Paru alors que la Famicom est en train de vivre son long chant du cygne (c’est même le dernier jeu officiellement édité sur la bécane), Takahashi Meijin no Bouken Shima IV est le seul épisode de la saga à n’avoir jamais vu le jour en occident. Aussi ne sera-t-il jamais traduit de manière officielle (on peut trouver facilement des roms traduites en anglais sur la Toile), ce qui est fort dommageable lorsqu’on sait que c’est le volet le plus original de la série, tous supports confondus.
ORIGINAL, ON VOUS DIT !
Même en matière de scénario, ce quatrième Adventure Island bouscule les conventions, tout au moins celles de la série. Car cette fois-ci, Tina n’a pas été enlevée par de méchants extraterrestres, et vous n’aurez donc pas à l’empêcher de subir les derniers outrages par d’affreux tentacules (si je t’attrape…).
Non, ici c’est un ancien démon, jusque là piégé sur l’île des dinosaures, qui fait des siennes. L’affreux s’est mis en tête de conquérir le monde (l’originalité a ses limites) et commence par le coin de paradis où vit Master Higgins, kidnappant ses amis sauriens pour les enfermer là où le soleil ne brille jamais. Non, pas DTC, non.
LE TOUR DU MONDE EN QUATRE-VINGT PAS
Takahashi Meijin no Bouken Shima IV est un jeu de plates-formes, certes, mais bien loin de la linéarité des trois premiers opus. Ici, tout se déroule dans un seul et unique vaste monde, découpé malgré tout en sections qui s’enchaînent mais entre lesquelles vous ne pouvez pas naviguer à loisir. En effet, chaque zone de jeu (plaine, volcan, glacier, cristaux…) se débloque une fois que vous avez vaincu le boss de la section précédente.
Pour atteindre ce dernier, vous devrez en général utiliser un objet que vous obtiendrez auprès du demi-boss de la section. Un peu comme les Zelda en fait, mais sous forme de jeu de plates-formes. Les objets en question vont de la lance, qui permet de s’accrocher aux plates-formes en hauteur, au parapluie pour planer, en passant par le marteau, qui brise le sol, et le pistolet à haut, qui sert à arroser les plantes ou à éteindre le feu.
Heureusement que cet inventaire (accessible en appuyant sur Start) est là, parce que de base, le pauvre Master Higgins n’est pas capable de grand-chose. Il peut sauter si vous appuyez sur A (maintenez la direction haute enfoncée pour effectuer un saut plus long), utiliser l’armement ou l’objet sélectionné dans l’inventaire lorsque vous appuyez sur B, et, petite nouveauté, il peut aussi courir si vous maintenez la touche B pressée.
Lorsque vous aurez vaincu un boss de section, vous délivrerez un de vos amis dinosaures. Vous pourrez ensuite le choisir comme monture (il sera présent dans l’inventaire sous forme d’étoile), chacun ayant ses spécificités : l’un d’entre eux crache du feu, un autre vole, un troisième vous permet de vous déplacer plus facilement sous l’eau…
Vous trouverez également des fruits et de la nourriture qui restaurent votre santé. Nouveauté là encore : votre jauge ne décroît plus à mesure que vous vous déplacez, seulement lorsque vous vous faites toucher. Vous trouverez également des demi-cœurs : à la manière de Zelda, deux demi-cœurs égalent un cœur supplémentaire. L’étoile enfin, vous rend invincible pour une courte période. Si malgré tout cela vous veniez à mourir, n’oubliez pas que vous repartez de votre maison. Vous devrez entrer le mot de passe - que vous avez obtenu après avoir vaincu un boss - pour repartir de là où vous en étiez.
Et pour économiser de nombreux pas, il est fort conseillé d’utiliser l’œuf de téléportation sur tous les socles répartis un peu partout sur votre parcours. Notez enfin que vous pourrez participer à de nombreux mini-jeux, certains étant impératifs pour obtenir certains objets. Takahashi Meijin, l’homme qui prête son (sur)nom au jeu, étant connu pour sa faculté à appuyer très vite sur les boutons de la manette, les mini-épreuves en question consistent à défoncer la manette comme un taré pour gagner une course. Si vous voulez vous éviter bien des déceptions, n’hésitez pas à enclencher l’autofire de la manette.
GRANDEUR NATURE
En matière de réalisation, Takahashi Meijin no Bouken Shima IV ne change pas vraiment la donne. On ne peut pas dire que les graphismes soient spécialement plus beaux que dans le précédent épisode, ni plus fins ni plus colorés, et si les animations sont relativement fluides, la série des Adventure Island n’est pas non plus un modèle en matière de rythme effréné. Pas mieux du côté de la bande-son, les différents thèmes étant peu nombreux et peu ambitieux.
C’est surtout de par sa nouvelle orientation ludique que cette énième aventure se distingue. Le jeu est bien moins linéaire, les allers et retours sont même particulièrement nombreux, et les nouvelles capacités de Master Higgins sont appréciables. Le rythme de jeu s’en trouve malgré tout ralenti, décompressé, et la lassitude pourrait peut-être poindre chez les moins acharnés, d’autant que la difficulté peu élevée n’aide pas à se sentir concerné. Ce ne sont là que pinailleries, mais cela peut en décourager quelques-uns.
Malgré tout, Takahashi Meijin no Bouken Shima IV est un grand jeu. Plus original, plus vaste, mieux construit, son aspect course d’orientation lui donne un nouveau souffle. Subjectivement, c’est celui que j’ai le plus apprécié. Par contre, est-ce encore vraiment un Adventure Island ? Oui si l’on considère le héros, les ennemis et le décor (bref, tout le background), mais non si l’on se réfère uniquement au fond.