Développé par Sculptured Software et édité par LJN sur NES en 1992, développé par Flying Edge et édité par LJN sur Master System en 1992, sur Game Gear en 1993.
Le kiff du studio LJN, racheté par Acclaim Ent. en 89, c’est de sortir des jeux de catch souvent tout pourris sur la NES. Mon kiff à moi, c’est de les tester.
Et voilà comment on repart sur 8 bits pour parler cette fois-ci de **WWF Wrestlemania : Steel Cage Challenge **(que j’appellerai SCC).
QUAND CHALLENGE RIME AVEC FOUTAGE DE GUEULE
Le titre du jeu vous dit quelque chose ? C’est normal, puisque SCC est plus ou moins la suite de WWF Wrestlemania Challenge, lui-même suite de WWF Wrestlemania, 2 titres édités par LJN / Acclaim mais développés par Rare.
Sorti fin 92 aux États-Unis et en Europe mais pas au Japon, SCC ne bénéficie ni du savoir-faire technologique accumulé en 10 ans de développement sur NES, ni de l’expérience des nombreux titres similaires sortis jusque là.
Le jeu met en scène 10 des plus populaires catcheurs officiant à la WWF en 92, à savoir les traditionnels Hulk Hogan, Randy ‘Macho Man’ Savage et Ted ‘Million Dollar Man’ Dibiase, les légendes naissantes Bret ‘Hitman’ Hart et l’Undertaker, l’Ecossais irascible et grande gueule Rowdy ‘Roddy’ Piper, Jake ‘The Snake’ Roberts, l’inspecteur des impôts Irwin ‘I.R.S.’ Schyster, the Mountie (le Québecois Jacques Rougeaux), et enfin le démolisseur Sid Justice.
Plutôt alléchant non ? Pétard mouillé surtout. En effet, TOUS les catcheurs possèdent les MÊMES prises, une carrure identique, et sont avec ça tellement pixelisés qu’on ne peut les reconnaître qu’à leur tenue flashy pour ceux qui en portent. Tout simplement honteux.
On peut jouer à un ou deux joueurs, l’un contre l’autre ou en équipe contre l’ordinateur, dans des matches simples ou des matches par équipe de 2. Dans un match sec, la difficulté est paramétrable (3 niveaux). Elle est imposée dans le mode histoire, où vous devez sans surprise prendre le lutteur (ou l’équipe) de votre choix, et défier tour à tour les 9 lutteurs ou les 4 équipes restant(e)s. Il est possible de vaincre par tombé (pin), ou par décompte à l’extérieur (10 secondes autorisées).
Et pourquoi « Steel Cage » alors ?
Les matches en cage sont des matches particuliers apparus au cours des années 80. Ils se déroulent dans un ring entouré d’une cage en acier, ce qui interdit les interventions extérieures et une fuite hors du ring. On y recourait à l’époque pour terminer de façon indiscutable une longue rivalité. Il y a 2 façons de gagner un match en cage : épingler son adversaire (ou le faire abandonner, mais ce n’est pas prévu dans ce jeu), et s’échapper de la cage le premier. Il s’agira ici d’escalader les barreaux métalliques et de monter sur le sommet avant que votre adversaire ne se relève.
Il est possible de choisir le match en cage de préférence à un match régulier en mode exhibition ; en mode championnat, vos 3e, 6e et 9e matches seront disputés dans une arène fermée. La cage ne pourra en revanche pas être utilisée pour les combats par équipe.
Concrètement, la cage empêche de sortir du ring et interdit de rebondir dans les cordes (et permet donc de balancer son adversaire contre les barreaux). Elle obstrue aussi pas mal le champ de vision lorsque les lutteurs se battent dans la partie inférieure du ring…
En clair, si elle apporte une originalité inédite jusqu’alors dans un jeu vidéo, elle ne révolutionne en rien la jouabilité.
Une jouabilité qui est bien mauvaise. Si les commandes sont plus intuitives que dans WWF Wrestlemania Challenge (on peut sortir du ring ou monter sur la 3e corde juste en pressant une direction), les prises et coups disponibles sont beaucoup trop restreints. Au contact, une seule projection est possible, le reste des techniques étant des coups de… je n’arrive pas trop à le voir ; j’aurais dit des coups de pied, mais j’ai lu sur un site que c’était des coups de boule… On peut aussi frapper son adversaire à distance (pied ou poing), au sol (pied ou coude), et également se projeter dans les cordes pour partir dans un mouvement aérien (corde à linge sautée ou saut chassé). Ce n’est pas évident du tout à maîtriser mais c’est au moins un peu spectaculaire. On peut enfin monter sur les cordes pour essayer de retomber sur le corps inerte de votre infortuné adversaire (pas évident à sortir non plus). Il est possible de rouler hors du ring à tout moment, pour essayer de gagner par décompte extérieur ou pour balancer votre opposant contre les barrières.
Le côté stratégique des matches est franchement limité, et la durée de vie bien faible, puisque tous les lutteurs font la même chose. Petite spécificité : un catcheur contrôlé par l’ordinateur récupère automatiquement 2/3 de sa barre de vie lorsque celle-ci tombe à moins de 3 barres. Une astuce qui ne marche qu’une seule fois par combat.
L’IA est heureusement bien meilleure que dans d’autres jeux de même support.
Les graphismes sont plutôt mauvais, comme je l’évoquais. Les catcheurs sont vraiment mal modélisés, le ring et ses abords sont assez vides. En se déplaçant près des cordes, on peut toutefois apercevoir une foule assez clairsemée, composée de petits bonshommes difformes et aux couleurs criardes, et mal animés.
Les thèmes musicaux sont, comme souvent dans un jeu de catch à licence, assez bons et fidèles aux thèmes réels. Sauf qu’aucun d’entre eux n’est écoutable pendant un combat ! Seule la clameur monocorde de la foule et l’impact des coups « égaient » la joute. Et on n’a même pas un arbitre qui pourrait mettre un peu d’ambiance.
La réalisation technique est bien plus proche d’un jeu Amstrad ou Atari ST que d’un jeu NES.
Les meilleures phases du jeu sont les écrans de présentation et de résultat du combat, où retentit le thème des catcheurs nommés. Ça fait peu…
RÉSUMÉ
WWF Wrestlemania : Steel Cage Challenge est une grosse déception. Les développeurs se sont moqués des joueurs en proposant de contrôler 10 lutteurs sans changer d’un poil les prises disponibles. Sortir un jeu aussi pourri en 92 est vraiment honteux, quand on voit la jouabilité déjà très bonne d’un Pro Wrestling sorti en 86… Il illustre à merveille l’adage qui veut que les jeux à licence soient très inférieurs aux jeux n’en possédant pas sur la NES.
4/10
En vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=tcwdt8xwpfU