On a raconté des tas de choses sur ce jeu. Les fans, déçus, ont même prétendu un temps que non, c’est pas Capcom qui l’a développé, même pas vrai, c’est une copie hong-kongaise que si ça se trouve, c’est un concurrent qui l’a créée pour décrédibiliser Capcom. Passés les bêlements de nos moutons de Panurge, disséquons un peu l’engin pour voir de quoi il retourne.
J’AI PLUS DE POULS, DOCTEUR
Oups. De toute évidence on a ouvert le mauvais côté. Mais puisqu’on a devant nous le cerveau du jeu, voyons ce qu’il nous raconte. Cela fait vingt-cinq ans que Ken a arrêté les tournois de free fight. Pour engrosser sa bourgeoise et vivre heureux dans une maison en pain d’épice avec ses chiards et son sac à puce ? Nenni mes amis, pour devenir scientifique ! Oui m’sieurs-dames, monsieur je-sais-compter-que-jusque-à-quatre et son pote Troy ont inventé un remède miracle, qui plus est ! Manque de bol, un ennemi inconnu surgit dans le labo, fait tout péter, tue Troy et embarque le médoc au passage. Alors, Ken rechausse les bottes du justicier et part latter les glaouïes de tous les streums de la galaxie.
VINGT CC DE MORPHINE !
Oui, le patient semble légèrement nerveux. Il s’agit d’un jeu de plates-formes et d’action qui se déroule le long de dix-neuf niveaux. La variété est de mise mais l’objectif est toujours de sortir par une porte quantique, qui n’apparait que sous certaines conditions. Notez que si les niveaux sont chronométrés assez large, lorsqu’apparaît la porte un deuxième chronomètre se déclenche, et celui-ci ne vous laisse que dix secondes pour sortir !
Certains des stages nécessitent d’éliminer un certain nombre d’ennemis d’un certain type, présenté avant de commencer le niveau. D’autres consistent simplement à battre un boss, d’autres encore à traverser le niveau puis à battre le boss, le scrolling étant soit forcé, soit déterminé par les déplacements du joueur. Dans le premier cas il ne faut pas traîner, dans le second on peut revenir en arrière à loisir, d’autant que le stage est alors assez labyrinthique.
Ken saute lorsque vous appuyez sur le bouton A et projette ses poings bioniques (ou ses pieds, selon la direction que vous imprimez à la croix) si vous appuyez sur B. Il ne peut pas s’accroupir ; par contre il peut s’accrocher à pratiquement toutes les parois et y grimper, et peut même sauter vers le bas à travers une plate-forme. Notez enfin que lorsqu’il grimpe à une échelle, mettons, il peut passer d’un côté et de l’autre à loisir, et vous avez intérêt à bien le comprendre avant de traverser le dix-huitième niveau (celui qui est en photo).
Vous ne gagnerez pas énormément de bonus durant votre aventure. En dehors des pastilles blanches que libèrent les cibles et qui permettent d’ouvrir la porte quantique, vous pourrez trouver, en détruisant les sortes de pierres qui flottent un peu partout dans les niveaux, diverses capsules qui se ressemblent toutes. Mais qui ont des effets variés : soin, protection contre les coups adverses ou modification de vos coups/tirs.
IL ÉTAIT UN FOIE…
Le patient présente donc plusieurs anomalies congénitales, mais il est en voie de guérison. C’est certain, le scénario fait partie des tares. Ceci étant, l’originalité est tout de même de mise avec un Ken plus ou moins à contre-emploi et un univers futuriste impressionnant.
Notamment au niveau des graphismes. Les décors sont généralement superbes, détaillés et jamais Capcom ne se contente d’y coller un bête fond noir pour ne pas fatiguer la console. La palette de couleurs est d’ailleurs étonnamment riche pour le support, et au milieu de tout cela les sprites sont parfaitement distinguables, à défaut d’être reconnaissables.
La palette d’animations est également bien fournie et, plus surprenant, les décors sont très mobiles. Outre les divers scrollings, on note des effets de distorsion ou de double parallaxe auxquels on ne s’attendait pas sur NES. Conséquence : le jeu clignote (beaucoup) et ralentit (un peu), ce qui au final n’est que peanuts au regard de la réalisation globale.
Le parent pauvre dans l’histoire, c’est surtout la musique. Vaguement technoïde, la bande-son est nerveuse mais bien peu intéressante et certainement pas inoubliable. Tiens d’ailleurs, de quoi on parlait déjà ?
Bref. Le gameplay en lui-même devrait de toute façon suffisamment vous déstabiliser pour que vous oubliiez la BO. Sur le papier, tous ces mouvements tenant sur deux boutons font bigrement envie. Manette en main, on déchante assez vite, la faute à une maniabilité loin d’être toujours au top. Pas qu’on verse dans le dramatique, mais ces ratés dans le moteur pourraient vous coûter cher lors de situations d’urgence.
Et des situations de ce genre, il y en a un paquet. Parce que même si vous n’avez qu’une seule cible par niveau, vos ennemis aussi n’en ont qu’une, et ils s’agglutinent sur vous pire que des abeilles sur le zguègue d’un diabétique. Sans compter le chrono parfois un peu charrette pour sauter dans la porte.
Pour autant, Street Fighter 2010 n’est pas excessivement long, la faute à certains niveaux qui ne consistent qu’en un simple boss fight. Même les niveaux dits « complets » se traversent assez vite.
C’est sûr que les fans de maniabilité aux petits oignons (et il est légitime de s’attendre à cela lorsqu’on se retrouve devant un Street) risquent de se trouver un peu peigne-cul devant ce hors-série. Malgré tout, ses beaux graphismes et son concept original ne sauraient être gâchés par quelques petits ratés, et si vous n’avez pas d’œillères devant les yeux, Street Fighter 2010 devrait vous donner satisfaction. Je vous fais une ordonnance ?