Uninvited est un jeu vidéo NES publié par Kemcoen 1991 .

  • 1991
  • Aventure

Test du jeu vidéo Uninvited

3.5/5 — Très bien par

Développé par ICOM Simulations Inc., édité par MindScape sur Mac (86), Apple IIGS, C64, Amiga, Atari ST, PC (93), Pocket PC, par Kemco sur la NES (91).

S’il est un genre de jeu délaissé sur console, c’est bien le point & click. Et pour cause, il n’est pas adapté au contrôle au pad mais davantage à la souris.

Rappelons d’emblée le principe de ce type de jeu (aventure point & click) : le jeu se compose d’une succession d’écrans figés en vue première personne. Le but est d’interagir sur des éléments en sélectionnant une des actions proposées : vous cliquez sur une action au moyen de la flèche curseur, puis vous dirigez celle-ci vers une personne, un objet, un arbre… et un texte apparaît pour vous donner le résultat de l’expérience. Souvent, vous aurez un message de type « il ne se passe rien », « rien de spécial » « ??? ». Ou bien un message descriptif de style « le bois est mouillé ». Et puis lorsque vous faites l’action juste, un texte vous permettant une avancée : « le sac contient une corde ».

Les actions classiquement possibles sont « Examiner », « Parler », « Ouvrir », « Fermer », « Prendre » et « Utiliser ». Et bien sûr « Aller » (pour changer d’écran). Vous vous constituerez un inventaire d’objets à utiliser ensuite à certains endroits ou sur certains ennemis, de façon à générer une progression.

Grâce à Kemco, une trilogie de jeux P&C (appelés les MacVenture games, car développés initialement pour le Mac par ICOM Simulations) a toutefois été transposée de nos ordis sur la NES. Shadowgate est le plus connu d’entre eux ; ses 2 compères, non sortis en Europe, étant Uninvited et Deja Vu (la série comprend aussi Deja Vu 2, mais ce jeu n’a pas été porté sur la NES).

Les 3 jeux sont extrêmement similaires pour ce qui est du gameplay. Ce qui change, c’est l’environnement et l’époque :

  • Shadowgate se passe dans un château dans un univers heroic fantasy ; vous incarnez un chevalier devant vaincre un mage noir, à l’aide de sortilèges et d’armes conventionnelles.

  • Deja Vu a pour cadre l’Amérique des années 40, dans une ambiance très roman noir ; vous incarnez un détective qui a perdu la mémoire et dont la quête est précisément de retrouver celle-ci. Vous disposez notamment de quelques flingues (et de vos poings). Ce jeu plutôt méconnu est pourtant considéré comme le tout premier P&C.

  • Uninvited se déroule à l’époque contemporaine dans une maison hantée. Le héros (non nommé) doit retrouver sa frangine (sans nom également) réfugiée dans la demeure. Un scénario tellement prometteur qu’il va falloir que j’en dise plus.

DISS-PARUUUE, ELLE A DISS-PARU

Ça commence comme dans Silent Hill (test à lire aussi ;), à savoir que vous vous réveillez au volant de votre voiture accidentée, et constatez avec effroi que votre chère et tendre sœurette a disparu. La seule chose dont vous vous souvenez avant de planter votre caisse contre un arbre qui n’avait rien fait est votre tour de volant frénétique, pour éviter l’ombre ayant surgi de nulle part.

En vous grouillant de sortir du véhicule sur le point de s’embraser, vous apercevez un immense manoir à 2 pas de vous. Vous déduisez que votre sœur a dû trouver refuge et demander de l’aide dans cette bâtisse.

Comment est-ce que la miss a fait pour franchir un paquet de portes, verrouillées mécaniquement ou magiquement, alors que vous vous allez galérer pendant tout le jeu, ça on le saura jamais. Toujours est-il que vous devez tout faire pour la retrouver ; oubliez que vous êtes tenté de la laisser où elle est en vous rappelant toutes les fois où elle a squatté la télé pour regarder Premiers Baisers quand vous vous vouliez jouer à la NES, la fois où elle vous a révélé comme une boulette qui était le tueur de Scream, ou encore tous ces samedis soirs où les parents l’ont laissé regarder les dessins animés en plein milieu des Superstars du Catch sur Canal !! Oui y’a des expériences vraiment traumatisantes dans la vie d’un testeur…

RESIDENT…EVIL

Il va vous falloir explorer ce manoir que vous devinez hanté… en essayant tant que faire se peut de rester en vie. Notez que j’ai dit « en vie » et pas « non mort », le détail peut avoir son importance… Et après, certains osent prétendre que le survival horror est apparu avec Alone in the Dark et Resident Evil, tss… pirates !

Il se trouve que la baraque est abandonnée, il n’y a pas âme qui vive. Zut, me suis encore fait avoir, disons plutôt qu’il n’y a QUE des âmes qui y vivent. Quelques spectres, zombies et autres esprits s’y promènent. Faut que je vous explique : la maison appartenait à un grand et vertueux sorcier qui a enseigné la magie à ses élèves (l’école s’appellerait Poudlard que ça m’étonnerait pas, décidément tout le monde pompe sur Uninvited re-tss). Sauf que l’un des élèves, Voldemort, euh pardon… Dracan, a vu son âme se corrompre en même temps que ses pouvoirs grandissaient. Du coup, on suppose qu’il y a eu une baston entre le Maître et Dracan, et ensuite on ne sait pas ce qui s’est passé. A vous d’en découvrir plus…

MA SISTER BIEN AIMÉE

Le jeu consiste donc à visiter la demeure, trouver clés et indices, apprendre des sortilèges, récupérer des armes (euh en fait y’en a aucune, d’arme, maintenant que j’y pense) et des objets, et se frayer un passage entre les fantômes qui recherchent un nouveau compagnon de jeu. Accessoirement, quelques créatures animales ont élu domicile dans les parages : araignée géante, chiens de l’enfer, monstres bizarres… il faudra trouver un moyen de les contourner ou de les effrayer.

Contrairement à Shadowgate, il n’y a pas de limite de temps (système de torches). Cela dit, ramasser un certain objet maléfique vous condamne à brève échéance à devenir vous aussi un zombie. C’est bien l’objet qui a cet effet, il faudra s’en débarrasser pour être tranquille (pas évident de faire le lien). Cela est spécifique à la version NES ; on notera que sur PC il y a bel et bien une limite de temps (on devient zombie si on traîne trop).

En plus de la maison, on va explorer les bâtiments annexes que sont l’observatoire, la serre et l’église. En tout, le jeu s’étale sur une quarantaine d’écrans, même chose que Shadowgate. Par contre, on progresse beaucoup plus facilement, on ne reste pas bloqué 15 minutes sur un écran pour se retrouver encore coincé au screen d’après. Les énigmes et passages bloquants (nécessitant un objet ou une action précise) sont plutôt limités. Pas excessifs en tout cas.

L’une des spécificités de Uninvited par rapport à Shadowgate est le foisonnement d’objets à ramasser. Alors que dans Shadow chaque objet avait une utilisation (à l’exception d’un ou deux), dans le jeu sous revue vous pouvez récupérer une multitude d’items divers et variés : céleri moisi, boîte à chaussures crade, allumettes, spatule, couvercle de marmite, pesticide, parfum… tous ne servent pas à quelque chose, il va falloir réfléchir un peu avant de tout choper. Genre, le morceau de céleri ne va pas vous aider beaucoup contre le boss de fin… Personnellement j’aime bien cet aspect, cela donne pas mal de liberté au héros, renforçant le côté immersif du jeu. D’autres citent cette caractéristique en point négatif, genre « tain j’ai ramassé tout ce que je pouvais alors que ça servait à rien, quelle daube ce jeu ! ». Je laisse les lecteurs se faire leur propre opinion…

Gameplay somme toute classique donc, des objets, artéfacts et sorts à utiliser sur les ennemis (souvent il n’y a qu’un moyen précis de passer un obstacle. Et ce n’est pas toujours en accord avec la logique ; faut le deviner qu’on doit capturer une araignée pour effrayer le spectre du serviteur !). Les sortilèges sont décevants. Il y en a 4 ou 5, on ne sait pas quand s’en servir car leur effet est décrit de façon cryptée, en gros on les essaie tous quand on est coincé et qu’on ne sait pas quoi faire d’autre. Avec également pas mal de clés à trouver. Aucun passage véritablement transcendant ni marquant. Par contre, quelques petits clins d’œil aux autres jeux MacVenture sont présents : dans le labyrinthe on trouve 2 tombes (et les zombies y résidant). L’un est Lord Warlock, alias Talimar, le mage noir de Shadowgate, l’autre Ace Harding, le détective héros de Deja Vu. Ils se présentent en 2 phrases et essaient de vous barrer le passage, c’est plutôt sympa.

Vos objectifs sont de retrouver votre sister bien aimée (oui le héros l’appelle « Sister » et pas par son prénom ; dire que même dans Kung Fu, jeu qui brille par son scénario ultra complexe, les 2 personnages ont un nom : Sylvia et Thomas), occire définitivement Dracan et triompher de l’esprit des ténèbres habitant la maison…

RÉALISATION

Les graphismes sont plutôt soignés à mon sens, plus que dans Shadowgate tout du moins (tout le monde l’a trouvé super moche, alors mon avis sur Uninvited n’engage que moi).

On a toujours une fenêtre de décor assez petite, la fenêtre d’action en bas de l’écran et la liste d’inventaire sur la droite. Une fois qu’on s’est habitué à l’étroitesse de la fenêtre principale, on n’est plus trop gêné je pense. Les couleurs sont assez belles, les pièces et chambres sont ornées de meubles et de tapis, ce qui contraste avec l’environnement très sommaire et froid du château de Shadowgate. Les monstres et spectres sont assez bien dessinés et effrayants. Les écrans sont figés, à l’exception de très parcimonieuses animations (un oiseau qui traverse l’écran, un sort qui illumine l’écran…).

Côté bande-son, performance mitigée. Plusieurs musiques égaient votre progression, la plupart entraînantes et collant pas mal avec l’ambiance, mais il y en a au moins une de très stressante et qui tape bien sur les nerfs, pendant les moments les plus dramatiques du jeu qui plus est. Pas terrible. Et puis quelques rares effets sonores à l’apparition de certains ennemis, lancement des sortilèges…

Le jeu n’est pas excessivement long ni difficile, on en vient à bout relativement aisément (j’ai quand même été bloqué 2/3 fois, comme d’hab).

La replay value est assez limitée. Pas grand intérêt à recommencer le jeu.

Le scénario est un peu léger, l’histoire du Maître et de Dracan n’est pas spécialement prenante. Au final, je trouve qu’on n’est pas assez immergé dans le jeu pour un P&C.

RÉSUMÉ

Un Point & Clic sympa, classique, mais avec absolument rien d’exceptionnel ni d’inoubliable. En plus Uninvited est chronologiquement le second jeu de la saga MacVenture (et le dernier à avoir été porté sur la NES), il n’a donc même pas le mérite d’avoir apporté quoi que ce soit de plus au gameplay du pionnier Deja Vu.

C’est le jeu que j’ai le moins apprécié de la série.

Bien sûr rien ne vous empêche d’y jouer sur Atari, PC, Mac plutôt que NES. J’avais découvert Shadow sur la NES, j’ai continué sur ce support, voilà tout. Le contrôle au pad on s’y fait quand même. Et puis les versions ordi ne sont pas toutes très ergonomiques non plus. On notera que sur celles-ci 2 actions remplacent la fonction « Utiliser » : « Operate » et « Consume », que l’on pourrait traduire par « actionner » et « absorber ». Et la fonction « Prendre » n’a plus lieu d’être puisque la prise s’effectue au moyen d’un drag & drop du décor vers l’inventaire.

Mes recommandations seront simples :

Tu as bien aimé Shadowgate (ou Deja Vu) ? Tu aimeras sans doute Uninvited.

Tu n’as pas aimé ? Tu n’aimeras pas.

Tu as envie de tenter un P&C MacVenture ? Dirige toi plutôt vers Deja Vu, le jeu proposant la meilleure ambiance et le plus fort aspect immersif.

Ah, et dernier conseil. Si vous ne devez retenir qu’une seule chose de ce test, c’est de ne pas rentrer dans un vieux manoir sans y avoir été invité, ha ha ha…

7 sur 10

(Shadowgate 7,5 arrondi à 8, Deja Vu 8,5 arrondi à 9)

Uninvited