Deadly Arts est un jeu vidéo Nintendo 64 publié par Konamien 1998 .

  • 1998
  • Combat

Test du jeu vidéo Deadly Arts

0/5 — Nul !! par

Maître Nintendo, sur un arbre perché, tenait en son bec une console qui ne se vendait pas. Maître Konami, par l’odeur alléché (c’est qu’il devait vraiment avoir faim le bougre), lui tint à peu près ce langage : « Ohé, Dugland, si tu veux je te fais un jeu de baston rien que pour ta console. Alors, tu me le lâches, ton kit de développement ? » Moralité : c’est encore l’acheteur qui va l’avoir dans le rectum.

LA POMME, ÇA PEUT PAS ÊTRE MAUVAIS, C’EST PLEIN DE PECTINE

Connu sous le nom de G.A.S.P. ! Fighter’s NEXTream au Japon, Deadly Arts est un cadeau du ciel pour tous les développeurs. Il leur inculque en effet tout ce qu’il faut faire pour pondre un jeu sans intérêt.

A commencer par son absence totale de scénario. Outre le fait que j’aime bien savoir de quoi qu’ça cause, cette absence d’histoire fait de Deadly Arts un jeu sans âme, une production sortie d’usine comme des millions d’autres jeux anonymes. Non pas qu’un bon synopsis soit synonyme de bon jeu, mais un mauvais ou pas du tout, ça ne donne jamais qu’une bonne grosse merde. Ça c’est juste mon premier coup de blues, et il va y en avoir pas mal d’autres.

LA DROGUE, C’EST COMME QUAND TU CLOSE YOUR EYES ET QUE TU TRAVERSES LA RUE

Passée cette première doléance, passons au jeu. Pour commencer, nous noterons que Deadly Arts est touffu, niveau modes de jeu. Touffu, voire bordélique. Il y a en effet rien moins que dix options proposées sitôt passé l’écran-titre. Alors, certes, sur ces dix choix il y en a trois qui ne sont pas des modes de jeu (records qui fait comme son nom l’indique, options qui permet de bidouiller deux-trois réglages et pak menu, qui n’est pas une invitation à manger indien mais bien le menu de gestion du controler pak), mais ça nous en laisse tout de même sept que nous allons devoir détailler.

Le 1P Battle est le mode de jeu principal en solo, qui vous demande d’affronter tous les persos à la suite. Le VS Battle se joue à deux, il vous faudra donc trouver un autre chômeur n’ayant rien d’autre à faire de ses journées, pour se fritter les gencives dans la non-joie et les cachetons de Valium. Le Team Battle-1P est un combat en équipe mais pour jouer seul, va comprendre, alors que le Team Battle-VS est la même chose mais pour se suicider à deux. Le Tag Battle est une variante du précédent, à ceci près que les combattants s’enchaînent au cours du même round : une fois un combattant KO, l’autre prend sa place sans que l’adversaire regagne de vie. Ce mode-là ne se joue que tout seul par contre. Le Create a Fighter permet, comme son nom l’indique, de créer son propre perso, et mérite un petit arrêt sur image. Konami avait visiblement compris avant beaucoup d’autres que le joueur risquait d’être intéressé par la possibilité de sortir du carcan des persos pré-établis, c’est bien. L’ennui c’est qu’ils n’ont pas trop su quoi faire de cette idée, puisque la seule possibilité, une fois le perso créé, c’est de l’entraîner. Il n’est pas utilisable ailleurs. A ce propos, nous conclurons ce panorama par le dernier mode de jeu, le Practice, qui permet de s’échauffer les doigts et les nerfs avant de commencer à jouer pour de vrai, si l’on peut dire.

LES CACAHUÈTES, C’EST LE MOUVEMENT PERPÉTUEL À LA PORTÉE DE L’HOMME

Si vous parvenez à vous extirper de ce joyeux bordel, par exemple en appuyant au pif sur un bouton, vous parviendrez jusqu’à l’écran de sélection des personnages. Outre des tronches de culs, les dix combattants que propose le jeu (huit plus deux boss déblocables à condition d’y laisser un pouce au cours d’une manip’ légèrement capillotractée) ont aussi des looks différents, et paraît-il des capacités propres. Paraît-il, parce que j’attends encore qu’on me le prouve.

Ceci dit, tous les stéréotypes se sont donné rendez-vous à la réunion des Combattants Anonymes : nous retrouvons le héros équilibré, la nana rapide et faiblarde, le catcheur qui aime t’attraper (cela dit Hercule est aussi une fille ici), le grand boxeur thaï, le demi-boss chiant et le boss over-powered entre autres.

Si vous ne touchez pas aux options, les combats se déroulent en deux rounds gagnants de trente secondes chacun, le tout sur un plan malgré le fait que décors et persos soient en 3D. Et si trente secondes peuvent vous sembler peu, dites-vous que c’est largement suffisant, voire un poil trop. Trois secondes, ça aurait suffi. En cas de KO, un affreux replay sur fond noir vous permettra de revisionner avec émerveillement l’enchaînement fatal. En cas de time up, c’est celui qui a marqué le plus grand nombre de points (vie restante, technique, etc.) qui gagne.

N’ayant pas trouvé le manuel du jeu, je ne saurais me prononcer à fond sur les commandes du jeu. Toujours est-il que A déclenche un coup de pied, B un coup de poing et R permet de se protéger. Je n’ai trouvé aucune utilité aux autres boutons. Notez que c’est à la croix que l’on se dirige.

Côté technique, Deadly Arts se comporte comme Tekken, mais alors comme Tekken qui aurait perdu un bras et souffrirait de tuberculose. Donc déjà, pour faire la part des choses, il n’y a pas de coups spéciaux genre boules de feu toussa-toussa hein, on fait pas un jeu portnawak chez Konami. Et il n’y a pas non plus d’attaques tout court. Il n’y a que des enchaînements pieds-poings, quoi qu’enchaînements soit un bien grand mot en l’occurrence, puisqu’il est difficile d’en placer deux de suite.

En gros, la technique face au CPU consiste à essayer de placer un coup, mettons un coup de pied. Si ça ne marche pas, essayez un coup de poing. Si ça ne fonctionne pas non plus, réessayez en vous baissant, il y en a forcément un des trois qui va toucher. Et ainsi de suite jusqu’à ce que suicide du joueur s’ensuive.

Y A DES GENS QUI N’ONT PAS RÉUSSI PARCE QU’ILS NE SONT PAS AWARE

Dans la longue carrière de Konami, il y a eu des hauts et des bas. J’en suis conscient. Pour dédouaner la maison-mère, je préciserai tout de même que c’est le studio d’Osaka qui a réalisé ce jeu, et on ne peut pas dire que KCEO soit super réputé pour ses bombes vidéoludiques (le revamp des Tortues Ninja, les ESPN, tout ça c’est eux).

Première cartouche, les graphismes. Prenez une feuille blanche. Dessinez un triangle, puis un autre en dessous, qui de préférence mord un peu sur le premier. Ensuite, tentez de colorier chaque forme indépendamment mais, pour compliquer un peu le jeu, faites-le en tenant le crayon entre les coudes. En admirant votre œuvre, vous aurez un vague aperçu de ce que donne Deadly Arts en matière de visuel. Les décors et personnages sont à la 3D ce que le fil dentaire est à la physique quantique, l’ensemble est plus sombre qu’un vol de corbeaux dans une galerie de charbon et, lorsqu’il y a un peu de luminosité, les à-plats de couleurs rendraient malade de jalousie Salvador Dali.

Ma deuxième balle sera pour le reste de la réalisation. Car Deadly Arts, c’est aussi une animation sous Lexomil, qui paraît-il donne de très bons résultats dans les maisons de retraite. Uniquement là d’ailleurs, puisqu’on sait tous que les sonotones n’y fonctionnent jamais très bien. Et j’ai envie de dire, heureusement que nos cadavres en sursis sont sourds comme des pots, car ils auraient du mal à se faire aux bruits de scies à métaux censés passer pour de grandes œuvres lyriques.

Et puisqu’on achève bien les chevaux, permettez-moi de tirer à boulets rouges sur le gameplay. Ou plutôt sur l’absence de gameplay. Allô Houston ? Je crois que nous avons un problème. Serait-ce dû à la maniabilité limitée ? Ou bien au manque de coups ? Ou encore au fait que lesdits coups, lorsqu’il y en a, ne touchent l’adversaire que par accident et en s’excusant poliment ? Peut-être un peu de tout ça. Pour autant, le CPU étant incroyablement autiste, il est strictement impossible, je l’affirme, de perdre à Deadly Arts (à moins bien entendu que vous aussi soyez intellectuellement décalé). La durée de vie est ridicule en solo (ben cinq minutes hein, dix combats de trente secondes), et je n’ose croire que vous trouverez quelqu’un de suffisamment masochiste pour jouer avec vous.

Alors de deux choses l’une. Ou bien vous continuez à vous infliger des douleurs gratuites en faisant semblant de prendre du plaisir à Deadly Arts. Ou bien vous rangez la cartouche dans la boîte et vous vous en servez pour caler l’armoire bancale de la cave, puis vous verrouillez la porte de la cave, vous jetez la clef et vous brûlez la baraque. Ouaip, l’autodafé, y’a qu’ça d’vrai.

Deadly Arts