L’histoire
Le paisible royaume d’Argool est en train de tomber sous le joug du terrible Lygar, le roi des bêtes, reclus dans sa forteresse volante.
Heureusement se dresse face à lui le héros légendaire Rygar, revenu d’entre les morts par la grâce des dieux Indora, armé uniquement de son courage et du Diskarmor, sorte de yoyo géant mais meurtrier.
Debout le mort !
La mission de Rygar est de retrouver les cinq dieux Indora retenus prisonniers dans certaines régions du jeu, gardées par un boss. Chaque dieu délivré lui donnera en remerciement un objet sacré qui va renforcer sa puissance et lui permettre de vaincre Lygar.
Sur son chemin, Rygar rencontrera des vieux ermites qui lui prodigueront de précieux (ou pas !) conseils pour mener à bien sa quête.
Il lui faudra donc explorer le royaume, escalader la Grande Montagne, trouver son chemin dans la vaste plaine de Garloz, franchir les tours de Rolsa, s’enfoncer dans la forêt d’Eruga (et vaincre la tortue siamoise cracheuse de feu qui en garde la sortie), descendre en rappel les falaises rocailleuses de Lapis, débusquer l’araignée Sagila de sa tanière, traquer le dragon Dorago dans son palais, visiter la tour de Garba et enfin, accéder à la forteresse volante de Lygar pour la victoire… enfin, la confrontation, finale.
Au cours de sa quête, Rygar va se retrouver nez à nez avec des adversaires à poils, à plumes, à écailles, à carapace et parfois à boulons (que viennent faire des robots dans une armée de bêtes, ne me posez pas la question).
Les cinq dieux Indora sont gardés par autant de boss, souvent des dragons, presque toujours des cracheurs de feu en tout cas (même Eruga la tortue siamoise). Ces boss sont plutôt fades, peu mobiles, et répètent en boucle les mêmes actions ; aucun intérêt ni plaisir à les affronter donc.
Gameplay
Rygar est un jeu d’action-aventure/plate-forme, qui se joue essentiellement en vue de profil, mais certaines régions proposent une vue aérienne (Garloz, le palais de Dorago, la forteresse volante). L’ordre des régions n’est pas dirigiste mais laissé au choix du joueur (mais certaines zones ne seront accessibles qu’avec le bon équipement). Par ailleurs, on retrouve le système de points d’expérience, qui caractérise les RPG. Ceux-ci augmentent à chaque fois que Rygar élimine un ennemi (plus celui-ci est fort, plus il donne de points). L’expérience permet à Rygar de taper plus fort et d’augmenter sa résistance, jusqu’à atteindre son niveau maximal.
Rygar démarre avec trois carreaux de jauge de vie ; en battant des ennemis, il peut obtenir des capsules spéciales permettant d’allonger cette jauge jusqu’à huit points.
Au niveau des actions possibles, celles-ci sont malheureusement bien limitées : Rygar ne peut battre ses adversaires qu’avec le Diskarmor.
Tout juste peut-il augmenter ses facultés par l’utilisation de trois sorts magiques :
Power Up qui renforce pour une durée limitée la puissance et la portée du Diskarmor.
Attack and Assail qui permet de donner une dizaine de coups à distance.
Recovery permettant de reconstituer ses points de vie.
L’utilisation de ces sorts requiert un nombre défini de capsules d’esprit, que laissent certains ennemis vaincus.
C’est mieux que rien, mais ces sorts ne sont pas franchement transcendants, bien qu’utiles contre les boss, notamment.
L’équipement est constitué du Diskarmor et des six objets donnés par les dieux Indora :
_le grappin _ : permet d’accéder à une plate-forme située au-dessus ou en-dessous de l’endroit où se trouve le joueur. L’action de déployer le grappin est lente et redondante, autant dire un peu prise de tête. (Note : le grappin est donné par un ermite et pas un dieu, on peut l’obtenir sans avoir à vaincre d’ennemi).
_la poulie éolienne _ : sert à s’accrocher à une corde… pour un cadeau divin, on repassera. En plus, le simple fait de s’accrocher à une corde visible dans le décor requiert une grande maîtrise, il faut trouver l’endroit précis qui permettra de libérer le clic salvateur (on n’a pas l’air con à essayer de s’attacher pendant 10 ou 20 secondes… quand on n’appelle pas le support Nintendo pour savoir comment faire… on ne rigole pas, merci).
l’arbalète : sert à tendre une corde reliant deux troncs d’arbre (pour ensuite s’y accrocher à l’aide de la poulie). Décidément, on aurait préféré des ailes, mais les dieux Indora sont réputés pour être particulièrement radins.
l’armure : sert à renforcer la protection. Mouais, possible, le changement n’est pas flagrant.
la flûte de Pégase : permet de faire apparaître une corde (c’est quoi ces délires de cordes dans Argool ?) donnant accès au château dans le ciel de Miyazaki… euh non, de Lygar.
_l’écusson _ : l’écusson est en fait un laissez-passer qui va permettre de récupérer, auprès d’un ermite, une potion de vie utilisable une fois. Quand elle est vide on peut toutefois aller la recharger auprès du même bonhomme. Enfin un objet qui a une utilité contre les boss.
Enfin, disons-le : les objets qu’on se tue à récupérer ne servent pas à grand-chose…
Une seule option de jeu est proposée : le mode histoire un joueur. Pas de mot de passe disponible, mais les continues sont illimités (avec reprise du jeu au début de la région).
Le jeu est plutôt long, et il faudra quand même pas mal d’heures de jeu pour identifier l’ordre des régions à explorer, et arriver à la fin… enfin au boss de fin.
Impossible n’est pas Rygar ?
Et pourtant… Rygar est un jeu unique en son genre, puisqu’il est tout simplement impossible à terminer dans sa version européenne. En effet, Rygar est sorti dans une version US puis, trois ans après, dans une version européenne PAL. Cette dernière version étant BEAUCOUP plus difficile que la précédente (jauge de vie max réduite, expérience max plafonnée, et moins grande résistance aux attaques de Lygar, qui enlèvent trois carreaux de vie à chaque impact, contre un pour la version US).
Si le reste du jeu ne souffre pas de l’accroissement de la difficulté, il se trouve qu’il est rigoureusement impossible de vaincre le boss de fin, sachant qu’on ne peut pas éviter ses tirs. Du grand foutage de gueule, disons-le clairement, car si on reprend le jeu juste avant Lygar une fois qu’il nous a mis une trempe, il faut compter 10-15 min pour aller récupérer l’équipement optimal (capsules et potions) et refaire le chemin jusqu’à votre ennemi. Et quand on a l’habitude de terminer tous les jeux dans lesquels on s’investit, eh bien on persévère pendant des heures, en pure perte, puisque les dés sont pipés. Tout simplement honteux.
Notes
Graphismes : les régions en vue de profil offrent de beaux graphismes, généralement de beaux décors colorés, comme un joli coucher de soleil ; les régions en vue aérienne comme Garloz sont moins soignées. Les ennemis sont plutôt bien animés, à l’exception notable des boss, statiques, moches et inintéressants au possible.
Son : les musiques sont de très bonne facture, variées, vivantes et entraînantes.
Jouabilité : Rygar est très maniable, ce qui est appréciable, et ce qui était obligatoire pour compenser le faible nombre d’actions possibles. Par contre, poser ne serait-ce qu’un orteil sur le bord d’un sentier ou d’un rivage peut conduire immédiatement à l’apparition d’un écran Game Over accompagné de sa musique très énervante.
Caractéristiques : beaucoup trop limitées. Les deux actions de départ ne sont pas vraiment améliorées, la magie et les objets reçus étant vraiment superflus.
Difficulté : assez élevée mais bien dosée contre les ennemis standards, trop binaire contre les boss (en fonction de l’expérience du joueur, ils sont soit impossibles à battre, soit piece of cake, on ne peut pas compenser le manque d’expérience par une bonne technique).
Durée de vie : dans la mesure où le jeu ne peut pas se finir, le boss de fin étant imbattable, on quitte Rygar sur une intense frustration, ce qui n’incite pas spécialement à relancer le jeu. Généralement, on y rejoue plutôt avec l’idée que « cette fois-ci mon bon Lygar, tu peux faire tes prières !! » pour se retrouver inéluctablement face à l’impitoyable écran Game Over.
Résumé
Rygar est un jeu correct, avec pas mal d’action sympa. Il souffre toutefois du manque d’options de jeu (en gros, ça se résume à sauter et taper), puisque les magies font office de gadgets, tout comme les objets reçus des dieux, qui servent plus à encadrer la progression qu’à améliorer les possibilités de jeu.
De même, les combats contre les boss ne présentent rigoureusement aucun intérêt.
Enfin, l’entourloupe avec le jeu non finissable nuit gravement à la durée de vie et à l’appréciation du jeu. On pourrait facilement enlever un point à la note uniquement pour ça.
Quitte à jouer à ce jeu, peut-être faut-il donc utiliser la version US (à tester).
Verdict : 13/20, je mets quand même 7/10.