_Développé et édité par Technos en 1989 sur NES, puis sur PC Engine, Sharp X68000, GBA et Console virtuelle _
_Nom japonais : Downtown Nekketsu Monogatari _
_Nom en Europe : Street Gangs _
J’ai découvert River City Ransom dans un hit parade des meilleurs jeux NES de tous les temps. J’ai immédiatement trouvé bizarre de ne pas en avoir entendu parler jusque là. Recherches effectuées, il s’avère que le titre a eu un succès limité en dehors du Japon lors de sa sortie, mais qu’il est par la suite devenu quasiment culte, grâce un mélange détonant entre baston et humour, un gameplay fluide et un petit aspect RPG très sympatoche.
UN LYCEE FOU FOU FOU OU TOUT LE MONDE EST FOU
River City Ransom fait partie de la célèbre série (au Japon) Kunio-Kun. Kunio est un « mec dur au sang chaud », pour traduire littéralement le titre complet de la franchise. Il passe le plus clair de son temps à défendre son lycée contre des mauvais garçons, généralement avec ses pieds et poings, mais parfois en les défiant à la balle-au-camp, voire au football. Au total, plus d’une vingtaine de titres composent l’univers très japonais de la série Kunio. Certains d’entre eux ont du coup subi un petit lifting avant d’arriver sur le marché américain, avec des noms, des histoires et quelques graphiques plus occidentalisés.
River City Ransom (RCR) est le 3e jeu de la série à débarquer sur la NES, après Renegade et Super Dodge Ball, et sera suivi notamment de Nintendo World Cup. Son scénario est incroyablement original : le mystérieux Slick retient le lycée de River City en otage, et a kidnappé Cyndi, la copine de Kunio, qui s’appelle ici Alex. Slick est soutenu dans son dessein machiavélique par tous les gangs de la ville, alors qu’Alex ne peut compter que sur son pote Ryan, ce qui offre un mode coopération tout à fait bienvenu. Si vous jouez tout seul, vous pouvez contrôler Ryan si vous préférez, et déterminer l’un des deux modes de difficulté (contre 3 dans la version japonaise) ainsi que la vitesse de défilement des dialogues.
Le jeu consiste à traverser la ville, depuis le lycée de Cross High (apparemment Alex et Ryan n’étudient pas à River) jusqu’au lycée de River City, en traversant des rues, routes, parcs, chantiers, entrepôts, usines ainsi que des marchés. Contrairement à Double Dragon et à la plupart des autres beat them all, le scrolling est totalement libre, c’est-à-dire qu’il n’est pas nécessaire de mettre K.O. tous vos ennemis pour avancer à la région suivante. Ce qui est imposé en revanche, c’est de vaincre les 10 bosses obligatoires du jeu. Les bosses sont des chefs de gang postés à la fin de certaines régions, ils n’apparaissent qu’une fois que vous avez battu tous les loubards de la région en question. Autrement dit, si vous tracez la route, vous ne tomberez pas sur ces bosses, mais finirez par être bloqués à 2 endroits du jeu différents. Il faudra alors rebrousser chemin pour aller les affronter. Il suffit de vaincre UNE fois chacun des bosses pour faire avancer l’histoire, mais cela ne suffit pas à les éjecter du jeu, ils seront à nouveau sur votre prochain passage, prêts pour la revanche. Plus d’obligation de les vaincre, mais un combat intéressant en perspective, et surtout, des gros sous à ramasser.
**LE GAMEPLAY DE DOUBLE DRAGON
**RCR étant un pur produit de la plus célèbre boîte à bourre-pifs des années 80, Technos, il propose un gameplay très proche des 2 autres titres phares que sont Renegade et Double Dragon. A savoir que c’est un bon vieux beat them all des familles, où le but est de maraver tout ce qui bouge à l’aide de ses membres ou d’éléments du décor, tels que des tuyaux métalliques, des chaînes, des poings américains, des pneus, et THE arme of the jeu, la poubelle. Toutes ces armes peuvent s’utiliser comme armes de poing ou de jet, à vous de savoir si vous préférez exploser le crâne d’un loubard par des coups répétés de poubelle, ou bien lui balancer dessus à distance. Il est également possible de shooter dans un objet qui jonche le sol comme la poubelle ou le pneu et de dégommer les persos sur le passage. Vous ne pouvez porter qu’une arme à la fois, et il s’agira donc de sélectionner celle qui présente le meilleur rapport puissance / rapidité / allonge, ou bien simplement de ramasser la plus proche.
A mains nues, les commandes ne sont pas trop compliquées non plus : un bouton pour puncher, un pour kicker, les 2 pour sauter, alors qu’il est possible de courir en pressant 2 fois la même touche directionnelle. Les coups qui sortent sont fonction de l’éloignement de l’ennemi (à mi-distance Alex va donner un direct, collé à son adversaire ça va être un uppercut). Il est également possible de parer un coup en pressant un bouton dans le bon timing, de sauter sur une roue ou un colis que tient un méchant à bout de bras, ou encore de renvoyer un caillou qu’on vous lance telle une balle de baseball si vous tenez un tuyau. Ah, et il est aussi permis de « ramasser » un ennemi pour le balancer sur ses potes ou même de les maraver avec !!
LE COTE RPG DE FAXANADU
Mais je ne vous ai pas encore tout dit. Là où ça devient vraiment intéressant et original, c’est que RCR propose un côté RPG, avec des héros dotés de caractéristiques qu’on va pouvoir améliorer tout au long de l’aventure.
9 secteurs statistiques sont disponibles : Coup de poing et Coup de pied (puissance des coups), Arme (dégâts faits quand on tape avec une arme), Lancer (impact du jet des armes ou des ennemis projetés), Agilité (rapidité des déplacements), Défense (capacité à encaisser les coups), Force (un peu obscure la Force. A priori, c’est la capacité à briser la garde de l’ennemi), Endurance (énergie) et Volonté. La volonté fonctionne de manière particulière. En temps normal, lorsque la barre d’endurance d’Alex tombe à 0, il perd une vie. Il redémarre alors au dernier marché traversé (il n’y a jamais de game over dans ce jeu, les continus sont illimités) mais en perdant la moitié de ses sous. Cependant, si votre total de volonté (Will Power en anglais) est supérieur à 35, vous pouvez vous remettre d’un KO, et vous relever avec 2 barres d’énergie (c’est peu mais permet de garder son pognon).
Comment améliorer ses stats ? Il suffit de piquer les pièces laissées par un ennemi vaincu, et d’acheter des objets dans les marchés, et de les équiper ou bien de les manger. Les zones commerciales de River City regorgent en effet de restaurants, fast-foods, bars, et boucheries, qui vous proposent des plats ou objets à différents prix. Ils ont tous un effet plus ou moins modéré sur votre santé, et parfois aussi sur d’autres paramètres, comme la force ou l’agilité. Certains plats se consomment sur place, d’autres peuvent être emportés. Ils seront alors stockés dans votre inventaire, et vous pourrez les utiliser plus tard.
Outre les denrées alimentaires, il est possible d’acheter des médicaments, des CD, des chaussures (booste l’agilité et le coup de pied), et des objets spéciaux dans la boutique cachée de Merlin. Vers la fin du jeu, on pourra même aller se prélasser au sauna, pour se refaire une santé.
Malheureusement, l’effet de chaque objet n’est pas indiqué au moment de l’achat. Il faudra faire des tests, ou bien consulter un guide comme celui dont je vais mettre le lien en fin de test. Le niveau mini de chaque secteur est 15, le max 63. Il est conseillé de bien monter ses stats, sans forcément aller au max, pour terminer le jeu.
Dernier élément côté gameplay : les librairies vendent des livres de kung-fu contenant des techniques spéciales. 6 techniques ancestrales sont disponibles. Les « pieds du dragon » et les « mains de pierre » sont les plus indispensables ; elles permettent de décocher un enchaînement de 3 coups, ce qui envoie à terre n’importe quel ennemi. Encore plus efficace qu’utiliser une arme ! C’est le « Grand Slam », qu’on peut chopper vers la fin du jeu, qui rend possible un triple coup de poubelle ou de barre de fer.
Les 3 autres mouvements font plus office de gadget. Ils permettent respectivement de sauter en tournoyant, de piétiner les méchants, et de balancer un ennemi en ligne droite, en s’en servant comme une boule de bowling qui va déquiller tous ses potes !
L’inconvénient est que chaque technique prend une place dans l’inventaire, ce qui limitera d’autant le nombre de médicaments ou d’aliments que vous pourrez emporter.
LES GRAPHISMES DE NINTENDO WORLD CUP
Tout comme les adaptations NES de Double Dragon, RCR modélise ses personnages selon le mode super deformed, à savoir une grosse tête et des petits bras collés le long du corps. On retrouve donc les mêmes sprites que les shaolin soccers de Nintendo World Cup. Bien que les bonshommes aient tous la même stature et la même corpulence, leur grosse tête permet de leur donner pas mal de visages différents, et de jouer sur l’expression de leur visage lorsqu’ils se prennent des coups ou essaient d’être menaçants. Ce qui les rend rigolos et attachants. Les membres d’un gang portent tous la même couleur de T-shirt.
Les environnements sont très bien colorisés, assez détaillés, le jeu est beau à regarder, l’interface claire.
La bande son est de qualité, bien pêchue. Idem pour les effets sonores. Il y a 2 thèmes principaux, plus un pour les bosses. Et l’affrontement contre les « jumeaux dragons » donne l’occasion de se battre au rythme du thème mythique de Double Dragon !
LES GANGS DE ROLLERGAMES
9 gangs écument les rues désertes de River City. Ils sont chacun composés de 9 membres identifiables par leur faciès et leur prénom. En effet, et c’est ce qui fait tout le charme de RCR, vos adversaires parlent en se battant (sous forme de texte) : ils vous promettent une bonne correction, appellent leur mère ou admettent leur défaite, le tout de façon toujours humoristique.
Les gangs, parmi lesquels les « gars normaux », les « Ecossais », les « Calamars », ou encore les « Cow-Boys », possèdent des attributs physiques comme la force et la résistance, ainsi qu’un tempérament, qui leur sont propres. Certains sont couards, ils n’attaquent que lorsqu’ils ont une arme, d’autres sont sadiques et vous foncent dessus sans réfléchir. Certains adorent utiliser des armes au corps-à-corps, d’autres préfèrent les lancer à distance. L’IA est bien paramétrée, les sauvageons ne sont pas aussi bêtes qu’ils en ont l’air.
Les gangs apparaissent aléatoirement à chaque région (sauf vers la fin), mais leur apparition est souvent corrélée au niveau de vos persos. Plus vous avez monté vos stats, plus vous risquez de tomber sur des mecs balèzes. Quand vous démarrez le jeu ou bien que votre santé est faible, et que le gang de la « Peste » ou celui de « l’Emeute » vous défie, autant faire demi-tour pour essayer de tomber sur des adversaires plus à votre portée du moment !
Les bosses sont parfois des chefs de gang, mais 4 d’entre eux ont formé un mini-gang : les Zombies. Ils font encore plus de cinéma que les ennemis standard quand ils vous confrontent, et sont évidemment bien plus coriaces.
Il y enfin un duo de bagarreurs connus sous les noms de Benny & Clyde, qui ne travaillent pas pour Slick mais sont juste venus à River car ils aiment la baston. Les affronter n’est pas obligatoire, mais ça rapporte des pépettes.
Le jeu n’est sorti en Europe qu’en anglais donc malheureusement les non-anglophones ne saisiront pas tous les dialogues, à moins d’utiliser une version patchée (ce que j’ai fait, d’où les captures). Autant essayer de jouer à celle-ci si ce test vous donne envie d’essayer le titre.
L’autre bonne raison de jouer avec un émulateur plutôt qu’une cartouche et une NES est de ne pas avoir à mémoriser et retaper l’interminable password de 66 caractères !!
BON ET AU FINAL ?
Au final, c’est pas mal. C’est même carrément bon ce mélange des genres.
Entre le nombre d’armes disponibles et de techniques spéciales à acquérir, plus le mode coopération, RCR n’est pas trop répétitif ni lassant pour un beat them all. Il est en plus très plaisant à jouer, les mouvements et les déplacements sont super fluides, les combats rigolos, et c’est beau et bon à écouter.
Par ailleurs, il est assez long, ou plutôt il faudra passer un certain temps pour le finir. Car même en mode facile, la barre de vie tombe bien vite si vous n’y prenez garde. Les bosses vous donneront du fil à retordre, particulièrement les jumeaux dragons, aussi rapides et virevoltants que Bruce Lee, et bien plus dangereux que le boss de fin, assez décevant. A moins de maitriser parfaitement les mouvements de vos persos et d’être totalement synchros pendant les combats (certaines vidéo sont impressionnantes !), il faudra passer du temps pour monter les stats de vos héros. Ou bien passer du temps pour réussir à acheter tous les objets du jeu.
RCR est encore jouable sans problème de nos jours, et offre une replay value élevée, particulièrement à 2 joueurs. Le meilleur et le plus intéressant beat them all de la NES pour moi. Je le mets même devant Double Dragon II.
10/10
en vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=G_gEtc4rAqU
guide pour les items : http://www.gamefaqs.com/nes/563453-river-city-ransom/faqs/42640