P.O.W. : Prisoners of War est un jeu vidéo NES publié par SNKen 1989 .

  • 1989
  • Beat them all

Test du jeu vidéo P.O.W. : Prisoners of War

3.5/5 — Très bien par

_Développé et édité par SNK sur Arcade en 1988, sur NES en 1989.

Titre original : Datsugoku_

Ah P.O.W.… Ce jeu m’a énormément marqué lorsque je l’avais découvert en arcade à l’époque. Je me rappelle avoir bavé sur une encyclopédie de tests de jeux NES le classant, à la moyenne générale, second jeu du support derrière Megaman 2. Malheureusement, il n’est jamais sorti en Europe et j’ai dû attendre bien longtemps pour pouvoir découvrir cette version.

UN BON PRISONNIER EST UN PRISONNIER MORT

P.O.W. : Prisoners of War est un beat them all dans un environnement de guerre. Il est voisin de Double Dragon en terme de gameplay.

Vous démarrez le jeu au fond d’une cellule, dont vous ne tardez pas à faire sauter la porte. Vous campez Bart (Snake dans la version arcade). Votre objectif est de vous évader du camp où vous êtes prisonnier, tout en en profitant pour saboter les installations de communication ennemies. Enfin, l’objectif c’est de taper dans le tas jusqu’à ce que plus personne ne soit debout, quoi. Une méthode d’infiltration plutôt éloignée de celle de Solid Snake dans Metal Gear. Chacun son truc…

Bart devra parcourir 4 zones de jeu avant de pouvoir recouvrer la liberté : le camp de prisonniers, la zone industrielle, la jungle, le quartier général ennemi.

Chaque niveau fourmille, comme il se doit, d’ennemis. Des soldats, bérets verts, turquoises ou rouges, qui attaquent avec leurs poings, leur poignard (utilisé en lancer ou au corps-à-corps), ou leur mitraillette. Certains adversaires vous arrosent de grenades, d’autres tenteront de vous percuter en moto.

Le joueur avance en scrolling horizontal. Il sera parfois nécessaire de dégommer tous les ennemis à l’écran avant de faire progresser le défilement.

Pour se défaire de ses adversaires, Bart peut donner un coup de poing, un coup de pied, et un coup de pied sauté. Le coup de pied est un peu plus puissant que le coup de poing.

Outre ses membres, notre héros pourra se servir de quelques armes ramassées près des corps des soldats. Le poignard, qui sera utilisé uniquement comme arme de jet, et la mitraillette. Très puissante, celle-ci possède toutefois un nombre de munitions limitées. Un bouton vous permet de tirer, un autre de frapper les ennemis avec la crosse de l’engin. Ça fait plus mal qu’un coup de poing, et si l’allonge est limitée, ça économise les balles. Si toutes les cartouches ont été consommées, l’arme se volatilisera.

UN PORTAGE DE QUALITÉ

La version arcade était assez aboutie dans sa réalisation, avec de jolis graphismes fins et colorés. Si le portage NES ne peut décemment restituer toute la splendeur de son aînée, le résultat n’en demeure pas moins incroyable pour un support 8 bits. Les graphismes sont très bons, bien que fatalement moins détaillés, les couleurs sont nombreuses et bien choisies, aucun scintillement ou ralentissement n’est à déplorer. L’animation est assez bluffante : entre les sauts périlleux et « roulé-boulé » des soldats et les éclaboussures provoquées par la chute d’eau et le plongeon de certains gardes, en passant par les déflagrations des grenades, il y a de quoi rester coi. Du tout bon (comme Jacques) pour la NES.

Les musiques et les effets sonores sont d’excellente facture également, bien que je déplore que les thèmes ne soient pas plus marquants, sauf peut-être la musique d’intro.

Si le portage visuel et sonore emporte un large satisfecit, c’est au niveau du gameplay que quelques modifications ont été apportées. Le jeu est fidèlement transposé (les actions du héros, les mouvements des ennemis, les armes disponibles et les niveaux ont été repris), mais les développeurs ont eu l’inspiration de prendre en compte la spécificité d’un jeu console par rapport à un jeu arcade (on va passer plus de temps dessus). Ainsi, de nouvelles caractéristiques sont apparues :

  • des items sont disponibles. Un L qui remet la jauge de vie à son maximum, un A, une sorte d’armure qui va détourner les poignards et les balles, et un coup-de-poing américain (Brass Knuckles) qui va rendre vos coups de poing plus puissants que les coups de pied. Pour bénéficier de ces options, il faut rentrer dans une cavité dont l’entrée est située en haut de l’écran (caverne, cabane, camion) et exterminer tous les méchants qui y ont élu domicile.

  • chaque niveau est à présent gardé par un boss. Un hélico, un « shotgunner », un gros balèze style le nazi moustachu dans les Aventuriers de l’Arche Perdue, puis le seul boss déjà connu en arcade. C’est donc la fin ? Que nenni ! Avant de pouvoir s’enfuir en hélico, il faudra encore affronter 3 bosses : un tank, de nouveau un « shotgunner » et enfin le vrai boss de fin, un soldat super baraqué qui fait des sauts à la tortue ninja.

Voilà qui permet de pimenter un peu le jeu et d’allonger un peu sa durée de vie.

Par contre, le mode 2 joueurs a malheureusement disparu. Que c’est dommage…

MAIS UNE JOUABILITÉ QUI RESTE LIMITÉE

Les actions et armes disponibles s’avèrent en effet trop restreintes, le gameplay est trop répétitif, les niveaux sont assez linéaires, même si les environnements changent.

Une ou deux armes supplémentaires auraient été vivement appréciées, comme une barre de fer (mais de faire quoi ?) ou un tonneau à balancer. Si les soldats standards peuvent être dégommés en un coup de pied, les bérets rouges ou turquoises résistent à 4 ou 5 coups (et se relèvent une fois). Sachant qu’il y en a plusieurs douzaines à maraver, ça devient assez vite saoulant. Une technique de projection aurait été intéressante à intégrer.

Les items à collecter sont finalement assez superflus. D’autant qu’il faut mener des combats inutiles avant d’en bénéficier. Il arrive ainsi qu’on perde une vie dans le seul but de récupérer un L, qui va redonner un ou deux carreaux d’énergie ! Le coup-de-poing américain est quant à lui à peine plus puissant qu’un coup de pied, et il est en plus invisible à l’écran. Seule l’armure a une réelle utilité, et encore, pour un laps de temps parfois court, puisque vous perdez tous vos objets en même temps qu’une vie.

A côté de ça, le jeu est monstrueusement difficile !!

Vous démarrez avec 3 vies et pouvez, Dieu soit loué, repartir au début de chaque niveau après une fin de partie. Sauf que 3 vies pour finir un stage, c’est vraiment peu !! Il existe un code qui permet de commencer la partie avec 20 vies au lieu de 3. Eh bien j’ai dû refaire la manip au début de chaque niveau pour pouvoir terminer le jeu ! Au total, j’ai dû utiliser une centaine de vies pour le finir… Certes, une vie supplémentaire est allouée une fois 20.000 points accumulés, puis à 30.000 et ensuite tous les 30.000, mais ça fait vraiment peu, sachant qu’une grenade ou une balle fait perdre une vie entière. En plus, le jeu est un peu mal foutu : vous n’êtes pas temporairement invincible une fois que vous perdez une vie, comme il est d’usage dans les jeux d’action. Résultat, il arrive fréquemment de « remourir » aussi sec, lorsque une grenade explose au moment où vous vous relevez. Perdre 15 vies en 1 minute de combat contre le « shotgunner » n’est pas rare. Alors bien sûr, on progresse avec l’expérience, et certaines techniques sont très efficaces pour vaincre les bosses ; j’ai même vu sur Youtube un gars finir le jeu en perdant une seule vie. Peut-être que c’est juste moi qui suis effroyablement mauvais après tout… Mais je pense pouvoir dire que le jeu n’est pas à la portée de tout le monde, ce qui est frustrant, dans la mesure où il n’est pas assez fun pour donner envie de persévérer.

Un autre petit défaut est le comportement parfois bizarre des ennemis. Certains soldats traversent le champ de bataille sans même essayer de vous frapper, d’autres tirent à côté de vous… l’IA n’est pas toujours optimale, même si elle reste correcte dans l’ensemble.

RÉSUMÉ

Mon plus grand regret est certainement de ne pas avoir possédé ce jeu lors de sa sortie. Je me serais sûrement beaucoup plus éclaté. Mon opinion d’aujourd’hui est que P.O.W. est un beat correct pour la NES, mais qui reste nettement inférieur à un Double Dragon II sur la même machine. Dommage, car il aurait suffi de deux ou trois armes supplémentaires, d’une ou deux prises et d’un meilleur système d’options pour en faire un méga hit à la hauteur de son excellente réalisation.

La difficulté écrasante et l’impardonnable disparition du mode 2 joueurs pénalisent également le titre.

A essayer tout de même, surtout pour les fans du genre.

7/10

P.O.W. : Prisoners of War