Développé et édité par Tecmo sur Famicom en 1987, au Japon uniquement.
Vous en avez assez du catch ? Vous en avez marre des mecs body-buildés en slip jaune moulant ? Que diriez-vous de vous changer les idées en jouant à complètement autre chose, à savoir des mecs bien gras en mawashi jouant à se pousser pour sortir d’un cercle ?
Ça tombe bien, j’ai justement un Tsuppari Oozumou à vous exposer.
SUMO KU SONE TORE LER
Sorti uniquement au Japon et jamais traduit en anglais, Tsuppari Oozumou (ou Tsuppari Ōzumō) est parfois référencé sous le nom « Tecmo Sumo Wrestling », mais il s’agit bien de la même version, semble-t-il. On notera qu’il est possible de jouer à ce titre sur la console virtuelle Wii. Ce que je ne m’explique en revanche pas, c’est ce qu’on lit sur l’écran de présentation : « Sumo Wrestling, TOMA Ltd, 1998). Bref, passons.
D’autres jeux de sumo sont sortis sur Famicom et Super Famicom (dont Tsuppari Ōzumō : Risshin Shusse Hen, sa suite directe, en 93), mais leur sortie est restée cantonnée à l’archipel nippon, où la discipline est hautement populaire et respectée. Les rikishi (pratiquants du sumo, faussement appelés sumotori en France) et plus encore les yokozuna (les grands maîtres) sont vénérés comme des dieux.
Bon, je vous le dis de suite, je m’y connais beaucoup moins en sumo qu’en catch ; donc, les quelques petites infos introductives ci-présentes sont surtout pompées de Wikipedia.
En 2 paragraphes : le sumo est un sport de combat, un art qui voit s’affronter 2 rikishi sur ou dans un ring circulaire (ou dans un cercle tracé dans le sable). Ils sont uniquement vêtus d’un mawashi, cette espèce de string géant mesurant une dizaine de mètres. Le but du jeu est de balancer son adversaire hors de l’aire de combat de 4,55 m, ou de lui faire toucher le sol par une autre partie du corps que la plante des pieds, et non pas de lui faire mal. Les coups de poing et de pied ne sont pas utilisés, au contraire des saisies et prises au contact (82 sont autorisées, les prises gagnantes sont nommées kimarite).
Sport de tradition, le sumo obéit à des règles strictes, et notamment à 3 gestes ritualistiques pratiqués avant le combat : le shiko (les lutteurs chassent les esprits en frappant le sol avec les pieds, après les avoir levés très haut), le dohyō (ils prennent une poignée de sel et la lancent sur la zone de combat en signe de purification) et le rituel de « l’eau de force » que le rikishi boit puis recrache.
Le combat débute au signal du gyōji, l’arbitre, qui présente alors l’autre face de son éventail. Après une phase d’observation, les lutteurs doivent toucher le sol avec leurs deux mains pour accepter le combat. Les deux lutteurs démarrent alors les hostilités en se jetant littéralement l’un sur l’autre (c’est le tachi-ai).
Simulation fidèle, Tsuppari Oozumou inclut toute cette mise en scène dans les combats qu’il propose de vivre.
RIKISHI OU LA BELLE VIE
Par chance pour les non-japanophiles, quelques écrans de textes apparaissent en anglais, dont la présentation des modes de jeu et l’écran de proclamation de l’issue du combat.
On a le mode 1 joueur, sorte de mode histoire où vous affrontez successivement les autres rikishi du jeu, jusqu’à devenir… euh, j’en sais rien… le meilleur sumo du monde j’imagine, ou bien accéder au rang de yokozuna. Si quelqu’un a la persévérance de le découvrir, qu’il me contacte.
A priori, le jeu comprend 20 montagnes de graisse, différenciées par leur teint de peau et la couleur de leur mawashi.
Après un combat gagné, vous affrontez le suivant sur la liste ; après une défaite, vous devez affronter à nouveau le dernier lutteur vaincu, si j’ai bien compris. Toutes les 3 victoires, c’est l’heure de la bouffe, ce qui vous donne un petit supplément de puissance. Bon soyons clair, je n’ai pas percé tous les mystères du titre. Par exemple, perdre un paquet de fois dès le départ vous fait affronter à chaque fois un nouveau rikishi. Le système de classement n’est pas si évident à comprendre. Idem, on a parfois un écran de « game over », mais je ne saurais dire quand il survient. Le jeu prévoit un mode continue via un mot de passe, mais là aussi, dur à dire si le code est donné au début ou après chaque combat, ou bien seulement durant le fameux écran « game over ». Ah, et j’ai oublié de vous dire que vous devez, en début de partie, vous choisir un nom… en japonais. Bon courage !
Le dernier mode est le versus contre un autre joueur. Mais pas en 1 contre 1, en 5 contre 5 ! Eh oui, chaque joueur peut choisir une équipe de 5 sumotori parmi 4 déjà préformées. Un choix guère important, puisque tous disposent des mêmes caractéristiques au combat.
La confrontation s’opère sur le mode « survivor series » : dès qu’un lutteur est éliminé, il est remplacé par le suivant sur la liste, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’une équipe soit complètement décimée.
UN RIKISHI SINON RIEN (promis, c’est le dernier intertitre)
Bon, retenez juste que le mode 1 joueur est assez long et nécessite au moins une vingtaine de matches avant de voir la fin du jeu. Passons à l’essentiel : les combats.
Après le protocole d’usage, les 2 rikishi posent leurs mains au sol, afin de signifier qu’ils acceptent le combat. Lorsque le gyōji donne le signal, il va s’agir de charger son adversaire (avec A ou B), ce qui s’appelle le ? Le ?? Le tachi-ai. Suivez un peu, mince. S’ensuit une lutte au corps-corps âpre et sans temps mort.
A + avant permet de taper, en envoyant une grosse baffe (et une baffe d’un molosse de 150 kg, on doit la sentir passer).
B + avant permet d’empoigner son adversaire et de le pousser vers l’extrémité de l’aire, et B + arrière le projette par-dessus vos grasses épaules.
C’est tout et, disons-le, ça fait assez peu. Les combats sont courts (moins de 20 secondes en général) et répétitifs.
Pour gagner, il faut que la jauge de votre adversaire soit vidée de barres blanches (oui, parce que les barres blanches se superposent aux barres pourpres et bleues, ce qui ne sert à rien donc je ne vais pas vous embrouiller davantage avec ça). Lorsque c’est le cas, vous poussez en un dernier coup votre opposant hors de la surface, ou bien le mettez KO. On a parfois droit à une sorte de « fatality », l’adversaire traversant toute la surface de combat en faisant la roue malgré lui, ou bien décollant du sol avant de s’y écraser en le fissurant, le tout sous le regard hilare du vainqueur.
On ne peut pas vraiment dire que la stratégie ou la technique jouent un quelconque rôle dans ce jeu. Faites-vous plais’ en tapant dans le tas (au sens propre) et, si vous êtes assez rapides, ça devrait passer assez facilement durant les premiers combats. Par contre, les mastodontes qui vous font face sont de plus en plus robustes et difficiles à faire reculer. Je vous laisse vous débrouiller pour trouver comment en venir à bout avant de laisser tomber Tsuppari Oozumou.
Si les combats sont répétitifs et donc assez vite lassants, heureusement que la réalisation assure un max. La seule arène disponible est entourée d’une foule nombreuse et bien représentée, avec des bouilles, des looks et des expressions à vous fendre la poire. 2 commentateurs font leur job pendant le match, et l’arbitre est un lapin en kimono mauve. Ça donne le ton ! J’ai parlé des persos ; ils sont bien modélisés, bien qu’ils aient tous le même visage et la même silhouette. C’est sûrement un peu dommage que, du coup, on ait du mal à les mémoriser et les différencier.
Par contre, l’animation est au poil. Le ton est donné dès l’écran de présentation, où on voit 2 mecs se foutre sur la tronche avant que le titre du jeu ne vienne les séparer ! Les rikishi lancent du sel sur le sable, tapent du pied par terre, empoignent rageusement leur adversaire, tout en exprimant leur souffrance et leurs efforts. Ils transpirent de temps à autre, et bougent frénétiquement les bras pour garder leur équilibre lorsqu’ils risquent la sortie de piste. La « fatality » est marrante à regarder, notamment celle où le sumo s’écrase sur le sol, ce qui fait trembler l’écran ! Petit détail franchement sympa : en mettant pause avant le coup d’envoi du match, on a droit à une petite animation sous la forme d’un mec qui passe le balai sur la surface. Enfin, les commentateurs félicitent le vainqueur par des « Perfect ! », « What a good fighting ! » et bâchent le perdant par des « You suck ! » ou « Next time win » ! On remarquera que l’anglais est parfois approximatif.
La bande-son est conforme à ce qu’on peut s’attendre avec un jeu aussi déjanté. Gentillette et assez délire.
RÉSUMÉ
Si, comme Jacques Chirac, vous êtes fan de sumo et frustrés de ne jamais avoir eu l’occasion de le pratiquer sur console, alors Tsuppari Oozumou a été développé pour vous. Si vous n’y connaissez rien en sumo, c’est pas grave, ça vous donnera l’occasion de vous marrer un bon coup. Une bonne tranche de rigolade sans arrière-pensées, voilà ce que propose ce jeu, par ailleurs réalisé tout à fait « sérieusement ».
Le titre est long mais malheureusement répétitif, et on ne comprend pas complètement comment fonctionne le mode histoire. Mais les jolies et nombreuses animations, ainsi que le mode 2 joueurs convaincant, garantissent quelques dizaines de minutes de bonheur, à défaut de vraiment augmenter une durée de vie qui reste faible. Un jeu à découvrir pour les retrogamers et les fans de la NES en particulier, et n’hésitez pas à le partager avec quelqu’un !
7/10
Guide en anglais : http://www.gamefaqs.com/nes/578476-tsuppari-oozumou/faqs/53663
En vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=MnqBee-gTQg
Pour en savoir plus sur le sumo : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sumo