Body Harvest n’est pas un titre très connu sur Nintendo 64, et on comprend vite pourquoi après quelques minutes de jeu.
Avant tout, rappelons que ce jeu était prévu pour accompagner le lancement de la Nintendo 64 aux USA. Il a donc à peu près deux ans de retard.
Une originalité démesurée
Le « scénario » est l’un des plus originaux qui soit. On incarne un bonhomme plein d’armes, qui doit repousser tout seul une attaque d’aliens insectoïdes géants là où toutes les armées terriennes ont préalablement échoué. Seulement, comme on a déjà perdu, la Terre envoie ce fier guerrier dans le passé pour contrer le début de l’invasion.
4 invasions doivent être repoussées :
En 1916 en Grèce.
En 1941 à Java (j’sais pas où c’est, demandez pas). (Note d’Angus : c’est une île en Indonésie)
En 1966 aux USA.
En 1991 en Sibérie.
Et la bataille finale en 2016, véritable époque du héros.
N’est pas Terminator qui veut !
Body Harvest est donc principalement un jeu d’action, à la Jet Force Gemini, mâtiné d’un peu d’aventure et d’un tout p’tit soupçon de RPG.
Analysons cela de plus près. L’aspect action/shoot est le plus présent, y’a beaucoup d’ennemis, pas mal d’armes (comme d’hab, plus on avance plus on en utilise de puissantes).
Pour l’aspect aventure/RPG, quelques PNJ à aider, qui donneront quelques munitions ou objets assez peu utiles.
Chose amusante, la possibilité de conduire des véhicules, parfois armés, pour pulvériser du cafard géant. On notera plus de 60 véhicules différents (voitures, motos, tanks, avions).
Niveau ennemis justement, la diversité n’est pas extrême. Globalement verts, on a les saloperies qui rampent, les saloperies qui courent et les saloperies qui volent. La fiche annonce 70 types d’ennemis différents ; disons que c’est p’t-être vrai, mais qu’ils se ressemblent beaucoup.
Les aliens ne sont pas présents à votre arrivée, mais ils peuvent se téléporter et apparaître n’importe où.
N’importe où, c’est très vaste : les niveaux couvrent 6 km², énorme pour l’époque.
Ils sont disposés de la façon suivante : un gros alien pète les maisons pour en faire sortir les humains, un autre envoie des blob récupérer les humains pour les bouffer, et plein d’autres ont pour charge de protéger tout ça.
Notons que la puissance et la résistance du moissonneur (celui qui bouffe les humains) augmente énormément si on le laisse en boulotter trop.
La progression se fait en… progressant. Les aliens ont disposé des machines à certains endroits. Votre but est de les détruire tout en protégant les humains. Ceci fait, il reste à aller battre le boss de niveau pour changer d’époque.
C’est quand même en 3D !
Les graphismes sont très moyens. Disons qu’on comprend mieux quand on sait que le jeu était censé accompagner la sortie de la N64, mais même à l’époque, ça aurait pas été transcendant. C’est assez cubique, un peu flou, les textures sont très simples. Le tout est très coloré. Les décors sont très semblables, la diversité quasiment inexistante au sein d’un même niveau.
Cela dit, les niveaux sont très différents les uns des autres, encore heureux vu la différence entre les époques et les pays.
Bref, si le jeu a pas trop trop mal vieilli, et présente un aspect rétro assez marrant à l’heure actuelle, ça reste assez moche.
La jouabilité est correcte, le perso répond très bien, mais il est parfois ardu de bien viser.
Niveau bande son… pas fait attention à la musique, ce qui est plutôt une bonne chose ; je suis facilement irrité par une mauvaise bande son. Les bruitages alternent entre le nul et le très bon. Nul comme les cris aliens et humains (toujours pareils) ou les armes (pan pan !) et très bon comme les bruits des véhicules.
La durée de vie du soft me semble excellente. On a également le choix entre deux modes de difficulté.
Cela dit, le jeu n’accuse pas son retard technologique seulement dans ses graphismes. L’IA des créatures est… désastreuse. Elles vous voient, et vous foncent dessus. Aucune stratégie ; même lorsqu’elles sont très nombreuses, elles avancent bêtement en file indienne.
Need somebody to looooove
De même, alors que les personnages alliés sont nombreux, ils ne servent à rien. Aucune aide extérieure, aucun coup de main… On gère l’invasion seul comme un grand. Tout cela fait qu’en plus de ses autres défauts, le jeu est très très répétitif.
Move your body !
En bref, Body Harvest n’est pas un bon jeu, ni même un mauvais. On se demande certes où sont passés les trois ans de développement d’un soft pareil. Avec de meilleurs graphismes, une histoire plus originale, une IA plus poussée et peut-être un aspect stratégie plus renforcé (possibilité d’être aidé par d’autres humains, quitte à augmenter le potentiel guerrier des ennemis), on aurait eu un jeu prenant, fun et intéressant.
Ou s’il était sorti avec la Nintendo 64, comme il était prévu au départ.
Ce n’est hélas pas le cas. Body Harvest est assez bien représentatif de la qualité moyenne des softs N64 provenant des éditeurs tiers. Il n’y a qu’à voir des titres comme Zelda, Donkey Kong ou Rayman 2, sortis à la même époque, pour se rendre compte du gouffre qui sépare Body Harvest des meilleurs jeux N64.
Celui-ci donne un curieux arrière-goût de GTA avec ses niveaux immenses, ses véhicules, ses quelques PNJ assez peu utiles…
Un jeu à éviter sur Nintendo 64. Maintenant, en émulation… il vaut peut-être le coup d’être découvert, si vous êtes un afficionado des attaques E.T. À vous de voir.