.
Parce que voyez-vous, il y a une classe de joueurs qui s’arrête à ça. Oh ça saigne, c’est cool, c’est mature, c’est une révolution. Alors je veux pas dénigrer hein. Dans Clayfighter c’était bien vu parce que très second degré, dans Killer Instinct c’était bien vu parce que ça s’appuyait sur un gros système de jeu très intelligemment pensé. Là, c’est juste sanglant. C’est un peu la même différence qu’entre un Manhunt, qui sert à peu près autant au joueur qu’un bon vieux rouleau de PQ, et un Madworld qui élèverait presque la sanquette au rang d’art.
Car Mortal Kombat, quel que soit le numéro ou le terme derrière, c’est aussi une absence totale de gameplay. On n’élabore aucune technique, on se contente d’apprendre deux ou trois coups spéciaux et à jouer à cékikitouchenpremier, et puis à la fin on se déboîte une phalange à essayer de sortir le coup qui tue, on sourit au premier combat, on s’ennuie au second.
La durée de vie est conséquente pour qui veut s’y investir, et la difficulté à maîtriser certains coups spéciaux est importante, mais le fun est aux abonnés absents.
Décidément, je pleure sur les heures de gloire qu’a connues cette licence, gloire totalement injustifiée à mes yeux. Il y a tellement de bons beats sur toutes les consoles que je trouve même triste de porter un quelconque intérêt à la franchise de Sculptured Software. En attendant, j’attends sereinement les commentaires acerbes m’expliquant que vraiment, je comprends rien à rien.