Il est parfois bon de laisser affluer la testostérone, et d’aller péter quelques gencives histoire de se défouler. Pour ceux qui n’ont pas d’hospices de petits vieux à proximité de chez eux, Jaleco propose un défouloir virtuel du plus bel effet. Le seul souci, c’est qu’il risque surtout de vous mettre les nerfs encore plus en pelote qu’avant.
LA MAIN QUI T’ÉCLATE LA GUEULE (traduction approximative)
Quitte à coller son poing dans une mandibule inconnue, autant que ça serve à quelque chose. Shatterhand, expert du combat à mains nues, a choisi le général Grover qui, comme son nom l’indique, est gros et… euh, rose. Le bougre est le leader du Metal Command, probablement une organisation terroriste qui commence à faire chier. Et comme Shatterhand est un justicier, cela justifie amplement sa mégalomanie galopante.
UNE MAIN DE FER DANS UN GANT DE PLOMB
Shatterhand est donc un jeu d’action pur et dur, mais avec quelques phases de plates-formes quand même, histoire de perdre quelques vies autrement qu’en se faisant latter les testicules. Le jeu se compose de sept niveaux, au terme desquels vous affronterez les sempiternels boss qui ont pris l’habitude, dans tous les jeux vidéo, de se foutre au fin fond du trou du cul de leur base plutôt qu’au début, ce qui nous aurait évité quelques passages pénibles.
Après un premier niveau sur une sorte de plate-forme pétrolière, vous pourrez choisir l’ordre de passage des cinq stages suivants : l’usine, le laboratoire, la carrière, le barrage et l’autoroute en feu. Le dernier stage ne s’ouvre qu’une fois que vous avez bouclé tous les autres, et vous obligera à ré-affronter tous les boss passés.
Comme pour la plupart des héros sur NES, la faute à une manette à seulement deux boutons, Shatterhand saute lorsque vous appuyez sur A et donne des coups de poings lorsque vous pressez B. Il peut également s’accrocher aux grilles lorsque vous maintenez la direction haute appuyée.
C’est surtout le système de bonus qui distingue Shatterhand de ses confrères. En effet, en plus des spots vous permettant de vous soigner, de gagner une vie ou d’obtenir la combinaison rouge qui vous rend plus puissant (baissez-vous lorsque vous êtes sur ces spots pour les activer), vous trouverez diverses boîtes blanches au cours de vos pérégrinations.
Brisez ces caisses, et vous obtiendrez divers bonus (si c’est une grenade, barrez-vous, c’est un piège !) : un sac de points qui vous permet d’utiliser les spots pré-cités, ou un symbole, alpha ou bêta. Ces symboles, il vous en faut trois pour obtenir de l’aide, sous la forme d’un petit robot qui se place au-dessus de votre tête et tire en même temps que vous frappez. Selon la combinaison de symboles que vous avez alignée, le tir du robot sera différent. Il existe ainsi huit types de robots, de celui qui utilise une épée à celui qui balance des sphères d’énergie qui rampent aux parois, en passant par celui qui vous entoure de boules à pointes.
À PART PEUT-ÊTRE MADAME THATCHER
Quelle ambiance ! Le héros qui regarde le monde à travers ses écrans de télé géants, les environnements mêlant steampunk et futur glauque… Dommage que le scénario soit aussi insipide que les protagonistes sont anti-charismatiques, sans quoi Shatterhand aurait tout eu du petit hit en puissance.
Visuellement c’est quand même pas dégueu. Les décors comme les sprites fourmillent de détails, les couleurs se mélangent bien, et les animations sont fluides et variées. Problème récurrent sur la bécane, les mêmes sprites clignotent beaucoup et le jeu ralentit énormément en cas de surnombre, ce qui est assez fréquent. Côté son, les thèmes ne resteront certainement pas dans les annales, même celles de Michou, mais ils dépotent - décidément - quand même et c’est tout ce qui compte durant la partie.
A jouer, Shatterhand se montre incroyablement bourrin. Il n’y a absolument aucune subtilité : moi vois toi, moi cours vers toi et moi arrache gueule à toi. L’I.A. des ennemis ne fait d’ailleurs rien pour arranger les choses ; pire encore, ils sont tellement résistants qu’il faut marteler le bouton de coup pour espérer tuer l’adversaire avant de se faire toucher.
Un véritable défouloir donc, mais un qui en a après vos nerfs. Shatterhand est tellement difficile qu’il est fortement déconseillé d’effectuer une prise de tension, deux ans après y avoir joué. Pour vous dire, je tournais à 11.7 avant d’y jouer, maintenant je pisse le sang par le nez non-stop.
De fait, même si les niveaux sont de longueur à peu près normale et d’un nombre correct, sans plus, il vous faudra des jours et des jours d’apprentissage par cœur avant de venir à bout de ce concentré de furie.
La console éteinte, on se prend alors à rêver d’un hospice de petits vieux (ou d’une crêche, c’est généralement plus facile à trouver), pour mettre en pratique nos petits muscles atrophiés de joueurs psychotiques. Non, le jeu vidéo ne rend pas violent. Mais il y contribue quand même.