_Développé par Nihon Bussan, édité par FCI sur NES en 1990.
Titre japonais : Super Star Pro Wrestling_
Tout le monde connaît la WWF, la World Wrestling Federation, aujourd’hui appelée WWE (avec E pour « Entertainment »), la plus importante fédération de catch internationale depuis plus de 60 ans. Mais dans l’ombre de celle-ci, plusieurs organisations mineures essaient ou ont essayé d’exister. Une seule a eu la folle ambition de la concurrencer, et a même réussi à lui voler brièvement le leadership en terme d’audience télévisée : il s’agit de la WCW, pour World Championship Wrestling.
D’abord affiliée à la NWA, la National Wrestling Alliance, elle a pris son indépendance au début des années 90 et a rivalisé avec la WWF entre 1994 et 2000, sous l’égide du tout puissant magnat Ted Turner. Elle a toutefois perdu la guerre contre la fédération de Vince McMahon, qui la racheta en 2001 et l’enterra aussi sec.
Des superstars légendaires se sont révélées à la WCW, comme Ric Flair, Sting, les Steiner Brothers et les Road Warriors.
Pour le plaisir des fans, 7 ou 8 jeux vidéo permettant de contrôler les catcheurs de la WCW ont vu le jour durant la décennie 90, jusqu’à WCW Wrestling sur PS2, finalement annulé.
Le tout premier d’entre eux est sorti sur la NES en 1990 et se nomme WCW World Championship Wrestling.
Notons que ce jeu se base sur le titre japonais Super Star Pro Wrestling, rigoureusement identique mais mettant à l’affiche des catcheurs officiant dans des fédérations japonaises (Tenryu, Vader, André le Géant). Seuls les Road Warriors figurent dans les 2 jeux. Pour la petite histoire, ces derniers ont figuré sur la jaquette du jeu jusqu’à ce qu’ils signent à la WWF ; Sting les a alors remplacés.
UN JEU À NE PAS JETER AUX WC (pas trouvé mieux…)
Si le niveau de la majorité des jeux de catch NES est « excrémental », WCW apporte une brise de fraîcheur à la petite console grise. Large roster, réalisation propre et animation fluide, jouabilité au « poil » parfumée de modes de jeux variés, le titre a plusieurs feuilles de lotus à son rouleau (je suis d’humeur lyrique aujourd’hui).
Parlons de prime abord - et comme il est de coutume - des protagonistes.
WCW propose d’incarner pas moins de 12 lutteurs dits « réels », ce qui est énorme en regard de la concurrence sur le même support, auxquels s’ajoute un PNJ, le massif boss de fin « WCW Master ».
Sont présents : The « Nature Boy » Ric Flair, Sting, Lex Luger, Mike Rotunda, Kevin Sullivan, Ricky « The Dragon » Steamboat, Ric Steiner, les Road Warriors Hawk et Animal, Steve « Dr. Death » Williams, Eddie Gilbert et Mark Hayes.
Des noms qui diffèrent enfin des éternels Hulk Hogan et Macho Man (qui rejoindront tout de même la fédé plus tard) pour un jeu aux relents exotiques. Il est à parier que même les plus fans d’entre vous n’ont pas entendu parler de la moitié des mecs que je viens de vous citer ; c’est normal, rassurez-vous.
De façon fort distrayante, la présentation des catcheurs est dynamique et donne des infos biographiques complètes (surnom, prise de finition, taille, poids, date et lieu de naissance).
Le système de prises disponibles est original et très intéressant. Chaque lutteur dispose de prises standards à exécuter avec le bouton B (Powerslam, coup de boule et projection dans les cordes) et de prises personnelles à sélectionner avant chaque combat. Il vous sera en effet demandé de choisir 4 prises parmi les 8 figurant au répertoire d’un catcheur. Une fonctionnalité rare et vraiment sympa. A vous de privilégier les techniques de projection au sol, les prises de soumission, ou de mixer les deux. Le seul petit inconvénient, c’est qu’on ne vous donne pas la manip pour sortir chacune de ces prises ; il faudra un peu tâtonner avec le bouton A avant d’établir une correspondance entre la prise et la commande pour la déclencher.
Au total, 15 mouvements particuliers sont accessibles, du Backdrop au Piledriver en passant par l’Atomic Drop, le Running Bulldog ou le Boston Crab. Seules une ou deux prises sont confidentielles au point qu’à peine 2 lutteurs les maîtrisent (pour réaliser un Power Lift il faudra prendre Animal ou Dr. Death).
Dernier point : il est possible d’exécuter le finisher de votre lutteur lorsque votre adversaire est à l’article du K.O., en pressant A+B et en étant au centre du ring. Le finisher est le mouvement de signature d’un catcheur, généralement c’est grâce à lui qu’ils remportent le match.
L’éventail de prises disponibles est donc incroyablement riche, et se place au niveau de Tecmo World Wrestling sur ce point.
Note : pour empoigner votre adversaire, il ne suffit pas de se coller à lui et/ou de nouer un contact (un « catch »). Dans WCW, il faut d’abord toucher votre antagoniste à distance par quelques coups de pied ou de poing. Après en avoir reçu 3 ou 4, il va accuser le coup et baisser sa garde ; c’est alors le moment de le choper et de lui infliger le sévice de votre choix. Ce système est un peu chiant, pour tout dire, par rapport à ce qui se fait communément. Il faudra trouver le bon timing pour toucher son adversaire avant lui, ce qui n’est pas évident et pourtant primordial, puisque le sort du match se décide véritablement là.
Un combat se remporte par tombé, par soumission, ou par décompte à l’extérieur (20 secondes maximum autorisées). Après chaque prise, une barre de santé apparaît pour matérialiser la force qu’il reste au mec qui vient de se prendre le coup. C’est quand il ne reste que 2 carrés que la prise de finition devient accessible.
Il est possible de balancer votre infortuné adversaire hors du ring. Le combat se poursuit alors de la même manière, mais parfois une clé à molette traîne par terre, vous autorisant à frapper l’autre avec une fois. Egalement, on peut monter sur la 3e corde et plonger sur votre adversaire au sol.
PARVIENDREZ-VOUS À MONTER SUR LE TRÔNE ?
Pour continuer au rayon des bonnes nouvelles, évoquons des modes de jeu relativement classiques mais réussis.
Il est possible de jouer à 2 joueurs, et de faire des matches par équipes de 2.
Contre un ami, vous vous affrontez dans un match au meilleur des 3 manches. Vous avez 15 minutes pour faire la décision en simple, et 30 minutes pour l’emporter en tag team.
Le mode coopératif contre l’ordinateur n’est par contre malheureusement pas prévu.
En mode 1 joueur, 2 challenges s’offrent à vous :
en mode single, vous défiez successivement les 11 autres lutteurs. Si vous les battez tous, vous gagnez le titre mineur. Pour gagner le titre de champion du monde, il faudra de nouveau tous les affronter, en terminant cette fois-ci par le boss, le lutteur masqué « WCW Master ». Un mot de passe bienvenu permet de ne pas avoir à tout faire d’une traite. Notons que l’ordre des matches est pour une fois aléatoire, et change à chaque partie.
en mode tag, vous ne vous engagez pas dans un mode « histoire » mais participez à un tournoi à 6 équipes, où tout le monde affronte tout le monde. Dans cette compétition, une défaite n’est donc nullement éliminatoire. Vous marquez 4 points par victoire, 2 points par match nul (double décompte ou temps écoulé) et rien si vous perdez. Un système que j’aime beaucoup et unique sur NES.
Le jeu est franchement bien difficile. On ne peut pas paramétrer le niveau de difficulté, et je dois avouer que je n’ai encore jamais réussi à gagner… le moindre match, que ce soit en simple ou en tag. Je ne suis pas à l’aise avec le système un peu « button mashing » pour étourdir son adversaire avant de pouvoir lui porter une prise. En plus d’être pas évident, c’est assez répétitif, et donc assez lourd.
Avec ça, les ennemis semblent bien plus résistants que vous ne l’êtes. J’ai un peu de mal à comprendre comment marche la barre de santé, étant donné qu’on perd régulièrement 3 carreaux à la première prise subie des mains de l’IA (avec un opposant humain les dommages sont plus modérés).
La réalisation technique est sérieuse. Le titre joue à fond la carte du divertissement sportif, en essayant d’en mettre plein la vue. Tous les personnages composant la foule sont joyeusement animés, l’arbitre est visible pour lancer le combat et annoncer le vainqueur, ce dernier pousse alors un cri rageur en levant les bras, etc. Les personnages sont plutôt bien modélisés sans être parfaits. On les reconnaît facilement, notamment grâce à leur tenue, leur look excentrique (lunettes, bandeau) ou leurs peintures de guerre. Leurs sprites sont assez gros et bien proportionnés. On relève en revanche quelques bugs d’affichage lors des collisions.
L’animation du jeu est réussie, avec mention très bien pour l’exécution des prises (les mouvements sont amples et on reconnaît immanquablement la prise utilisée). Les visages se tordent en un rictus pour exprimer la douleur, et la tête bouge afin de suivre des yeux le déplacement de l’adversaire (ce qui était assez rare à l’époque). Seuls un ou deux persos sont un peu ratés (Lex Luger notamment).
Même satisfectit pour la bande-son. Les musiques de match sont peu nombreuses mais dynamiques et bien choisies. Les effets sonores sont tout à fait convaincants. On signalera la présence de quelques phrases parlées dans le jeu. Un speaker crie le titre du jeu lors de la présentation, l’arbitre crie « Fight » pour lancer les hostilités, le vainqueur s’exclame avec un « yeah ! » rageur et le plus cool, on peut entendre un catcheur abandonner en soufflant un « I give up ! ».
La durée de vie de WCW est donc bonne, compte tenu de la difficulté et de la longueur du challenge, et du nombre de personnages. Dommage que le système de saisie soit aussi répétitif.
RÉSUMÉ
Seul jeu de catch NES sous licence WCW, WCW World Championship Wrestling enfonce pourtant nettement ses 4 concurrents de la WWF. Il se rapproche de la qualité et du fun de Tecmo World Wrestling, même si je trouve sa jouabilité moins agréable, plus répétitive et moins fluide.
Nombreux personnages bien modélisés et animés, une quinzaine de vraies prises de catch à sélectionner soi-même, jolie ambiance, 2 modes de jeu à un joueur très différents ; il est juste dommage que le titre soit aussi difficile et que le système de saisie ne soit pas la panacée.
17/20 qui font 8/10
En vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=CL8Isv4QkeM