Swords and Serpents est un jeu vidéo NES publié par Acclaimen 1990 .

  • 1990
  • Role Playing Game (RPG)

Test du jeu vidéo Swords and Serpents

3.5/5 — Très bien par

Développé par Interplay, édité par Acclaim sur NES uniquement, 1990.

Swords and Serpents est un jeu NES original à plus d’un titre.

D’une part, parce que c’est un donjon - RPG à écrans figés, en vue à la première personne, avec des combats gérés au tour par tour dans un univers tout ce qu’il y a de plus heroic fantasy. Ce qui doit en faire, à mon humble connaissance, le seul représentant du genre sur la 8-bit de Nintendo.

D’autre part, parce qu’il est jouable à 4, via le NES Four Score, gadget présenté comme révolutionnaire mais dont l’achat était bien difficile à amortir, au vu du peu de titres éligibles (2 douzaines en tout et pour tout, et rarement des hits).

LES BIDASSES EN FOLIE

C’est l’histoire d’un guerrier (Ajax), d’un voleur (Mask), d’un magicien (Iago) et d’une sorcière (Erin). Las de taper le carton à la belote ou au tarot, nos 4 acolytes décident de partir en expédition dans un gigantesque donjon, histoire de taper tout ce qui se présente à portée de lame, et surtout de mettre une rouste au phénix de ces murs, le Dragon.

En fait, ils ne sont pas sûrs qu’il s’agisse d’un dragon, car le manuel et la jaquette du jeu, ainsi que d’autres sources sur le net, mentionnent un serpent. Faut dire que la légende prétend que personne ayant croisé le Seigneur du donjon n’est encore vivant pour en témoigner, à part un intrépide testeur un brin désœuvré qui, selon certaines rumeurs calomnieuses, aurait fait usage de codes Game Genie et de walkthroughs obtenus auprès d’un mage de la contrée gamefaqs pour mener sa mission à bien. N’importe quoi. Enfin bref, le but de nos joyeux drilles est de le trouver et de le dépecer. Aucun autre élément scénaristique ne sera abordé.

SOUS LA TERRE RIEN DE NOUVEAU

Le jeu fonctionne comme un RGP des plus classiques : 4 personnages, 3 classes différentes, 3 secteurs statistiques (force, intelligence et agilité), une barre de santé, plus une barre de magie pour les sorciers. La force détermine l’impact des coups infligés, l’intelligence l’efficacité des attaques ou des sorts, et l’agilité la priorité de passage décisionnel (un personnage agile pourra choisir son action avant un qui l’est moins). L’agilité est primordiale.

En plus de ses attributs, chacun de vos personnages possède un inventaire personnel constitué d’armes, d’objets de protection et d’artefacts ne servant pas au combat (bijoux à vendre, clés…).

Les objets peuvent être trouvés, gagnés en battant des ennemis, ou achetés à l’armurerie. Bien sûr, vous démarrez avec un équipement standard, qu’il faudra impérativement améliorer pour espérer progresser dans le donjon. Les armes sont classées en fonction de leur efficacité, des dommages qu’elles infligent et du nombre d’ennemis qu’elles peuvent atteindre en un même assaut (de 1 à 3). Les objets protecteurs sont plus simples à choisir (en fonction du degré de protection offerte, matérialisée par un nombre d’AC). Contrairement aux armes, vous pouvez vous équiper de plusieurs protections en même temps.

Il faut noter que certains objets ne sont destinés qu’à des classes de perso spécifiques. Par ailleurs, un héros ne pourra transporter plus de 6 accessoires à la fois. Ce qui implique de vendre ou de jeter les choses devenues insuffisamment utiles, et de s’échanger les objets entre les persos (un magicien ne pourra pas s’équiper d’une épée, mais pourra la garder dans son inventaire).

Après chaque combat victorieux, votre groupe bénéficie d’or et de points d’expérience. Lorsque vous franchissez un montant de points d’expérience donné, l’équipe passe au niveau suivant. Vos héros verront alors leurs jauges maximales de santé et de magie augmenter, et gagneront un point dans un secteur statistique choisi aléatoirement. Le niveau maximum est de 16. Plus vous montez de niveau, plus le nombre de points d’expérience requis augmente.

Le donjon possède lui aussi 16 sous-sols. Votre tâche consiste à fouiller chaque level, à la recherche de l’escalier vous donnant accès au niveau suivant, tout en ramassant des objets précieux, en collectant des indices et en apprenant des sortilèges nouveaux. 16 sorts sont disponibles (2 au départ). On retrouve des magies d’attaque, des sorts de guérison, de renforcement des attributs (force ou intelligence) et des talents (franchir les murs, léviter). Les sortilèges consomment un montant de MP proportionnel à leur puissance.

L’écran de jeu est divisé en 3 : informations sur votre équipe, carte du niveau (seules les pièces visitées apparaissent) et vue à la première personne sur les couloirs et les murs, ou les ennemis lorsque vous en croisez un. Justement, les combats ça se passe comment alors ? Ceux-ci sont aléatoires, à l’exception de certaines pièces renfermant un groupe d’ennemis prédéfini. Même lorsqu’ils sont en groupe (de 1 à 8), les méchants sont toujours de même nature, ils ne se mélangent pas avec les autres espèces. L’écran vue 1ère personne vous montre l’ennemi, et l’écran carte fait apparaître leur nombre et leur jauge d’endurance. S’ensuit l’affrontement, au tour par tour. Ce qui signifie que vos héros et leurs adversaires vont prendre une décision de façon alternée. Parmi ces décisions, vous pouvez choisir entre frapper, lancer un sort, fuir, ou faire fuir l’ensemble du groupe, qui va alors retourner d’une case en arrière.

Le bestiaire est composé de zombies, araignées, chauve-souris, serpents, mages noirs, soldats, gobelins… Petite astuce des développeurs : un même ennemi pourra prendre des couleurs différentes, ce qui permet de varier leur niveau sans avoir à changer leur design. Plus les ennemis sont forts, plus ils laissent de points d’expérience et d’objets utiles. Outre le Dragon, le jeu ne prévoit aucun autre boss.

Pour récupérer vos points de vie sans avoir recours à la magie, il faudra vous rendre à des temples situés aux niveaux 1, 5 et 10 (ces mêmes niveaux abritent une armurerie). Visiter un temple permet de soigner et même ressusciter vos personnages. Autre aide potentielle : des ermites qui vous prodigueront quelques conseils.

Si tout le groupe périt au combat, le jeu vous ramène dans le dernier temple visité, mais vous perdrez tous les points d’expérience gagnés depuis le dernier niveau franchi. Vous perdez également ces mêmes points lorsque vous reprenez une partie via le système de mots de passe, plutôt lourd puisqu’il faudra rentrer un code par personnage puis le code de la partie, soit 5 codes à noter avant de quitter une partie… c’est plus pratique sur émulateur !

Outre les escaliers, il est possible de voyager entre les niveaux au moyen de « zoom tubes », des téléports qui vous ramèneront à un point antérieur (comme un niveau de multiple 5) ou ultérieur (plus rare). Gros inconvénient : vous ne savez jamais avant d’emprunter un « zoom tube » où celui-ci va vous emmener, d’où l’importance de tenir des notes. Certains ermites ont également le pouvoir de vous téléporter, si vous leur apportez certains objets, ce qui est parfois la seule voie possible pour accéder à un niveau inférieur.

Dernier élément, qui fait office de quête annexe : retrouver les 7 objets de rubis éparpillés dans le donjon. Sous-quête mais quête obligatoire quand même, car vous ne pourrez accéder aux 3 derniers niveaux sans y avoir satisfait.

4 FOIS PLUS DE FUN. OU PAS.

Vous pouvez jouer seul, à 2 ou à 4.

Lorsque vous jouez seul, vous contrôlez les 4 persos.

À 2, on choisit qui mènera la partie (contrôle des déplacements) et le J1 gère les persos 1 et 3 et le J2 les persos 2 et 4, en décidant des actions pendant les combats et de la gestion de l’inventaire entre ceux-ci.

À 4, devinez. Eh oui, chacun des joueurs a son propre personnage.

J’en profite pour préciser qu’au démarrage de la partie, vous pouvez soit prendre l’équipe prédéfinie, soit composer votre propre équipe. Avoir un magicien est toutefois obligatoire. Les attributs statistiques ne sont pas librement paramétrables, mais vous avez tout de même le loisir de choisir plusieurs profils.

Bon, franchement cette caractéristique de jouer à 4, c’est surtout de la poudre aux yeux.

Parce que ça ne laisse que très peu de prérogatives à un joueur qui n’est pas le maître du jeu. Gérer son inventaire ça va assez vite, et au combat, un guerrier ou un voleur devra se contenter d’appuyer sur le bouton A lorsque vient son tour. Fuir est certes une autre possibilité, mais qui sera rarement utilisée en pratique. Un magicien pourra en plus utiliser des sorts ; c’est déjà un peu plus intéressant, mais pour occuper 4 joueurs, franchement, restez à la belote.

Par ailleurs, si vous entamez l’aventure à 4, il faudra la poursuivre à 4, contrairement à un Secret of Mana par exemple, où un 2e ou 3e joueur pourront rejoindre ou quitter l’aventure à tout (dé)branchement de manette.

À 2 joueurs, pourquoi pas. Avec un magicien pour chacun.

**ET DONC ? **

Jeu atypique (pour la console) et se jouant à 4, ok. Et concrètement, il vaut quoi ? Avis un peu mitigé.

2 éléments sont rapidement frappants :

  • le jeu est moche. On évolue dans des décors vides ne laissant apparaître qu’un dédale de murs nus et unicolors. Certes, la couleur des murs évolue avec le niveau, mais bon… Les créatures sont assez bien dessinées, et légèrement animées (les monstres bougent les griffes ou les pattes, sortent un couteau…). Mais finalement, elles ne sont pas si nombreuses que cela, compte tenu de la longueur du jeu. L’écran carte est lui aussi tout ce qu’il y a de plus sobre : du noir, du rouge, une flèche et des traits jaunes pour les murs. Côté bande-son, la même parcimonie est de mise : le jeu comprend une seule musique d’ambiance (!) plus une pour les combats. Ainsi que 3 ou 4 effets sonores récurrents.

  • le jeu est répétitif. TRÈS répétitif. On marche, on tombe sur un groupe de monstres, on les trucide, on remarche, on se rebat, etc. Bien sûr tous les niveaux sont agencés différemment, prévoient des itinéraires, des cheminements différents pour s’en extraire, mais cela ne parvient pas vraiment à chasser l’impression de monotonie, de déjà-vu et déjà-fait.

Les sortilèges ne diversifient que modérément le gameplay. Plus exactement, de nombreux sorts font doublon, et il est difficile de comprendre les véritables effets des magies offensives, sachant que rien ne se passe à l’écran, seul un effet sonore permet de savoir si le sort a touché la cible, et le cas échéant les barres de vie soustraites. Ainsi, je n’ai jamais compris l’intérêt du sortilège le plus puissant, dont les effets semblent bien modérés…

On peut rajouter que S & S est très difficile. Il faudra faire pas mal de levelling (monter l’expérience du groupe) avant d’espérer franchir le niveau 1, et opérer de fréquents allers-retours avec les temples. Même au niveau d’expérience 16, avec tout l’équipement et les sorts disponibles, les 3 derniers niveaux regorgent tellement d’ennemis, ou plutôt de groupes de 7 ou 8 ennemis (c’est le nombre d’ennemis par combat qui présente la vraie difficulté), qu’il faudra zapper tous les combats non obligatoires pour s’en sortir. En outre, pour parvenir au dragon, il faudra dresser soi-même une carte, mentionnant le point de départ et d’arrivée des « zoom tubes » et collecter impérativement tous les indices dessinant le « chemin de la victoire », qui mène au Dragon. Un dur labeur ne laissant que peu de place à l’improvisation.

Malgré tout, le jeu possède une ambiance, un charme qui opère toujours dans une certaine mesure. Au point que j’ai eu envie de le jouer jusqu’à la fin (avec une carte toute faite à côté certes). Dommage toutefois que le scénario ne soit pas un peu plus étoffé, ou au moins mieux présenté ; la confrontation finale est bien abrupte, et la fin complètement pourrie.

Notons que le titre est disponible en version française (mais difficile à trouver sur émulateur) avec des personnages se nommant respectivement Merlin, Ombre, Roche, et la nana je sais plus…

RÉSUMÉ

Swords and Serpents est un jeu bien daté, moche, répétitif, long (16 niveaux), présentant un gros challenge, mais conservant un certain charme. Il a le mérite d’être le seul jeu de sa catégorie sur NES, même si 20 ans après la distinction ne vaut plus grand-chose. Plus que la possibilité de jouer en 4 simultanément, qui est une fausse bonne idée.

Je vais mettre 13/20 et me laisser aller jusqu’à 7/10.

Swords and Serpents