Street Fighter IV est un jeu vidéo NES publié par Domaine Publicen 1993 .

  • 1993
  • Combat

Test du jeu vidéo Street Fighter IV

4/5 — Exceptionnel ! par

Faire l’apologie du piratage, c’est mal. Qui vole un œuf vole un bœuf, et tant va la cruche à l’eau qu’un beau jour elle se casse, ce qui va sans dire. Malgré tout, la fort peu connue (et pour cause) Gouder Co. est à l’origine de cet étrange énergumène, un certain Street Fighter IV paru en 93, alors même que Capcom était désespérément bloqué sur le chiffre II (on devait à peu près en être à la version Mega Street Fighter II Prime Turbo Diesel).

SOUS LE MANTEAU

Dire que ce jeu est confidentiel relève de l’euphémisme, puisqu’il n’a pas dû s’en vendre plus d’un demi-quart de douzaine, sous le manteau, dans une ruelle sombre de Hong Kong un vendredi soir sous la pluie. Néanmoins, l’heureux acquéreur et demi ((12/4)/2 = 1,5 pour ceux qui ont la bosse des maths uniquement lorsqu’ils donnent un coup de boule au radiateur) a bien voulu faire profiter la communauté « émuléeuse » de sa trouvaille, et désormais la rom est en libre circulation, pour la plus grande joie de monsieur Olivennes. Tout ça pour dire que trouver de quoi retourne le scénario équivaut à engrosser Christine Boudin : faut une sacrée motivation.

DE L’AUTRE CÔTÉ DU MIROIR

Quoi qu’il en soit et moyennant que, Street Fighter IV est un beat ‘em up lui aussi, ce qui est déjà une bonne chose en soi, tant la bécane en est dépourvue. Il s’agit d’affronter une douzaine de concurrents en combats singuliers, et à ce propos l’écran de choix des personnages ressemble à ce jeu où il faut trouver deux cartes identiques. En effet, même si dix personnages sont sélectionnables, il n’y en a que cinq différents.

Mais faisons la présentation des participants afin de mieux comprendre :

  • BUNNY est, comme son nom l’indique, une bunny girl, de ces nanas habillées sexy et portant des oreilles de lapin pour les moins habitués de Playboy d’entre nous. À part qu’elle préfère les oreilles de chat, elle. Va comprendre.

  • TRACY, par contre, est une autre bunny girl, avec des oreilles de lapin pour sa part. Sinon elle est identique à Bunny et a les mêmes coups, peu puissants mais légèrement plus rapides que la moyenne. Leurs coups spéciaux sont à base de saltos et autres joyeuses cabrioles qu’on aimerait qu’elles nous enseignent.

  • CHUNFO est un moine guerrier, mais avec le crâne rasé comme un bon néo-nazi nippon, bravo à moi-même pour l’allitération. Ses coups spéciaux consistent d’ailleurs à foncer bêtement sur l’adversaire, preuve que l’absence de cheveux n’est pas forcément signe d’intelligence.

  • MOON est le même en rose. Son nom à lui est par contre parfaitement adapté à son absence de pilosité crânienne.

  • CLIFF est le Ryu du jeu, karatéka adepte des boules de feu, dragon punchs et autres hélicoptères à pied-dans-la-gueule. Son costume est orange.

  • Celui de GOHO LI est pour sa part blanc, et c’est la seule différence entre les deux.

  • PASTA est un genre d’expert en arts martiaux lui aussi, mais en costume bleu-vert et chaussé de bottes violettes. Il dispose lui aussi d’un dragon punch et d’une boule de feu qui part en zigzag.

  • Son jumeau se nomme ROBER, il est rouge à bottes marrons.

  • Gardons le meilleur pour la fin, le clone de Guile se nomme STALONG (avec un « g » oui). Parfaite transposition de Stallone dans Rambo en trois pixels et quatre couleurs, il dispose de coups spéciaux sautés et d’une chaîne de combos infinis.

  • Croyez-le ou non, mais son double se nomme RANBOO, que d’imagination !

  • Outre ces dix persos jouables, il existe un boss de mi-parcours et un boss final, eux aussi identiques entre eux. Ils se nomment respectivement MUSASHI et CONFON et ce sont des samouraïs. Ils disposent d’une attaque façon toupie humaine, et d’une boule de feu qu’ils réalisent en l’air.

Cette double rasade de combattants implique deux choses : d’abord il n’y a que six stages, vu que chaque paire se bat dans le même décor (forêt, pagode, casino, usine, porte-avions et temple bouddhiste). Ensuite vous n’affronterez jamais votre double, dans le sens ou dans Street Fighter II, par exemple (le vrai), vous pouviez vous retrouver dans un combat Ryu-Ryu. Mais vu que là il existe déjà un double, les développeurs ont pas voulu pousser.

FAUX STREET MAIS VRAIE BASTON

Alors comment on juge ce jeu ? En tenant compte du vol manifeste de la propriété intellectuelle de Capcom ? Pour ma part j’ai choisi de saluer le chouette boulot opéré pour transporter un beat sur la console qui n’est vraiment pas faite pour ça.

On va pas crier au chef d’œuvre non plus, hein. D’abord parce que ça flinguerait ma réputation de gros con aigri, et puis parce qu’il faudrait avoir de la guimauve à la place du cerveau pour beugler une telle affirmation.

Visuellement en tout cas, c’est pas mal du tout. Les décors sont riches, les persos détaillés (attention, toutes proportions gardées, on reste sur NES, hein) et le seul vrai reproche en la matière tient au fait qu’on nous vende douze persos et décors là où, au final, il n’y en a que six différents.

Les animations sont un peu hachées, bécane oblige là encore, et bien sûr les clignotements s’en donnent à cœur joie pire que sur un sapin de Noël (sur la capture d’écran la jambe droite de Cliff a disparu, par exemple), la partie musicale est criarde et les bruitages ridicules, mais honnêtement on ne pouvait pas s’attendre à des miracles non plus : il y a bien pire sur la console.

En tout cas, le beat à deux boutons, ça marche, et les coups spéciaux restent tout aussi faciles à sortir que dans un Street II officiel, d’autant que Gouder a poussé le vice jusqu’à en recopier les manips classiques (quart de tour avant poing pour la boule de feu par exemple). On regrettera quelques bugs de collisions, mais eh ! après tout, même dans le jeu original on trouve des passages dans le dos impossibles, alors hein. Pouêt-pouêt. Non mais oh.

Alors je me fais un peu l’avocat du diable (mouarf), mais ce Street Fighter IV est un bon numéro malgré tout. La difficulté est réglable, la durée de vie conséquente, et le plus gros point fort du jeu, c’est surtout qu’il n’a aucun concurrent officiel. Alors pourquoi s’en priver ?

Street Fighter IV