_Ninja Cop Saizô
Développé par Taito Corporation, paru en Europe en 1991._
Vous êtes Black Manta, un ninja basé à New York. Et justement, rien ne va plus à New York ! Des enfants disparaissent à tours de bras sans que les autorités sachent bien ce qui se passe. Une nuit, votre mentor vous appelle pour vous informer que les enfants (y compris l’un de ses jeunes disciples, Taro, sinon il n’en aurait rien à foutre, le vieux !) sont enlevés par une organisation criminelle (le DRAT, pour Drug Runners And Terrorists… oui je sais, ça craint) qui projette d’en faire des toxicomanes ! Heureusement, le jeune Taro a réussi à laisser une lettre sur place (Faudra m’expliquer comment un gamin en train de se faire enlever peut avoir le temps de prendre une feuille de papier, un bic et écrire une lettre élaborée un minimum ?) indiquant où ils sont retenus prisonniers (il a dû entendre un méchant mentionner l’endroit où ils allaient être menés, à moins qu’il ne soit devin…).
Quoi qu’il en soit, parce que vous êtes dévoué envers votre maître, vous vous mettez en quête d’indices susceptibles de vous mener aux enfants disparus. M’enfin, c’est quand même ‘achement chié comme intro !
The credibility factor
Bon, le scénario est bateau au maximum. Prenez tout ça au trente-sixième degré ou passez à un autre jeu. Mais à l’époque on n’était pas trop regardant. Et puis les ninjas étaient à la mode : films de ninjas, jouets ninjas, jeux ninjas, déguisements de ninjas, … Je me souviens avoir épargné mes points G.I. Joe pour pouvoir commander le méchant ninja Cobra tout blanc qu’on ne trouvait pas dans le commerce… Celui avec les deux katanas dans le dos et les nunchakus. Tonnerre, je crois qu’il s’appelait. Ca déchire trop, non ?
Une fois cette intro mémorable terminée, vous commencez le jeu. Il se compose de cinq niveaux : New York, Tokyo, Rio de Janeiro, retour à NY pour finir dans le repaire du DRAT.
En plus d’être sacrément ringard au point de vue scénario, Wrath of the Black Manta se paie le luxe d’être moralisateur puisque le héros, entre deux bastonnades, y va de son petit speech antidrogues auprès des gosses qu’il secourt.
A quoi ça ressemble ?
La plupart des niveaux offrent une vue de profil standard. Black Manta se déplace à pied, mais devra aussi voler dans le niveau deux (en s’agrippant à ce qui ressemble furieusement à un essuie-bain !!!). On a donc une sorte de séquence de shoot où l’on doit tirer sur des ennemis qui se déplacent de la même façon mais en sens inverse.
Une fois en route, vous trouverez des lettres abandonnées vous donnant de précieux indices : où trouver une porte secrète, ou encore un indice quant à la meilleure façon de vaincre un boss.
Certains adversaires peuvent être attrapés et interrogés. A moins qu’il ne s’agisse toujours du même, qui réussit toujours à s’échapper avant qu’on ne le rechope un peu plus loin. Cool, me direz-vous ! Eh bien en fait, les « interrogatoires » sont tellement bidons au vu des informations capitales (sic !) que vous recevez, que c’en est risible… et donc fort jouissif. Du genre :
Le méchant : « Ok, je vais parler ! »
Black Manta : « Qui est le chef de votre organisation ? »
Le méchant : « Je ne sais rien ! »
Ou encore :
Black Manta : « Comment s’appelle votre organisation ? »
Le méchant : « Je ne sais pas ! Mais c’est une grosse organisation ! »
Ca revient un peu à regarder un film de série B de la même période : on n’y croit pas une seconde mais c’est tellement mal fait, tellement téléphoné ou franchement con que ça nous fait rigoler. Et le rire c’est la santé !
Wrath of the Black Manta n’est pas complètement linéaire (ou plutôt la linéarité est « masquée » un tantinet par le fait que notre justicier rencontre sur son chemin de nombreuses portes). Ces portes, pas de fioritures, il va falloir les ouvrir. On a donc un côté exploration, bien entendu vraiment limité, mais qui apporte un peu de variété.
Modes d’attaque et power-ups
Notre héros attaque en envoyant des projectiles. Mais il dispose bien sûr de méthodes plus complexes ; c’est l’art Ninpô (ce qui voudrait dire quelque chose comme « Art de l’invisibilité » - Note de Pouyou : « magie ninja »). Il s’agit en fait d’attaques « magiques » qu’il apprendra au fur et à mesure qu’il avancera dans le jeu. Il y en a quatre catégories, chacune comprenant plusieurs attaques pour un total de dix.
En vrac, citons la bombe incendiaire (du feu tombe du ciel), l’éclair (la foudre tombe), l’invisibilité (je dois vous le détailler ?), l’araignée (Black Manta peut se déplacer sous le sol) ou encore la téléportation.
Ces différents arts sont sélectionnables via un écran que l’on obtient avec select.
Pour activer ces attaques, il faut garder le doigt sur le bouton B pour charger une barre de puissance (comme dans Secret of Mana, tiens !) et le relâcher pour déclencher le tir.
Le jeu propose une certaine évolution puisqu’on apprend de nouvelles techniques après chaque niveau complété. On peut donc s’adapter.
Il arrive fréquemment que des bonus apparaissent lorsque vous avez dégommé tous les adversaires d’une pièce. Certains rendent des forces, d’autres augmentent le niveau de la barre de puissance Ninpô.
Aspect technique
Les graphismes sont moyens. La taille (grande) des sprites est appréciable et permet une bonne visibilité des différents protagonistes, mais les décors sont quelconques et sans grand relief, parfois même franchement plats. Les couleurs sont plutôt bien choisies, en revanche, malgré le fait qu’elles soient parfois ternes.
La musique n’est franchement pas terrible. Elle ne correspond pas à l’action et on se demande par moments si les développeurs ne se sont pas mélangés les pinceaux avec un autre jeu. Les bruitages (notamment les coups) me font penser à un jeu sur Amstrad.
L’animation, elle, est franchement basique ; la décomposition des mouvements est limitée au strict minimum. C’est assez décevant. La maniabilité n’en souffre pas vraiment, mais le plaisir des yeux s’en trouve diminué.
En bref
Surfant sur la popularité des jeux de ninjas tels Ninja Gaiden (Shadow Warriors dans nos contrées), Wrath of the Black Manta n’en possède pas la personnalité ; en effet il est difficile de s’enthousiasmer réellement. Ceci dit, le système Ninpô est bien pensé et apporte de la diversité dans les attaques, et permet aussi d’élaborer une mini-stratégie au fur et à mesure que l’on acquiert de nouvelles attaques.
Techniquement le jeu se positionne dans la moyenne. Loin d’être un chef d’œuvre, ce n’est pas une daube non plus.
Verdict : 6/10