Au Japon, dans les années 90, les accros du shoot them up, les balèzes parmi les balèzes, les dieux de la gâchette s’affrontaient lors de concours organisés par des éditeurs tels que Hudson Soft et Naxat. Hudson Soft avait développé des versions spéciales, nommées Caravan Stages, de ses shoots de renom comme par exemple Soldier Blade Special : Caravan Stage. Les tournois se déroulaient l’été à bord d’une caravane qui sillonnait l’archipel nippon. Quant à Naxat, il avait carrément commercialisé des jeux originaux tellement ce genre de manifestations était populaire. Ces concours sur NES et PC Engine portaient le sous-titre de Summer Carnival.
Summer Carnival ‘92 : Recca est un shoot them up vertical extrêmement nerveux réservé aux dingues de la manette. La vitesse de défilement des ennemis surprend dès le départ et on se fait vite rétamer. On n’a même pas le temps de faire 10 mètres que le ‘Game Over’ s’affiche déjà à l’écran. C’est ahurissant de voir avec quelle fluidité la NES gère tous les sprites à l’écran. Les vaisseaux adverses surviennent par vagues successives en déboulant sans prévenir de tous côtés. L’action, tellement rapide, vous demandera des réflexes inhumains autant qu’une mémoire d’éléphant. Vous devez anticiper vos déplacements en fonction de la prochaine vague à venir. Les navires extraterrestres, en plus d’être nombreux, larguent une foule de projectiles. C’est affolant ! L’écran devient par moment tellement surchargé que vous penserez jouer à un manic-shooter. Hallucinant ! À ce propos, n’oubliez pas que votre arme principale sert également de bouclier. Très utile contre les boss qui crachent une pluie de balles.
En face de vous, de méchants aliens hargneux déploient leur force et leur puissance pour vous anéantir. À vrai dire, ils y parviennent aisément. Cependant, vous allez vous défendre avec l’énergie du désespoir. Votre arsenal se compose de 2 types d’armes évolutives : un tir principal et des modules annexes qui gravitent autour de votre appareil. Associés à ces armes, 2 types de bonus sont dispersés dans les stages. Les lettres bleues permettent de changer le tir principal, alors que les rouges modifient la configuration des modules. Si vous prenez consécutivement la même lettre, votre puissance de feu augmentera d’un niveau. Essayez d’accroître rapidement votre puissance, car le jeu est excessivement difficile.
Summer Carnival ‘92 : Recca a été conçu pour les pros, les fanas du shoot them up et les mordus du score. En conséquence le jeu, extrêmement difficile, donne beaucoup de fil à retordre. Il a beau être généreux en bonus et en vie, vous vous ferez éclater la tronche un nombre incalculable de fois. Recca est rapide, nerveux, furieux et très hard, trop hard pour se laisser dompter par tout le monde. Ce soft ne plaira qu’aux personnes persévérantes réellement amoureuses des shoot them up. De par sa difficulté, il rebutera et découragera le commun des mortels.
Aspects techniques :
Graphismes : Recca ne figure pas dans les plus beaux shoots de la NES. Les décors présentent généralement des fonds d’écran noirs étoilés assez fades, tandis que les ennemis n’ont aucune personnalité. Globalement, les escadrons se constituent de petits vaisseaux qui se ressemblent presque tous. Heureusement, les graphismes s’améliorent au fur et à mesure de votre avancée. De plus les boss sont parfois impressionnants.
Animation : Hallucinante ! Tout va très vite : les décors, les ennemis, les balles. C’est presque incroyable. La NES montre tout ce qu’elle a dans le ventre. Recca est sans conteste le shoot le plus véloce de la console, pourtant l’animation est fluide. On note parfois quelques ralentissements qui ne sont nullement nuisibles, mais surtout énormément de clignotements, habituels sur cette console, donc sans danger. De plus, des effets spéciaux sont dispersés par endroits, comme les distorsions de l’arrière-plan au stage 3. Génial !
Son : Les musiques passent inaperçues car elles ne sont pas accrocheuses. En fait, on entend plutôt des rythmes par des percussions que des musiques. Quant aux bruitages, ils sont quelconques, ni bons ni mauvais.
Jouabilité : Très bonne. Le vaisseau bouge convenablement et sa vitesse est réglable. Cependant, même en paramétrant la célérité au maximum, vous ne pourrez pas éviter tous les pièges. Les réflexes aussi aiguisés soient-ils ne suffisent pas, vous devrez compter sur votre mémoire pour anticiper les attaques adverses. Les commandes simplistes aident à prendre rapidement en main l’engin : un bouton pour le tir principal et un autre pour le tir secondaire. De cette manière, vous pouvez recharger l’arme principal en lâchant le bouton A, tout en vous vous servant de l’autre arme en pressant le bouton B. C’est un vrai bonheur de diriger cet appareil qui a plus de ressources qu’il n’y paraît.